L’année 2022 sera pour l’Union européenne l’Année de la jeunesse. Cette initiative d’une Année de la jeunesse a été proposée par la Commission afin de mettre en avant les possibilités qui s’offrent aux jeunes et de les encourager à devenir des citoyens actifs et des acteurs du changement. Louable qu’elle soit, nous devons veiller à ce que cette opération soit orientée vers l’obtention de résultats concrets et durables au bénéfice de tous les jeunes en Europe.
Le Comité économique et social européen (CESE) a applaudi à la proclamation de l’Année européenne de la jeunesse en 2022. Il a néanmoins signalé que cette initiative devra aller au-delà des simples effets d’annonce et contribuer à la mise en œuvre de la stratégie de l’Union européenne en faveur de la jeunesse en déployant des projets clairs et en suscitant la mobilisation, et que l’on devra, ce faisant, veiller à s’adresser aux jeunes les plus vulnérables et à ceux qui vivent dans des zones défavorisées.
Dans cette optique, le CESE a fait valoir, dans son avis consacré à l’Année européenne de la jeunesse 2022 qu’il a adopté lors de sa plénière de décembre dernier, que l’Union européenne devrait mettre en place des indicateurs et des objectifs clairs, centrés sur les politiques en faveur de la jeunesse et des interventions dans divers secteurs, de sorte que les actions qui seront organisées ne deviennent pas une fin en soi.
Le CESE est enthousiaste à la perspective de s’engager dans une démarche positive pour l’Année européenne de la jeunesse 2022. Mais cette initiative doit dépasser le seul cadre de la communication et des actions qui seront menées à cette occasion. Nous voulons qu’elle produise des résultats concrets pour les jeunes en Europe, dans les domaines de l’action publique qui ont un impact sur leur existence, a indiqué le rapporteur de l’avis, M. Michael McLoughlin.
Le CESE, qui est idéalement placé pour travailler en étroite concertation avec les réseaux représentant la jeunesse, a signifié qu’il était prêt à jouer un rôle de premier plan dans cette Année européenne de la jeunesse. Il a cependant fait part de sa préoccupation face à un programme et des priorités manifestement chargés, qui prévoient un très grand nombre d’engagements et de multiples renvois à d’autres initiatives, enveloppes budgétaires et domaines d’action.
Certes, ces priorités sont dans leur grande majorité les bienvenues, puisqu’elles reflètent la nature transversale des politiques en faveur de la jeunesse, mais le CESE est d’avis qu’elles gagneraient à être simplifiées.
Il importe que la proposition fasse preuve de clarté et de précision. Parfois, le mieux est l’ennemi du bien et l’on peut craindre qu’une longue liste de domaines d’action et de responsabilités partagées puisse porter préjudice à l’accent mis sur les effets, la responsabilité et les résultats, a fait valoir M. McLoughlin.
Face au lourd tribut imposé aux jeunes par la crise de la COVID-19 et aux répercussions durables qu’elle aura pour leur éducation, leur bien-être social, leurs finances et leur santé mentale, le CESE approuve le calendrier et le contexte de la proclamation de l’Année européenne de la jeunesse 2022. Néanmoins, il nourrit certaines craintes quant au caractère quelque peu hâtif de cette proposition.
La proposition a été élaborée à une vitesse vertigineuse. Nous ne pensons pas qu’il s’agisse là du meilleur moyen de concevoir de telles propositions, aussi souhaitables soient-elles. De ce fait, les importantes initiatives liées à la jeunesse risquent de prendre davantage la forme d’annonces politiques médiatisées que d’évolutions systématiques sur le long terme, a indiqué M. McLoughlin.
Le rythme imposé représente aussi un défi pour la mise en œuvre de l’Année européenne au niveau national, car les délais impartis aux autorités nationales pour mettre en place des actions dans les différents États membres sont extrêmement courts, et celles-ci pourraient également rencontrer des difficultés pour financer les coûts liés aux actions envisagées au titre de l’opération.
C’est pourquoi le CESE a émis des objections concernant le budget qui lui est alloué, fixé à 8 millions d’EUR, estimant qu’il y aurait lieu d’être plus ambitieux. Le CESE estime qu’une enveloppe totale de 10 millions d’EUR, dont 2 millions d’EUR seraient consacrés à la coordination au niveau national, serait nécessaire pour avoir un impact suffisant et encourager la participation.
Le CESE juge important de préciser clairement, dans tous les supports de promotion et toutes les autres actions menées, que l’essentiel du financement de l’opération proviendra en fait de sources existantes, et principalement du programme Erasmus+. Cela signifie aussi que les agences nationales chargées d’Erasmus+ devront donner la priorité aux activités liées à l’Année européenne de la jeunesse et qu’elles auront à ce titre besoin de clarté, de soutien et d’orientation.
La coordination revêtira une importance cruciale pour le succès de l’Année européenne. Il est nécessaire d’y associer davantage la société civile et de renforcer le rôle des organisations représentant la jeunesse à tous les niveaux. Un rôle majeur devrait être joué par les conseils nationaux de la jeunesse et les autres grandes organisations qui la représentent, qui devraient être des partenaires égaux au sein du groupe des coordinateurs nationaux. Ces acteurs devraient être associés à la création conjointe comme à la mise en œuvre de l’opération, et devraient être soutenus dans l’exercice de cette fonction.
Il est essentiel aussi que la Commission fasse en sorte que les jeunes et les organisations représentant la jeunesse participent au suivi et à la supervision de l’initiative aux niveaux national et infrarégional, car les politiques en faveur de la jeunesse présentent un aspect inégal et variable d’un État membre à l’autre.
Le CESE a souligné la nécessité de garantir une mobilisation maximale des jeunes auxquels on a le plus de mal à s’adresser: les jeunes handicapés, ceux qui appartiennent à des groupes minoritaires ou ceux qui vivent dans des zones défavorisées. La référence qui est faite à la toute récente initiative ALMA de la Commission, destinée aux jeunes qui ne travaillent pas et ne suivent ni études ni formation, est particulièrement appréciable.
Les travaux portant sur les relations extérieures dans le cadre de la politique de la jeunesse, tels qu’ils sont envisagés dans la proposition, sont eux aussi les bienvenus dans le contexte de l’Année européenne comme pour l’avenir. En conclusion, le CESE estime qu’il y a lieu de saluer le modèle européen de l’action menée auprès des jeunes, qui peut jouer un rôle essentiel dans les relations extérieures de l’Europe, aussi bien dans les pays de son voisinage que sur la scène mondiale.