Les chaînes d’approvisionnement alimentaire sont d’une importance capitale pour un avenir durable

Renforcer la production et la transformation alimentaires au niveau local et régional au sein de l’UE et garantir des conditions de travail décentes pour tous les travailleurs de l’agriculture et du secteur alimentaire au sens large sont des objectifs importants sur la voie de l’amélioration de la durabilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire européenne. Pour aller dans le sens du développement durable, il y a également d’autres aspects essentiels: développer des pratiques commerciales internationales équitables, encourager davantage de femmes et de jeunes à travailler dans le secteur agricole, et favoriser la participation et le dialogue structurés des parties prenantes.

Ce sont là quelques-unes des principales conclusions d’une conférence organisée par le groupe «Diversité Europe» du CESE dans le cadre de la présidence slovène du Conseil de l’UE et de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Cette manifestation a été ouverte par le président du groupe «Diversité Europe», Séamus Boland, et le ministre slovène de l’agriculture, des forêts et de l’alimentation, Jože Podgoršek.

M. Boland s’est exprimé en ces termes: Nous avons besoin de chaînes d’approvisionnement justes, inclusives et durables. Elles permettront à nos agriculteurs, consommateurs, travailleurs et entreprises de se développer de manière durable, dans les limites de notre planète et sans laisser personne de côté. Selon lui, le pacte vert pour l’Europe, le paquet «Ajustement à l’objectif 55» et la stratégie De la ferme à la table» sont des éléments essentiels qui doivent guider nos ambitions et devraient être considérés comme des occasions à saisir. Le président du groupe «Diversité Europe, qui représente par ailleurs une organisation rurale et est lui-même agriculteur, à la tête d’une petite exploitation, a plaidé en faveur de prix alimentaires reflétant les coûts réels de production: Écologisons la PAC et investissons dans les zones rurales. Mais pour garantir la durabilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire européenne, nous avons également besoin de prix des denrées alimentaires qui soient équitables pour les agriculteurs, a-t-il ajouté.

Le ministre slovène Jože Podgoršek a appelé de ses vœux la prise de mesures au niveau de l’UE pour redistribuer les revenus en les rééquilibrant en faveur des producteurs primaires et des agriculteurs et renforcer la compétitivité des agriculteurs. Pour lui, les pratiques commerciales déloyales sont un problème qui doit faire l’objet d’une attention accrue dans le contexte de la durabilité des chaînes d’approvisionnement alimentaire. M. Podgoršek s’est félicité de l’avis du CESE intitulé «Vers une chaîne d’approvisionnement alimentaire équitable» et de l’initiative visant à mettre fin aux pratiques commerciales déloyales à cet égard au niveau de l’UE. Enfin, il a recommandé une coopération plus étroite entre les producteurs primaires, les coopératives, l’industrie de transformation et les commerçants afin de rendre les chaînes plus résilientes et d’assurer une redistribution des risques entre les parties prenantes.

Des intervenants de haut niveau, tant de Slovénie que de l’UE, ont pris part au débat pour représenter les points de vue des institutions, du monde agricole, des consommateurs et de l’environnement, ainsi que des milieux de la recherche et des entreprises.

Franc Bogovič, député au Parlement européen, a évoqué les défis auxquels sont confrontés les petits et moyens entrepreneurs du secteur alimentaire, notamment l’intensification de la concurrence et des importations en provenance de pays tiers et la forte concentration de la propriété. Le développement technologique, la coopération sous forme de coopératives, les circuits courts et l’évolution vers une alimentation de qualité pourraient selon lui aider les différentes parties prenantes à relever ces défis. Nous devons échanger des expériences positives entre les États membres afin de pouvoir faire évoluer le marché dans le bon sens, a déclaré M. Bogovič, qui a ajouté: Le marché ne fera pas tout tout seul, nous devons prendre les mesures nécessaires.

Annukka Ojala, cheffe de cabinet adjointe de la commissaire Stella Kyriakides, a évoqué en ces termes les initiatives de la Commission européenne visant à améliorer la durabilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire aux niveaux européen et mondial: Transformer nos systèmes alimentaires pour les rendre plus durables est un élément important de la solution visant à contrer les évolutions mondiales actuelles touchant au climat, à la biodiversité et aux mauvaises habitudes alimentaires. La stratégie “De la ferme à la table” reflète notre vision transformatrice de la politique alimentaire en Europe et dans le monde.

D’autres intervenants et participants ont convenu qu’une vision globale, une approche systémique générale et des efforts de toutes les parties prenantes sont nécessaires pour réussir. Parmi les parties prenantes, c’est à la société civile de réclamer un changement, tout en veillant à ce que les solutions soient réalisables et non bureaucratiques.

Roman Žveglič, de la Chambre d’agriculture et de sylviculture de Slovénie, a évoqué en ces termes la situation des agriculteurs dans son pays: L’augmentation récente des prix a représenté une charge pour les agriculteurs. Cela concerne en particulier les prix des produits végétaux, des engrais, des semences, de l’énergie, du pétrole et les autres coûts de production, dont la tendance à la hausse se poursuit. Il a précisé que les prix des produits agricoles ne pourront qu’augmenter, dans un délai de quelques semaines. Cela affecte la stabilité à long terme de la production alimentaire, a-t-il expliqué, étant donné que les petits agriculteurs n’ont aucune influence sur les prix de détail et la répartition du revenu.

D’autres participants ont également souligné que les investissements à court terme, les déséquilibres commerciaux et la concurrence déloyale sont autant de menaces qui pèsent sur la durabilité de la chaîne d’approvisionnement alimentaire. Pour remplir leurs fonctions économiques, sociales et environnementales, les agriculteurs ont besoin d’un soutien financier et de mesures destinées à remédier aux déséquilibres.

Andreas Thurner, président du groupe d’étude thématique du CESE sur les systèmes alimentaires durables, a proposé différents domaines d’action. Nous devons réduire les pertes et gaspillages alimentaires, créer un cadre propice à l’innovation et à la durabilité et soutenir des pratiques commerciales équitables et responsables, a déclaré ce membre du groupe «Diversité Europe». Il a également attiré l’attention sur le rôle des consommateurs: L’éducation et l’information, combinées à un étiquetage transparent, peuvent être un outil essentiel pour permettre aux consommateurs de faire des choix plus éclairés, idéalement en se tournant vers des produits alimentaires sains et plus durables.

Anja Mager, de l’Association des jeunes ruraux slovènes, a évoqué la difficulté d’attirer les jeunes vers l’agriculture. Elle a indiqué qu’un des moyens d’y parvenir est d’avoir une chaîne d’approvisionnement alimentaire saine et opérationnelle: Une chaîne d’approvisionnement alimentaire équitable représente une occasion pour que les jeunes voient leur avenir dans l’agriculture.

Angela Frigo, de la Fédération européenne des banques alimentaires (FEBA), a expliqué que les activités de ces banques sont essentielles pour garantir la sécurité alimentaire, mais aussi pour améliorer la durabilité et l’efficacité du système alimentaire et réduire l’incidence du gaspillage alimentaire sur l’environnement. Les banques alimentaires font partie intégrante du système alimentaire. Elles servent d’intermédiaire entre le gaspillage alimentaire potentiel et la réponse au besoin concret de nourriture, a-t-elle précisé. Mme Frigo a par ailleurs estimé qu’il est important d’encourager les gouvernements à renforcer les cadres législatifs nationaux pour faciliter et promouvoir les dons alimentaires à des fins de consommation humaine, développer des politiques de systèmes alimentaires urbains intégrés, promouvoir la numérisation et l’innovation pour les banques alimentaires et soutenir les organisations qui sont déjà investies dans la redistribution des denrées alimentaires.

Les participants ont également plaidé en faveur de systèmes alimentaires plus locaux et plus diversifiés et souligné la nécessité d’agir immédiatement. Selon eux, le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement alimentaire ne saurait être pris pour acquis. Le rôle des agriculteurs, en particulier des petits exploitants, doit être reconnu, et les agriculteurs soutenus. Cet aspect a été considéré comme essentiel pour atteindre la durabilité.

L’ensemble des conclusions et recommandations tirées de la conférence seront publiées prochainement sur le site internet du groupe «Diversité Europe». Elles feront partie intégrante de la contribution qu’il apportera à la conférence sur l’avenir de l’Europe.

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PR - Food supply chains are of key importance for a sustainable future