European Economic
and Social Committee
Protéger les minorités en ces temps difficiles: la situation de la communauté rom
Le Comité économique et social européen (CESE) et son groupe d’étude sur l’intégration des Roms se joignent à l’appel lancé par les membres des institutions de l’UE, ainsi que par les organisations de la société civile, pour faire part de leur inquiétude quant à la détérioration de la situation des communautés marginalisées, dont les Roms, au cours de cette période difficile et incertaine. Nous savons gré aux bénévoles et aux employés des organisations roms du travail inestimable qu’ils mènent afin de continuer à aider la communauté rom en cette période difficile de pandémie mondiale de la COVID-19. Toutefois, leurs efforts ne sauraient se substituer à la responsabilité qu’ont les gouvernements de prendre en charge toute la population de leurs pays, y compris la communauté rom, de même qu’ils ne doivent en rien altérer le devoir de l’Union européenne d’œuvrer en faveur de l’inclusion et de l’égalité pour les Roms.
Nombreux sont les Roms qui vivent dans la misère en Europe depuis bien trop longtemps, et leur situation risque à présent d’échapper à tout contrôle et d’entraîner des conséquences désastreuses pour les membres de cette communauté. Nombre d’entre eux vivent dans des camps surpeuplés, sans accès à l’eau courante, ce qui rend extrêmement difficile de respecter la distanciation sociale et les règles d’hygiène nécessaires pour enrayer la contagion. En l’absence de connexions internet et du matériel nécessaire, les enfants roms ne peuvent participer à aucune des activités éducatives en ligne organisées par les écoles pendant leur fermeture. Outre cette pénalisation sur le plan de l’éducation, les enfants roms sont aujourd’hui confrontés à un manque de nourriture, étant donné que la fréquentation scolaire représentait souvent la seule possibilité pour eux d’obtenir un repas chaud.
De nombreux Roms travaillent dans l’économie informelle, non pas délibérément, mais parce qu’ils n’ont pas d’autre moyen de subvenir aux besoins de leur famille, étant donné la discrimination dont ils font l’objet lorsqu’ils postulent pour un travail régulier. Compte tenu des restrictions touchant les déplacements, ils ne peuvent plus s’acquitter de leurs occupations professionnelles. N’ayant pas non plus accès aux allocations de chômage ni à d’autres dispositifs mis en place par les gouvernements pour soutenir les travailleurs qui ont perdu leur emploi, ils sont acculés à sombrer plus encore dans la pauvreté. Dans le même temps, l’antitsiganisme augmente, les Roms étant accusés d’être responsables de la propagation du virus dans certaines régions, où ils sont confrontés à une hostilité encore plus vive qu’avant.
À la lumière des nombreux rapports émanant de diverses organisations concernant la situation désastreuse que traversent les communautés roms au cours de cette pandémie, nous demandons à la Commission de surveiller plus que jamais la situation des Roms dans les États membres. Nous demandons d’urgence à ceux-ci d’honorer leur responsabilité en ce qui concerne la protection du droit à la santé des Roms et de tenir compte de la spécificité de la situation de la communauté rom lors de l’application de mesures d’urgence. Nous demandons que les Roms aient accès à un approvisionnement en eau salubre et propre, afin que les règles en matière d’hygiène et d’assainissement puissent être respectées. Un accès temporaire au logement devrait être accordé aux communautés roms résidant dans des camps où règnent des conditions déplorables, afin de leur permettre de respecter comme il se doit les règles en matière de distanciation sociale. Les Roms devraient bénéficier du même accès aux soins médicaux, aux tests médicaux, aux masques et aux traitements que tous les autres citoyens des États membres où ils résident. La protection des droits fondamentaux devrait être universelle et ne devrait pas varier selon l’origine ethnique ou l’adresse de résidence.
Nous demandons à la Commission européenne de s’assurer que les actions et les programmes de l’UE destinés à aider les citoyens au cours de cette pandémie, ainsi que les mesures de relance bien nécessaires adoptées par la suite, tiennent compte des réalités et des difficultés rencontrées par les Roms. À cet égard, nous relevons l’importance d’entretenir un dialogue continu avec les représentants des communautés et des organisations roms, qui sont à même de proposer des recommandations clés afin que les actions mises sur pied répondent véritablement aux difficultés rencontrées par la communauté rom. En tant que porte-parole de la société civile, le CESE est engagé en faveur de ce dialogue qui doit permettre d’atteindre ceux qui sont les plus vulnérables face à la crise actuelle.