Sécurité alimentaire et systèmes alimentaires durables

EESC opinion: Sécurité alimentaire et systèmes alimentaires durables

Points clés

  • Le CESE a été la première institution de l’Union européenne à préconiser l’élaboration d’une politique alimentaire globale en Europe afin d’assurer une alimentation saine à partir de systèmes alimentaires durables, en établissant un lien entre l’agriculture d’une part et la nutrition et les services écosystémiques d’autre part, et en veillant à ce que les chaînes d’approvisionnement préservent la santé publique dans tous les segments de la société européenne. Une telle approche, qui a maintenant trouvé une traduction dans la stratégie «De la ferme à la table», devrait améliorer la cohérence entre les différents domaines d’action en rapport avec les aliments, sensibiliser à la valeur de l’alimentation et promouvoir des systèmes alimentaires durables.
  • En réponse à la demande d’élaboration du présent avis exploratoire formulée par la présidence française du Conseil, le CESE estime que les principaux leviers à activer au niveau de l’Union européenne pour préserver la compétitivité des producteurs européens, dans le but de garantir d’une part la sécurité alimentaire européenne et une alimentation durable, et d’autre part des prix abordables pour les consommateurs, sont les suivants:
  1. favoriser une autonomie stratégique ouverte au service de la sécurité alimentaire et d’une alimentation durable;
  2. mettre au point des technologies et des semences novatrices afin d’être toujours en mesure de fournir des solutions aux agriculteurs confrontés à des restrictions sur les outils existants;
  3. garantir la couverture en haut débit et la numérisation, lesquelles constituent une condition préalable pour l’agriculture de précision et la robotisation, et soutenir les investissements dans de telles techniques durables;
  4. promouvoir et faciliter l’accès des producteurs agricoles, en particulier des jeunes agriculteurs, à la formation à ces nouvelles techniques;
  5. assurer la réciprocité des normes et établir des conditions de concurrence équitables en intégrant, à titre de normes mondiales de durabilité, la stratégie «De la ferme à la table» et celle en faveur de la biodiversité incluses dans le pacte vert, ainsi que les normes qu’elles posent, dans tous les accords commerciaux en place, dans tous ceux que l’Union européenne conclura à l’avenir et dans les accords de l’OMC;
  6. souligner la valeur de l’alimentation en favorisant l’éducation nutritionnelle des consommateurs, et contribuer ainsi à rapprocher le secteur agricole du reste de la société;
  7. garantir l’équité des prix et de la répartition des revenus tout au long de la chaîne, disposer davantage les consommateurs à payer le prix adéquat des denrées alimentaires pour en consommer moins mais de meilleure qualité, et interdire les pratiques commerciales déloyales grâce à des réglementations ambitieuses;
  8. aligner les pratiques et les activités des entreprises du secteur alimentaire sur les objectifs de développement durable (ODD);
  9. garantir, notamment par la création d’un Conseil européen de la politique alimentaire, que la société civile et tous les acteurs de chacun des maillons de la chaîne d’approvisionnement alimentaire soient associés à la démarche et y participent de manière structurée, en promouvant la coopération plutôt que la concurrence.
  • En outre, parmi les principaux leviers pouvant contribuer à réduire la dépendance aux intrants, notamment de synthèse, et à améliorer l’autonomie protéique de l’Union, le CESE compte ce qui suit:
  1. faire en sorte que l’Union favorise des pratiques qui ne requièrent que peu d’intrants agricoles, en particulier pour ce qui est des combustibles fossiles et des pesticides, et accroisse ses capacités lui permettant de les produire sur son sol;
  2. améliorer l’autonomie protéique de l’UE, ce qui est souhaitable à tous points de vue. Les importations de fèves de soja en provenance de pays tiers peuvent être une source de déforestation, de dégradation des forêts et de destruction des écosystèmes naturels dans certains pays producteurs. Le développement de la production de légumineuses et de légumes secs riches en protéines dans l’Union limiterait le recours aux importations et aurait donc une incidence positive sur le climat et l’environnement;
  3. organiser et aider le secteur des protéines afin d’en favoriser la production et de convaincre les agriculteurs, grâce notamment à une politique agricole commune ambitieuse;
  4. intensifier la production de graines oléagineuses et de tourteaux d’oléagineux. La valorisation des graines oléagineuses dans le but premier de produire des denrées alimentaires repose à la fois, et de manière indissociable, sur celle de l’huile et sur celle des tourteaux. Il est ainsi possible de renforcer la production durable de denrées alimentaires et d’énergie.
  5. renforcer l’action de l’Union visant à protéger et restaurer les forêts dans le monde, au moyen notamment d’une amélioration du système actuel de certification forestière [programme de reconnaissance des certifications forestières (PEFC), Conseil de bonne gestion forestière (FSC)] permettant d’approuver les produits qui ne contribuent pas à la déforestation;
  6. mettre en place des chaînes d’approvisionnement courtes, équitables et transparentes et faire en sorte que la transition vers une agriculture durable intervienne dans le cadre d’une approche progressive pour préserver les équilibres existants;
  7. assurer la réalisation du droit à l’alimentation pour tous, en particulier pour les personnes en situation d’insécurité économique et sociale, et faciliter l’expérimentation dans le domaine de l’innovation sociale. L’aide alimentaire doit demeurer une politique obligatoire dans les États membres;
  8. veiller à ce que des denrées alimentaires puissent être produites dans toutes les régions de l’Union européenne.
  • Le CESE accueille favorablement le «Plan d’urgence visant à garantir l’approvisionnement et la sécurité alimentaires en période de crise» et la proposition de créer un mécanisme européen de préparation et de réaction aux crises de sécurité alimentaire, et recommande d’intégrer ces dispositifs dans une politique alimentaire globale. Le CESE demande de se voir conférer un rôle actif au sein du groupe spécifique d’experts.