En réponse à la communication de la Commission intitulée «Accroître les ambitions de l’Europe en matière de climat pour 2030», le Comité économique et social européen (CESE) réaffirme que la Commission a pris la bonne décision en revoyant les objectifs de l’UE à la hausse et en voulant réduire, d’ici à 2030, les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % par rapport aux niveaux de 1990. Dans son avis «Accroître les ambitions de l’Europe en matière de climat», le CESE insiste toutefois sur la nécessité d’intensifier les efforts visant à atteindre les objectifs intermédiaires, à accélérer le processus et à placer les citoyens européens au centre de l’action pour le climat. À défaut, l’UE risque de passer à côté de l’objectif de neutralité climatique qu’elle s’est fixé à l’horizon 2050.
Nous sommes en effet engagés dans une course contre la montre et avons besoin de la perspicacité de la tortue, de la foulée du lièvre et de la vision de la chouette pour parvenir au but. Avec 2016, 2020 aura été l’année la plus chaude jamais enregistrée et la décennie écoulée, la décennie la plus chaude dans l’histoire de l’humanité. La marge de manœuvre disponible pour faire face à la crise climatique se réduit comme peau de chagrin: 2030 est à nos portes.
Si la pandémie de COVID-19 a entraîné de graves problèmes économiques dans son sillage et relégué à nouveau l’urgence climatique au second plan, la réorientation des investissements dans le cadre du plan de relance de l’UE a toutefois ouvert la voie à une nouvelle stratégie: conjuguer les investissements et une approche capable de relever les défis de l’avenir, qui place à nouveau l’accent sur une action ambitieuse en faveur du climat.
Il faut associer les dépenses consacrées à la relance post-COVID-19 et l’action ambitieuse en faveur du climat afin d’éviter l’argent gaspillé et les actifs délaissés. Il y a lieu de veiller à ce que ces investissements soient effectivement utilisés en faveur d’une politique climatique inclusive qui place les citoyens au centre des préoccupations
, a souligné Jan Dirx, le corapporteur du CESE.
Le CESE estime qu’il est aujourd’hui essentiel de prendre sans délai les mesures concrètes requises et d’adopter la législation nécessaire afin de sensibiliser les citoyens et les partenaires sociaux à la manière dont ces objectifs peuvent être atteints et à leur incidence sur leur travail et leur vie. Il convient notamment de faire en sorte que les risques et les possibilités soient répartis de manière équitable afin de garantir la sécurité et la stabilité
, a ajouté M. Dirx.
L’avis met par ailleurs l’accent sur la nécessité de renforcer la bioéconomie et de remplacer les combustibles et matériaux fossiles, et nous recommandons par conséquent à la Commission d’accorder la priorité absolue à la mise à jour de la législation européenne relative à la transition vers des carburants renouvelables
, a indiqué Arnold Puech d’Alissac, le rapporteur du CESE.
La Commission a l’intention de présenter les propositions législatives détaillées qui s’imposent d’ici juin 2021. Le CESE invite les colégislateurs à respecter ce délai, étant donné qu’il restera moins de neuf ans pour les mettre en œuvre.
Une approche globale pour transformer les défis en opportunités
Il est plus que jamais primordial d’utiliser tous les instruments possibles pour accroître les ambitions de l’UE en matière de climat, du pacte vert pour l’Europe aux politiques en matière d’industrie et de transport en passant par la loi européenne sur le climat, le cadre financier pluriannuel, le Fonds pour la relance «Next Generation EU», la PAC, la stratégie «De la ferme à la table» et la stratégie en faveur de la biodiversité ainsi que les politiques commerciales et les accords conclus dans ce domaine. Tous ces instruments devraient être articulés de manière cohérente, en veillant à ce que la transition ne laisse personne sur le bord de la route
, a déclaré M. Dirx.
Le CESE se félicite donc que la Commission demande, à juste titre, que la transition de notre économie s’accompagne d’investissements dans la reconversion, la formation professionnelle et l’éducation tout au long de la vie pour de nombreuses catégories professionnelles
, a précisé M. Puech d’Alissac.
Il convient en outre de prendre des mesures visant à garantir que les nouvelles possibilités d’emploi stimulent la création d’emplois assortis de salaires décents et de bonnes conditions de travail.
Le CESE soutient en outre la position de la Commission quand elle affirme que les citoyens sont des «partenaires essentiels dans la lutte contre le changement climatique». La participation active et le renforcement de l’autonomie de «toutes les composantes de la société» sont en effet une condition préalable au succès de la politique climatique au sein de l’UE.
Dans ce contexte, le CESE rappelle sa proposition visant à collaborer avec la Commission européenne et d’autres organes européens pour créer conjointement une plateforme européenne des parties prenantes du pacte pour le climat fondée sur les principes d’inclusion, de transparence, ainsi que la participation et l’adhésion véritables des acteurs de l’action en faveur du climat à tous les niveaux.
2021 sera une année cruciale pour l’établissement de normes internationales, et l’UE a un rôle important à jouer dans la définition de ces références. Plus vite nous réaliserons la transition, mieux ce sera, et l’UE fera tout ce qui est en son pouvoir pour encourager d’autres pays à s’engager dans la même voie.
La bonne nouvelle, c’est que les États-Unis, le deuxième producteur mondial de gaz à effet de serre, sont revenus dans le giron de l’accord de Paris, faisant ainsi de la prochaine COP 26 qui aura lieu en novembre prochain la réunion la plus prometteuse en matière d’ambitions climatiques pour la prochaine décennie.