Au sein de l’Union européenne, l’égalité entre les femmes et les hommes progresse, mais toujours à pas de tortue

Helena Dalli, Evelyn Regner, EESC President Oliver Ršpke, Laurentiu Plosceanu

Malgré plusieurs avancées récentes et les niveaux records atteints cette année par l’indice d’égalité de genre de l’UE, le chemin est encore long avant que les femmes ne bénéficient des mêmes droits que les hommes dans de nombreux domaines.

Le 25 octobre, le Comité économique et social européen (CESE) a tenu un débat avec Helena Dalli, commissaire à l’égalité, et Evelyn Regner, vice-présidente du Parlement européen, à l’occasion de la Semaine de l’égalité entre les hommes et les femmes, une manifestation organisée chaque année par le Parlement afin de mettre en avant les efforts que l’Union déploie en continu pour accorder aux femmes une place centrale dans la législation.

Nous nous trouvons à un moment charnière, si nous regardons l’ensemble des avancées accomplies ces dernières années, mais l’heure est aussi venue de nous projeter plus loin vers l’avenir et de définir les prochaines étapes que devront suivre les politiques de l’Union en matière d’égalité entre les femmes et les hommes, a déclaré Oliver Röpke, le président du CESE.

Sur la question de l’égalité hommes-femmes, les mentalités n’ont, dans l’ensemble, pas évolué ni changé autant que nous l’aurions souhaité, a déploré la vice-présidente Regner.

Si des progrès ont certes été réalisés, ils s’avèrent loin d’être satisfaisants. En 2023, l’indice d’égalité de genre de l’UE a connu la plus forte augmentation annuelle de son histoire, portant le score de l’Union à 70,2 points, comme l’a annoncé cette semaine l’Institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes (EIGE).

Nous avons atteint les meilleurs chiffres jamais enregistrés. Cela paraît formidable, mais tout avance à pas de tortue. Nous perdons du terrain, notamment pour ce qui concerne l’égalité des chances sur le marché du travail, a affirmé Mme Regner.

Le marché du travail reste cloisonné, toujours marqué par la séparation traditionnelle entre les emplois qualifiés de masculins et de féminins, les femmes étant ainsi souvent employées dans des secteurs où les salaires sont faibles, tels que celui des services à la personne, et les hommes dans des secteurs offrant des rémunérations élevées, comme ceux touchant aux sciences, aux technologies, à l’ingénierie et aux mathématiques (STIM).

Ces quatre dernières années, nous nous sommes attachés à promouvoir et à protéger les droits des femmes à toutes les étapes du processus décisionnel, depuis l’élaboration des politiques jusqu’à leur mise en œuvre. Pour que les femmes et les filles puissent s’épanouir, prendre des initiatives et être libres, nous avons proposé une législation visant à lutter contre la discrimination salariale et à encourager la présence des femmes au sein des conseils d’administration, et nous avons introduit un ensemble de règles contraignantes pour combattre la violence à leur égard, a déclaré Mme Dalli devant l’assemblée plénière du CESE, où se tenait le débat.

Ce n’est qu’en unissant nos forces que nous pourrons apporter, sur le plan politique, une solution inclusive, globale et durable. Le Comité économique et social européen joue un rôle déterminant s’agissant de bâtir une union de l’égalité. En tant que porte-parole des organisations de la société civile et des partenaires sociaux, il est en mesure, grâce au dialogue social, de favoriser un sentiment d’appartenance et de promouvoir nos valeurs communes, a ajouté Mme Dalli.

Cette année, la proposition de la Commission portant sur des mesures contraignantes en matière de transparence des rémunérations a été adoptée sous la forme d’une directive, qui doit être mise en œuvre dans un délai de trois ans. Elle contribuera à lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes pour ce qui est de la rémunération et des perspectives de carrière sur le marché du travail de l’Union.

En outre, après dix ans de négociations, la directive sur l’équilibre hommes-femmes dans les conseils d’administration des entreprises a finalement été adoptée en 2022. Elle vise à améliorer la répartition des postes de décision entre les hommes et les femmes dans les plus grandes sociétés cotées en bourse de l’Union.

La Commission a également adopté une nouvelle proposition de directive européenne sur la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, qui viendra compléter les exigences posées par la convention d’Istanbul. La proposition en question entend introduire des règles minimales ciblées sur les droits des victimes de violences sexistes et domestiques, et ériger en infraction pénale les formes les plus graves de violence à l’égard des femmes, y compris la cyberviolence.

La récente adhésion de l’Union européenne à la convention d’Istanbul marque une étape extrêmement utile et importante. Nous félicitons chaleureusement la Commission européenne, le Parlement européen et le Comité économique et social européen pour la force de leurs propositions, débats, rapports et avis, a déclaré Sarah E. Hendriks, directrice exécutive adjointe ad interim d’ONU Femmes chargée des politiques, des programmes, de la société civile et de l’appui intergouvernemental, dans un message vidéo diffusé lors de la session plénière.

Le président du CESE a assuré que le Comité souhaitait montrer l’exemple et qu’il s’efforçait par conséquent de renouveler ses efforts pour intégrer la question de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous ses travaux politiques et pour encourager les femmes à occuper des postes de direction dans ses propres rangs.

Maria Nikolopoulou, vice-présidente du groupe Égalité, que le CESE a créé pour faire progresser les questions d’égalité en son sein, a fait savoir que les femmes représentent actuellement 33 % de l’ensemble des membres du CESE, d’où l’existence de certaines difficultés à les faire participer à toutes les activités du Comité. Nous devons préparer le terrain pour le prochain renouvellement du Comité et convaincre les États membres et les organisations de s’engager à garantir une plus grande représentation des femmes.

La 4e édition de la Semaine de l’égalité entre les hommes et les femmes, organisée chaque année par le Parlement européen, se tient durant la dernière semaine d’octobre 2023 sous le titre Gender Equality: What's next? (Égalité hommes-femmes: quelle suite?). Elle a pour objectif de sensibiliser l’opinion à l’importance de parvenir à l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines.

Cette année encore, le CESE prendra part à cette initiative et organisera plusieurs débats sur l’égalité des genres, consacrés notamment aux effets de la crise climatique sur cette égalité, à la violence à l’égard des femmes et à l’accès inégal des hommes et des femmes aux marchés financiers.