L’Union européenne progresse à chaque crise. Face au virus, elle a su se mobiliser sur le double plan sanitaire et économique. Jamais depuis longtemps l’esprit de coopération entre les Etats membres n’avait produit aussi vite des résultats tangibles. Les vaccins sont là et s’exportent aussi vers les Etats tiers qui en ont besoin. Le soutien massif à l’économie produit ses effets et incite les esprits à repenser la gouvernance économique de l’Union. La Banque centrale européenne a démontré une nouvelle fois son rôle de bouclier et de protecteur des Européens en permettant d’abonder les circuits financiers mis sous tension.

L’Union doit tirer parti de sa réactivité pour poursuivre sa mutation.

Elle fait face à deux enjeux considérables, peut-être même vitaux : sa prospérité et sa sécurité. Elle doit adopter des règles de fonctionnement de son économie adaptées aux défis de la transformation numérique et écologique. Elle peut mobiliser des moyens importants en mutualisant le recours aux marchés pour investir dans l’avenir. La dette commune ne doit pas lui faire peur s’il s’agit d’investir et donc de se projeter dans une nouvelle économie. Elle n’a pas de retard dans l’identification de ses besoins ; elle doit accepter une révision de ses principes de gouvernance économique.

Sa sécurité est désormais menacée par des puissances révisionnistes à ses frontières, qui ne sont pas en mesure de rivaliser avec sa puissance économique et chercheront donc tous les prétextes pour l’inquiéter, la déstabiliser et donc la combattre. Forte de leurs principes pacifiques, les Européens doivent apprendre à préparer la guerre pour ne pas avoir à la faire. Gagner la guerre avant la guerre c’est manifester une volonté forte de gagner une véritable autonomie de pensée et d’action.

Si collectivement les Européens satisfont ces deux impératifs, ils marqueront une nouvelle ère de la construction européenne.

La puissance tranquille d’une Union européenne rassemblée pour relever les défis qui lui sont lancés constitue la meilleure promotion de son modèle de liberté et de solidarité. Solidaire de chacun de ses membres et organisant la solidarité entre toutes les catégories d’Européens, l’Union tient le flambeau d’un modèle société qui place la Personne humaine au centre de toute organisation sociale. Elle doit en être fière, l’assumer face à de nouveaux adversaires autocratiques qui le contestent.
Pour cela elle ne doit avoir peur ni de la puissance ni de l’imagination créative en matière économique. Et savoir faire preuve d’audace. Alors l’avenir lui sourira.

Jean-Dominique Giuliani:  Président de la Fondation Robert Schuman