Comment mieux se préparer aux prochaines crises du coût de la vie ?

Aux États-Unis, des responsables politiques démocrates ont récemment demandé à des électeurs de définir leurs priorités en sélectionnant une proposition parmi les deux qui leur étaient présentées. Les répondants ont à chaque fois dû choisir entre la capacité à joindre les deux bouts et un autre sujet de préoccupation. Le coût de la vie est arrivé devant tous les autres aspects, y compris l’avortement et la défense des institutions démocratiques. Seule la santé s’est avérée plus importante à leurs yeux. Ce constat ne devrait guère surprendre les observateurs de la scène politique de part et d’autre de l’Atlantique étant donné qu’à de multiples reprises, des candidats qui se sont présentés en défenseurs du budget des ménages ont battu des élus qui avaient eu le malheur d’être aux commandes en période d’inflation. Cette question revêt donc une importance politique évidente.

Les évolutions récentes laissent à penser que le pic d’inflation a été atteint et que l’urgence de la situation se réduit à mesure que les salaires rattrapent leur retard. Le travail de la section ECO et d’Elena Calistru (groupe III) en tant que rapporteur conserve néanmoins tout son intérêt: l’idée est de mieux se préparer aux crises à venir, en tenant compte des aspects traités par d’autres sections du CESE, y compris les coûts du logement et de l’énergie. Cette démarche s’inscrit dans une volonté générale du Comité d’exprimer des points de vue cohérents sur cet ensemble de préoccupations au moyen d’avis élaborés par les sections et d’un avis-cadre qui leur apportera une plus-value. La section ECO a procédé à une audition d’institutions et d’organisations de la société civile, ce qui s’est reflété dans les résultats des travaux du groupe d’étude. Les participants se sont dits confiants dans les atouts sous-jacents de l’Europe, qui constituent une base solide pour améliorer le niveau de préparation.

Le groupe d’étude de la section ECO s’est concentré sur les mesures à même de favoriser une économie résiliente, cohésive et inclusive. Dès que l’on parle de «mesures», l’on s’attend ou l’on craint parfois une ingérence dans le fonctionnement normal des marchés. Ce fonctionnement est évidemment sensible, et la panique ou le contrôle des prix risquent de perturber un équilibre sain à plus long terme entre l’offre et la demande.

L’avis suit une voie logique, qui commence par la collecte de données sur les chaînes d’approvisionnement, les prix et les catégories de ménages et de régions les plus vulnérables. Les données doivent être recueillies le plus en amont possible, autour de vingt indicateurs clés, ne serait-ce que pour donner de la visibilité au suivi. Ces informations sont essentielles pour permettre une réaction rapide aux situations de tension, dans le respect des principes suivants:

  • l’économie de marché est le principal mécanisme de fixation des prix;
  • l’application du droit de la concurrence doit empêcher les abus de position économique;
  • il ne faut pas mettre en péril la croissance.

Par conséquent, et compte tenu des enseignements tirés des situations de crise précédentes, toute mesure devrait être strictement temporaire et ciblée, en gardant à l’esprit que les États membres restent compétents en matière de politique sociale. Dans le même temps, les mesures envisagées doivent contribuer à stabiliser l’économie et à exploiter les fonds et les investissements disponibles, sans perdre de vue la nécessité de maintenir la dette à un niveau soutenable et de réduire les formalités administratives, en particulier lorsqu’une intervention rapide s’impose.

 

Wauthier Robyns, Membre du groupe des employeurs du CESE et Membre du groupe d'étude de l'avis ECO/661 Sortir des crises — Mesures en faveur d’une économie européenne résiliente, cohésive et inclusive.