European Economic
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Lidija Pavić-Rogošić: quand un tremblement de terre frappe au milieu d’une pandémie
Trois mois se sont écoulés depuis que le confinement a été imposé. Les villes commencent maintenant à rouvrir. Le moment est donc propice pour réfléchir à ce qui s’est passé, car la propagation rapide du virus a affecté tous les aspects de notre vie personnelle et sociale.
Il y a trois mois, tout était normal. Je travaillais au bureau et je me rendais régulièrement à Bruxelles. Après l’éclatement de la pandémie, les vols ont été soudainement annulés et les nouvelles dispositions concernant la COVID-19 étaient actualisées jour après jour. La pandémie a apporté des changements tant dans ma vie professionnelle que privée.
Mon organisation a dû annuler ou reporter plusieurs manifestations qui étaient déjà sur les rails et, à la mi-mars, nous avons commencé à travailler depuis notre domicile. Bien que ce changement d’organisation ait été éprouvant pour chacun d’entre nous, nous avons décidé de mettre ce temps à profit pour développer de nouvelles idées de projet et pour mettre en place des partenariats inédits en nous servant des outils en ligne. Nous avons organisé des événements en ligne et élaboré des outils pédagogiques sur le développement durable pour l’enseignement à distance.
Mais notre plus grande crainte reste de savoir comment les organisations de la société civile vont pouvoir survivre, car il y a moins d’argent pour faire notre travail. Le gouvernement croate a adopté certaines mesures pour aider à préserver l’emploi, mais les organisations de la société civile en ont été exclues.
Dans ma vie privée, j’ai eu la malchance de devoir passer la quarantaine sans mon mari, qui n’a pas pu rentrer de l’étranger et n’a eu d’autre choix que de rester loin, séparé de notre famille pendant plus de 90 jours, partageant ainsi le sort de nombreux Européens.
Juste au moment où nous pensions que les choses ne pouvaient pas être pires, le dimanche 22 mars à 6 h 24 du matin, nous avons été réveillés par un terrible tremblement de terre à Zagreb. Dans un premier temps, il y a eu de la panique, puis le choc et, ensuite, la peur et l’incertitude. Le centre historique de Zagreb a été durement frappé. La reconstruction et la réparation des bâtiments et des infrastructures seront un processus complexe et de longue haleine.
Nous avons survécu à cette épreuve, aussi. Il est important de dire que nous avons démontré et prouvé que nous ne pouvons pas nous en sortir seuls, sans solidarité et sans bénévoles, ni sans systèmes de santé publique solides. Nous devons les préserver et les rendre encore plus forts.
Donc, y aurait-il du positif? Il y a certains changements que j’aimerais conserver. J’ai commencé à pratiquer la méthode Feldenkrais via Zoom et je me suis mise aussi à cuisiner régulièrement.
C’est une chance de pouvoir travailler à domicile, de ne plus avoir à faire la navette entre le domicile et le lieu de travail, de dormir davantage et d’être moins stressée. Mais des millions de personnes qui ont été exclues de la population active auraient aimé travaillé davantage, et non moins.
Je dois dire que la ville où j’habite est désormais une zone sans COVID-19. J’espère que les événements de 2020 nous apprendront à apprécier notre liberté et le bonheur d’une vie normale, avec ses habitudes et les petites choses du quotidien. Bien sûr, je souhaite aussi que l’année 2020 soit un point de bascule à partir duquel les systèmes injustes, destructeurs et inhumains commencent à se transformer.