Il est temps d’accélérer l’action sur les ODD en vue d’une reprise durable, déclare le CESE

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Time to accelerate action on the SDGs for a sustainable recovery

Afin d’examiner les moyens d’accélérer l’action sur les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies pour une reprise durable, la section spécialisée «Agriculture, développement rural, environnement» du CESE a tenu le 15 décembre un débat autour du rapport 2020 sur le développement durable en Europe publié le 8 décembre. Le rapport est une initiative conjointe du réseau de solutions pour le développement durable (SDSN) et de l’Institut pour une politique européenne de l’environnement (IPEE), en collaboration avec le CESE.

Cette manifestation a été l’occasion de présenter les principales conclusions et recommandations politiques du rapport et d’engager une conversation avec des représentants de haut niveau des Nations unies (ONU) et de la Commission européenne, des parties prenantes de la société civile et les membres de la section NAT.

Dans son allocution d’ouverture, la représentante du secrétaire général des Nations unies auprès de l’Union européenne, Barbara Pesce-Monteiro, a souligné que le programme à l’horizon 2030 et les ODD doivent servir de boussole pour notre réponse à la crise et nos efforts de relance, pour mieux aller de l’avant et modifier les paradigmes existants. Le pacte vert pour l’Europe et le plan de relance de l’UE montrent que nous devons dissocier la croissance économique des pratiques non durables. La décision du Conseil de l’UE sur les objectifs climatiques à l’horizon 2030 démontre que l’UE peut jouer un rôle de premier plan dans ce domaine. Toutefois, cela doit se faire dans le contexte plus large des ODD.

L’UE est à la traîne en matière d’agriculture et de régimes alimentaires durables, de climat, de biodiversité et d’inégalités

Selon le rapport 2020 sur le développement durable en Europe, même avant le début de la pandémie, aucun pays européen n’était en passe d’atteindre les 17 ODD d’ici à 2030. En particulier, l’Europe est confrontée à ses principaux défis en matière d’ODD dans les domaines de l’agriculture et des régimes alimentaires durables, du climat et de la biodiversité, ainsi que pour ce qui est de renforcer la convergence des niveaux de vie entre ses pays et régions.

En outre, l’indice 2020 des retombées internationales inclus dans le rapport montre que les pays européens engendrent des retombées négatives importantes en dehors de l’Europe, ce qui a de graves conséquences environnementales, sociales et économiques pour le reste du monde. Les chaînes d’approvisionnement non durables entraînent également la déforestation et l’augmentation des menaces pesant sur la biodiversité.

Le rapport conclut qu’il est urgent de maintenir un engagement politique fort en faveur des objectifs, de suivre les progrès accomplis et de communiquer sur la manière dont l’UE et les États membres s’emploient à atteindre lesdits objectifs. Bien que COVID ait été un revers pour les ODD, ceux-ci fournissent une feuille de route pour une relance verte, inclusive et résiliente. Lors des prochaines conférences des parties sur le climat et la biodiversité et du sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, l’UE devrait envoyer un message fort sur les ODD et faire de 2021 l’année par excellence pour les atteindre, tant en Europe qu’à l’échelle mondiale.

La réalisation des ODD nécessite une transformation systémique

La pandémie de COVID a rendu la mise en œuvre des ODD plus difficile mais aussi plus importante que jamais. Le message du CESE est limpide: les ODD et le pacte vert – et social – doivent être le moteur de la relance et de la reconstruction. Il s’agit des meilleurs modèles dont nous disposons pour ouvrir la voie à une reprise durable après la crise.

Il est certain que des changements progressifs ne suffiront plus; nous avons besoin de transformations véritablement radicales. Le rapport européen sur le développement durable montre clairement que l’UE n’est pas en passe d’atteindre les ODD. Alors que nous concevons des mesures de relance post-COVID, nous devons accorder la priorité à la santé et au bien-être des personnes, aux politiques sociales et à la protection de l’environnement, et dépasser la dimension de la croissance du PIB à tout prix, a déclaré Peter Schmidt, président de la section NAT du CESE. Nous avons besoin d’un changement fondamental du modèle économique et de nous orienter vers une nouvelle vision de la prospérité pour les citoyens et la planète. Le concept clé est celui d’économie du bien-être.

Le changement climatique, la dégradation de l’environnement et les problèmes de santé publique nous menacent tous, mais vu l’actuelle pandémie de COVID-19, ces crises ont les effets les plus néfastes sur les plus vulnérables et les plus marginalisés. Il est essentiel que la transition ne laisse personne de côté. En particulier, le débat a mis en évidence la nécessité de créer un cadre propice à un accès plus aisé des PME facilement au financement et au renforcement des capacités, grâce à la reconversion et au renforcement des compétences des employeurs afin de répondre aux ODD. Il convient également de créer de nouvelles possibilités pour les travailleurs sur le marché du travail.

L’UE a besoin d’une stratégie globale pour atteindre les ODD

Le CESE, ainsi que le Parlement, le Conseil et la plateforme pluripartite sur les ODD, ont invité la Commission à définir une stratégie globale de l’UE pour la mise en œuvre des ODD. La Commission ne l’a pas encore fait. Le récent document de travail des services de la Commission, publié en novembre 2020 et présenté lors du débat, souligne que l’approche de la Commission consiste plutôt à mettre l’accent sur la mise en œuvre d’actions concrètes dans le cadre du pacte vert pour l’Europe qui permettront de réaliser des progrès tangibles dans les domaines des ODD. L’approche pangouvernementale adoptée par la Commission pour mettre en œuvre les ODD est étroitement tributaire de politiques profondément transformatrices et de l’hypothèse selon laquelle toutes les politiques devraient contribuer à la réalisation des ODD.

Une stratégie globale à long terme, assortie d’objectifs et d’indicateurs concrets, fait toutefois toujours défaut malgré les appels répétés des institutions et de la société civile – ce qui est très décevant, a déclaré M. Schmidt. En l’absence d’une stratégie spécifique en matière d’ODD, comment pouvons-nous garantir une approche résolue, cohérente et globale, qui transcende les cloisonnements? Comment les décideurs peuvent-ils être tenus réellement responsables de l’engagement de l’UE à mettre en œuvre les ODD?

La société civile doit participer activement au processus décisionnel en matière de durabilité

La participation active de la société civile au suivi et, plus encore, à la mise en œuvre des ODD est essentielle à la réussite du programme à l’horizon 2030. Les jeunes en particulier doivent être parties prenantes de toutes les politiques – pas seulement en matière de climat – et ce tout au long du cycle des politiques: mise au point, mise en œuvre et évaluation. Il est également nécessaire d’associer les partenaires sociaux au programme de développement durable et d’y garantir le dialogue social.

Nous sommes heureux de constater que le document de la Commission mentionne explicitement le CESE et son Observatoire du développement durable (ODD) comme jouant un rôle important, a déclaré Lutz Ribbe, président de l’ODD du CESE. Toutefois, nous regrettons que la Commission n’ait pas renouvelé la plateforme pluripartite et ne prévoie aucune structure spécifique et inclusive pour la participation de la société civile à la mise en œuvre et au suivi des ODD. Il n’est ni possible, ni souhaitable que la transition vers un modèle durable soit décrétée “d’en haut”: elle ne pourra être couronnée de succès que si elle bénéficie d’un large soutien et de la participation active de tous.

Le CESE plaide depuis longtemps en faveur d’une approche mobilisant la société dans son ensemble et de moyens plus participatifs de nouer le dialogue avec les citoyens, y compris les jeunes, sur la base de la conception conjointe, de la cocréation et de l’autonomisation. Notre rôle en tant que société civile est de demander aux décideurs de rendre des comptes pour faire en sorte que l’engagement en faveur des ODD et de l’accord de Paris demeure la priorité absolue, que les efforts en faveur de la reprise ne nous conduisent pas à rétablir simplement ce qui existait dans le passé, mais à reconstruire durablement, et que toutes les politiques soient alignées sur le pacte vert pour l’Europe et les ODD, a conclu M. Ribbe.

La pandémie de COVID-19 a fortement affecté les systèmes de soins de santé et l’emploi et demeure une source majeure d’incertitude. Toutefois, elle offre également l’occasion de placer l’avenir de l’Europe sur une trajectoire durable et d’accélérer les transformations clés en faveur du développement durable.

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