Vers des systèmes alimentaires plus durables: la transformation doit être inclusive et équitable, déclare le CESE

Sustainable food Systems

À l’occasion de la Journée mondiale de la gastronomie durable, le CESE insiste sur l’importance de viser un niveau élevé de durabilité pour l’alimentation du monde dans les décennies à venir. Il est essentiel de prendre en compte la provenance des ingrédients et la manière dont les denrées alimentaires sont cultivées et dont elles sont acheminées de la ferme à nos assiettes, et de procéder aux transformations urgentes nécessaires pour parvenir à des systèmes alimentaires plus durables. Tous les citoyens et toutes les parties prenantes de l’ensemble des chaînes de valeur, dans l’Union et ailleurs, devraient bénéficier d’une transition juste, surtout après la pandémie de COVID-19 et la récession économique.

Afin de contribuer au sommet 2021 des Nations unies sur les systèmes alimentaires, qui se tiendra en septembre à New York, le Comité économique et social européen (CESE) a organisé, le 28 mai, une audition en ligne afin d’étudier les vulnérabilités et les inégalités des systèmes alimentaires européens et de déterminer comment parvenir à des chaînes d’approvisionnement plus justes et équitables. Des orateurs de haut niveau des Nations unies, de la Commission européenne et du Parlement européen ont partagé leur point de vue sur les transformations nécessaires pour consolider l’équité, la justice et une approche fondée sur les droits dans la transition vers des systèmes alimentaires plus durables.

Un système alimentaire qui fonctionne bien est tout simplement une nécessité. Une politique alimentaire garantissant la compétitivité, l’inclusivité et la durabilité demande un menu étoilé. Depuis des années, le CESE joue un rôle de premier plan en réclamant une politique alimentaire durable et globale. Nous ne pourrons pas réaliser le programme de développement durable à l’horizon 2030 sans transformer nos systèmes alimentaires. Le sommet des Nations unies de cette année sur les systèmes alimentaires offre une occasion majeure d’accélérer les mesures prises à cet égard, a souligné Christa Schweng, présidente du CESE, dans son allocution d’ouverture.

La pandémie de COVID-19 a été un signal d’alarme appelant au changement. Bien que les agriculteurs et les travailleurs du secteur alimentaire se soient trouvés en première ligne de la crise de la COVID-19 et aient assuré l’approvisionnement ininterrompu en denrées alimentaires pour tous les Européens, cette crise bien montré que l’acheminement des denrées alimentaires “de la ferme à la table” ne va pas de soi, a souligné Andreas Thurner, président du groupe d’étude thématique du CESE sur les systèmes alimentaires durables. La crise a mis en évidence l’interdépendance des acteurs et des activités dans l’agriculture et à tous les échelons du système alimentaire. Elle nous a également sensibilisés aux vulnérabilités de certains groupes et secteurs ainsi qu’aux inégalités qui affectent la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

Dans ce contexte, la stratégie «De la ferme à la table» de la Commission, qui est au cœur du pacte vert pour l’Europe, est l’occasion de remodeler en profondeur les dynamiques de la chaîne d’approvisionnement et d’améliorer durablement les revenus et les conditions de subsistance des agriculteurs et des travailleurs du système alimentaire. Ce nouveau cadre devrait créer des systèmes alimentaires durables et résilients, y compris des revenus équitables pour tous les opérateurs économiques, tout au long de la chaîne alimentaire. Il est maintenant crucial de convertir cette stratégie en actions constructives et opportunes.

Le CESE a réaffirmé à plusieurs reprises que le pacte vert pour l’Europe doit prendre la forme d’un pacte vert et social dans toutes ses composantes, et que la reprise de l’après-COVID offre l’occasion de mieux reconstruire. Des systèmes alimentaires plus durables, plus équitables et plus inclusifs devraient contribuer à une économie du bien-être qui soit au service des citoyens et de la planète, en ne laissant personne de côté, a souligné Peter Schmidt, président de la section NAT du CESE.

L’audition s’est concentrée sur trois moyens principaux de parvenir à des chaînes d’approvisionnement plus justes et équitables: garantir un travail décent dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire; promouvoir le commerce équitable et interdire les pratiques commerciales déloyales; et donner aux femmes et aux jeunes les moyens de jouer un rôle actif. Ces questions ont été examinées avec des représentants du monde des entreprises, des agriculteurs biologiques, des coopératives, des syndicats, des ONG, des femmes et des jeunes.

Garantir un travail décent dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire

La mise en place de systèmes alimentaires durables qui assurent la sécurité alimentaire et l’alimentation de tous passe par la promotion d’un travail décent et de moyens de subsistance durables pour les travailleurs et les producteurs tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. De nombreux secteurs dépendent des travailleurs migrants, qui font souvent l’objet de discriminations sur leur lieu de travail, où ils n’ont pas accès à leurs droits ni à une protection sociale. Les parties prenantes ont notamment demandé, au cours de la table ronde, que les paiements de la politique agricole commune (PAC) soient subordonnés au respect de conditions sociales, qu’une législation instaurant une obligation de diligence soit introduite et que la sécurité sociale soit garantie pour tous. La nécessité d’une approche commerciale différente fondée sur une transparence totale a également été soulignée et de bons exemples d’initiatives de coopératives de consommateurs ont été présentés dans ce contexte (par exemple, le label numérique de Coop Suède).

Promouvoir le commerce équitable et interdire les pratiques commerciales déloyales

Des pratiques commerciales équitables et un juste prix des denrées alimentaires (un prix qui reflète le coût réel de la production pour l’environnement et la société) représentent le seul moyen par lequel obtenir des systèmes alimentaires durables et équitables à long terme. Les parties prenantes ont insisté sur la nécessité de garantir la réciprocité des normes dans les accords commerciaux, étant donné que des importations bon marché sont souvent, pour leurs pays d’origine hors de l’Union européenne, synonymes de coûts élevés pour la société et l’environnement. Les approches locales, telles que l’agriculture soutenue par la communauté, les bio-districts et les réseaux alimentaires urbains, ont un rôle essentiel à jouer dans la mesure où elles encouragent le développement rural et renforcent la confiance dans les systèmes alimentaires. Une fois mise en œuvre et appliquée, la directive de l’UE sur les pratiques commerciales déloyales pourrait également changer la donne pour les agriculteurs et les autres parties prenantes qui se trouvent dans une position plus faible dans la chaîne d’approvisionnement.

Donner aux femmes et aux jeunes les moyens de jouer un rôle actif dans des systèmes alimentaires durables

Pour que les systèmes alimentaires soient véritablement durables, il est essentiel de donner de l’espace aux femmes, aux jeunes et aux autres groupes marginalisés. Les femmes qui souhaitent créer une entreprise dans le secteur agricole ou alimentaire restent confrontées à de nombreux défis, tels que l’accès au crédit, aux connaissances et aux compétences. Pour repenser son avenir, l’UE a également besoin de toute urgence de l’approche innovante et ambitieuse des jeunes, et elle doit leur offrir la possibilité de rejoindre des coopératives, des conseils locaux ou des conseils de la jeunesse pour la politique alimentaire. En vue d’associer les jeunes, le CESE a plaidé en faveur de leur engagement structuré en faveur du climat et de la durabilité dans le processus décisionnel de l’UE. Cette initiative pionnière sera lancée le 13 juillet, avec la première table ronde de la jeunesse pour le climat et la durabilité, qui sera organisée par le CESE en collaboration avec la Commission.

Contexte

Au fil des ans, le CESE a élaboré plusieurs propositions et idées concrètes qui peuvent être résumées en cinq séries de recommandations, pouvant apporter une contribution utile au sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires:

  1. Promouvoir des politiques alimentaires globales et intégrées
  2. Promouvoir des régimes alimentaires plus sains et plus durables
  3. Garantir des prix équitables et interdire les pratiques commerciales déloyales
  4. Renforcer le potentiel des chaînes alimentaires courtes et de l’agroécologie
  5. Garantir la participation et l’engagement structurés de la société civile

Avis du CESE en la matière

NAT/677 – Des systèmes alimentaires plus durables

NAT/711 – La contribution de la société civile au développement d’une politique alimentaire globale dans l’UE

NAT/734 – Améliorer la chaîne d’approvisionnement alimentaire/PCD

NAT/755 – Régimes alimentaires sains et durables

NAT/763 – Chaînes alimentaires courtes/agroécologie

NAT/787 – Une stratégie alimentaire durable «de la ferme à la table»

NAT/789 – Vers une stratégie de l’UE pour une consommation durable

Sommet 2021 des Nations unies sur les systèmes alimentaires – Contexte

Le sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires se veut un sommet porteur de solutions et il lancera de nouvelles mesures audacieuses pour modifier la façon dont nous produisons, consommons et voyons les aliments.

Il entend également être un sommet du peuple, et à ce titre, il réunira des jeunes, des agriculteurs, des membres de communautés autochtones, la société civile, des chercheurs, le secteur privé, des responsables politiques et des ministres de l’agriculture, de l’environnement, de la santé, de l’alimentation et des finances, afin de mettre en place un mouvement mondial en faveur de systèmes alimentaires plus sains, plus durables et équitables.

Le sommet mettra l’accent sur le fait que nous devons tous travailler ensemble pour transformer nos systèmes alimentaires, tout en progressant dans la réalisation de chacun des 17 objectifs de développement durable (ODD).

Un pré-sommet se tiendra du 26 au 28 juillet à Rome, afin de préparer le terrain pour l’événement mondial de septembre.