Points clés
Nous sommes confrontés à une urgence climatique. À l’heure où la pandémie de COVID-19 nous plonge dans une crise sanitaire et va provoquer de façon imminente une crise économique, il convient de réaffirmer l’engagement de l’UE en faveur de la transition vers une économie du bien-être durable, résiliente, neutre sur le plan climatique et efficace dans l’utilisation des ressources. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui, c’est de changements radicaux dans la culture, les infrastructures, les comportements, la participation et les moyens de subsistance, qui auront à la fois une incidence sur les citoyens, mais leur donneront aussi davantage de moyens d’agir à de multiples égards.Le changement climatique nous menace tous, mais, comme dans le cas de la pandémie, ce sont les populations les plus vulnérables et les plus marginalisées qui en subissent les effets les plus dévastateurs. Il est essentiel que la transition ne laisse personne de côté.
Le CESE insiste sur le fait que la participation active de toutes les composantes de la société, à savoir les entreprises, les travailleurs, les chercheurs, les consommateurs, les communautés et les citoyens et leurs organisations, est essentielle pour enclencher la transition vers la neutralité climatique.
Le CESE soutient dès lors l’appel lancé pour que l’Union européenne s’engage à parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050 et, en conséquence, ajuste son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Le rapport 2019 du programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions indique que les émissions mondiales doivent être réduites de 7,6 % par an à compter de maintenant, afin de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C. Si on effectue le calcul, cela signifierait que les émissions devraient être réduites d’au moins 68 % d’ici 2030.
Une transition vers un modèle participatif est nécessaire à tous les niveaux d’échelle et, dans le cadre de la mise en œuvre du pacte climatique, la Commission a une occasion et une obligation importantes de concevoir une approche novatrice qui reflétera, soutiendra et inspirera les actions déjà en cours au sein de la société civile, dans les communautés, les villes et les régions.
Les modèles participatifs qui sont ciblés de manière trop restrictive ou qui sont encadrés selon des dispositifs limitant l’ampleur des changements envisagés ou susceptibles d’être ignorés par l’institution qui les a mis en place, n’apporteront à ceux qui s’y engagent que distraction et désillusion.
L’Europe doit catalyser un changement systémique en faveur de l’action pour le climat grâce à l’innovation (technologique et sociale) en mettant en relation l’offre d’innovation avec les acteurs du côté de la demande, les porteurs de défis et ceux qui nourrissent un niveau élevé d’ambition en matière de changement. La transformation numérique devrait être guidée par les objectifs de développement durable afin de prévenir les risques, y compris ceux liés aux droits des travailleurs[1]. La mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, conjointement avec le pacte vert pour l’Europe, offre l’occasion d’assurer une transition juste axée sur l’objectif de fournir à chacun un emploi de qualité.
La plupart des acteurs de la société civile qui s’engagent dans l’action en faveur du climat estiment que les principaux problèmes auxquels ils sont confrontés résident dans le manque d’accès aux financements, d’expertise, de personnel et de reconnaissance, ainsi que dans l’absence d’un discours cohérent de la part de l’UE et des gouvernements nationaux.
Réaliser les objectifs européens et internationaux en matière de climat nécessitera des ressources financières considérables. Le budget du pacte vert pour l’Europe (fonds publics et privés) et les 750 milliards d’euros du fonds de relance, en ce compris les fonds alloués pour le processus du Semestre européen, devraient être axés sur une relance durable, notamment sur la lutte contre le changement climatique.
Fonder la conditionnalité des financements sur l’adoption de pratiques durables dans tous les secteurs devrait être la norme afin de concevoir des plans de relance pour l’après-COVID qui soient orientés vers le programme de développement durable des Nations unies à l’horizon 2030 et l’accord de Paris. La réponse en matière de relance pour l’après COVID-19 ne devrait pas être de revenir à notre point de départ, mais plutôt de faire un bond en avant vers quelque chose de nouveau et de mieux.
Un renforcement des capacités et une assistance technique sont nécessaires pour que tous les acteurs puissent assurer la transition vers un avenir plus résilient et plus durable. La création d’un forum de l’UE pour le financement de l’action climatique faciliterait l’accès aux ressources financières et éliminerait les obstacles.
Le CESE propose de mettre en place une plateforme européenne des parties prenantes du pacte pour le climat fondée sur les principes d’inclusion, de transparence, ainsi que d’une participation et d’une adhésion véritables des acteurs à l’action en faveur du climat à tous les niveaux.
Le pacte pour le climat devrait s’attacher à donner aux personnes le pouvoir de changer les systèmes, que ce soit par l’étude de nouvelles solutions, l’expérimentation ou la démonstration. Offrir des perspectives multiples, une vision, un message et permettre une analyse rétrospective associant tout le monde sont autant d’éléments essentiels. Il est important d’encourager et de faciliter un large éventail d’initiatives en faveur du climat.
[1] Réseau des solutions pour le développement durable des Nations unies (SDSN), Six Transformations to achieve the Sustainable Development Goals (six transformations pour atteindre les objectifs de développement durable).