La proposition de socle européen des droits sociaux suscite une première réaction critique de la part des organisations d’employeurs

La proposition de socle européen des droits sociaux, publiée par la Commission européenne, a suscité une première réaction critique de la part des secrétaires généraux de l’UEAPME, d’Eurochambres et du CEEP. Véronique Willems, Arnaldo Abruzzini et Valeria Ronzitti ont participé à la réunion du groupe des employeurs pour débattre des priorités actuelles de leurs organisations.

«Les propositions que nous avons examinées jusqu’à présent (équilibre entre vie professionnelle et vie privée) auront une incidence majeure sur les PME et généreront des coûts supplémentaires», a regretté Véronique Willems, secrétaire générale de l’UEAPME. Cette dernière estime que l’accent devrait être mis sur l’amélioration de la mise en œuvre et de l’application des règles existantes, plutôt que sur la création de nouveaux droits. Mme Willems a souligné que l’impact sur les PME des propositions relatives à la flexibilité du temps de travail reste encore à déterminer. Le développement des compétences devrait être un élément clé pour la Commission.

«Nous sommes très préoccupés par la direction que prend la politique européenne», a déclaré Arnaldo Abruzzini, secrétaire général d’Eurochambres, en évoquant le socle européen des droits sociaux. De son point de vue, la tendance au sein de l’Union européenne est d’exploiter au maximum la dimension sociale, les responsables politiques espérant ainsi mettre un terme au populisme. Il a souligné qu’aucune politique sociale ne saurait être durable sans croissance ni création d’emplois. La désaffection à l’égard de l’Europe n’est pas due à l’insuffisance de la protection sociale, mais au manque de croissance et d’emplois. Or, les emplois ne seront pas créés par la politique sociale, mais par des entrepreneurs, qui ont besoin d’un environnement adapté au développement. M. Abruzzini a également souligné l’importance de disposer de processus d’apprentissages et de systèmes de formation professionnelle efficaces qui s’appuient sur des expériences de travail, pour aider à résoudre les inadéquations en matière de compétences.

Selon Valeria Ronzitti, secrétaire générale du CEEP, il convient maintenant d’analyser avec soin les propositions de la Commission en vue de parvenir à en faire une évaluation complète et réaliste. Le document de réflexion sur la dimension sociale est un élément essentiel de la réflexion plus large sur l’avenir de l’Europe. Les membres du CEEP craignent que le lien avec le prochain document sur l’union économique et monétaire ne soit pas suffisamment solide. Le progrès social ne saurait advenir sans le progrès économique, et vice versa. De l’avis de Mme Ronzitti, les employeurs auront une excellente occasion de souligner l’importance de la croissance et de l’emploi pour l’ensemble du concept du socle européen des droits sociaux lors du prochain sommet social, qui aura lieu à Göteborg. «En l’absence de bonnes conditions économiques, nous ne serons pas en mesure de progresser vers une Europe sociale», a-t-elle conclu.