Le CESE s’associe aux efforts déployés par l’Union européenne pour lutter contre l’antisémitisme

Face à l’augmentation de la discrimination et des crimes de haine à l’encontre des Juifs en Europe, le CESE soutient la toute première stratégie européenne de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive en tant qu’élément indispensable de la culture européenne et condition préalable à la préservation des valeurs communes de l’Union européenne (UE)

Le 10 février, le Comité économique et social européen (CESE) a organisé un débat sur la première stratégie européenne en la matière qui a été adoptée afin de mettre un terme aux incidents antisémites qui sont en augmentation en Europe et d’unir les forces en présence pour soutenir la tradition et la culture juives en tant que partie intégrante de l’identité, du patrimoine et de l’avenir de l’Europe. Cette stratégie nécessitera des efforts de la part des institutions de l’UE, des États membres ainsi que sur le terrain.

Le débat a eu lieu le 10 février dans le cadre de l’examen en cours par le CESE de la stratégie de l’UE de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive, sur laquelle il élabore un avis dont l’adoption est prévue lors de sa session plénière de mars.

Outre les membres du CESE, ont participé au débat la coordinatrice de la Commission européenne chargée de la lutte contre l’antisémitisme, Katharina von Schnurbein, et des représentants des principales organisations juives de l’UE: le Congrès juif européen et le CEJI — Une contribution juive à une Europe inclusive.

En ouverture du débat, Christa Schweng, présidente du CESE, a déclaré: En sa qualité de représentant de la société civile dans l’Union européenne, le CESE considère qu’il est urgent d’agir pour faire en sorte que les Juifs en Europe puissent vivre selon leurs traditions religieuses et culturelles. Grâce à des politiques globales de l’Union européenne, nous devrions veiller à ce que l’antisémitisme, le racisme et la xénophobie n’aient pas leur place en Europe ni au-delà. Nous voulons une société tolérante, non discriminatoire et plurielle.

Toutefois, les chiffres actuels montrent que, plus de soixante-dix ans après l’Holocauste, l’antisémitisme a augmenté en Europe au cours de la dernière décennie. Plus de la moitié des Européens perçoivent la négation de l’Holocauste comme un problème dans leur pays. Un Européen sur vingt n’en a même jamais entendu parler.

Selon une enquête réalisée en 2018 par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA), 85 % des Juifs européens considèrent l’antisémitisme comme un problème grave dans leur pays et 40 % craignent d’être agressés physiquement. Quelque 38 % des répondants à l’enquête de la FRA ont déclaré qu’ils avaient envisagé d’émigrer parce qu’ils ne se sentaient plus en sécurité en tant que juifs dans l’UE.

La situation s’est aggravée après le début de la pandémie de COVID-19, qui a déclenché la propagation de théories du complot et de la rhétorique haineuse, ciblant souvent les Juifs et alimentant de nouvelles formes d’antisémitisme, en particulier sur les réseaux sociaux.

Selon Mme von Schnurbein, une étude de la Commission européenne de juin 2021 a fait état, pour la seule première année de pandémie, d’une explosion de contenus antisémites en ligne: une multiplication par sept du nombre de commentaires antisémites sur les comptes en langue française et par treize sur les comptes en langue allemande.

Mme von Schnurbein a déclaré: L’antisémitisme est une menace pour les Juifs mais également pour les personnes non-juives. Il menace nos valeurs, notre société dans son ensemble et le mode de vie européen. En conséquence, il nous est clairement apparu que nous avions le devoir d’agir. Cette stratégie est la première du genre et elle traduit notre engagement sans équivoque non seulement à intensifier la lutte contre l’antisémitisme, mais aussi à y mettre un terme. Nous sommes déterminés à utiliser tous les outils à notre disposition dans le cadre d’un ensemble d’actions globales et ciblées visant à lutter contre l’antisémitisme, d’une part, et à soutenir la vie juive, d’autre part, et ce à travers tout le spectre politique.

Raya Kalenova, vice-présidente exécutive et directrice générale du Congrès juif européen, a déclaré: La stratégie de l’UE n’aurait pas pu voir le jour à un moment plus crucial pour les Juifs européens, car nombre d’entre eux ont aujourd’hui peur de révéler leur identité en ligne et hors ligne. Cette stratégie contribuera dans une large mesure à garantir en les préservant un avenir à la vie et à la culture juives dans l’UE et au-delà. Cela nous rend optimistes pour l’avenir. Nous ne nous sentons plus seuls.

Mme Kalenova a salué les efforts de la Commission, ajoutant que celle-ci avait tenu compte des préoccupations exprimées par la communauté juive et intégré ses propositions et ses recommandations dans la stratégie.

L’antisémitisme, ou toute autre forme de haine, ne sera pas combattu avec une commémoration, ou un débat politique, ni même au moyen d’une multitude d’initiatives ponctuelles menées en ordre dispersé et sans lien les unes avec les autre, a déclaré Robin Sclafani, directrice du CEJI. Son organisation soutient dès lors l’appel de l’UE à l’élaboration de plans nationaux d’ensemble et reconnaît l’importance cruciale des approches éducative, sociale et culturelle pour prévenir et contrer les discours négatifs sur les Juifs et le judaïsme.

Outre la lutte contre l’antisémitisme, la stratégie vise donc également à soutenir la judéité en tant qu’élément essentiel et inhérent à l’identité européenne. Cependant, malgré la présence de longue date des Juifs dans la société européenne, la moyenne des Européens connaît peu et comprend mal la culture et les traditions juives.

Dans son avis, le CESE mettra fortement l’accent sur l’éducation et sur le rapprochement de la culture juive des citoyens et du grand public. Les intervenants ont souligné qu’en tant que pont entre les décideurs de l’UE et le niveau local, le Comité est particulièrement bien placé pour apporter une contribution décisive à l’effort engagé pour l’avènement d’une société inclusive et plurielle.

Grâce à diverses activités et initiatives, la nouvelle stratégie placera également la mémoire de l’Holocauste au cœur des efforts visant à renforcer la démocratie européenne et à mettre en garde contre les dangers de l’antisémitisme et de toute autre forme de discrimination.

Rappelant son lieu de naissance, Thessalonique, ville de l’une des communautés juives les plus anciennes d’Europe, qui était également connue sous le nom de Jérusalem des Balkans, et soulignant l’assassinat de Juifs qui l’habitaient dans la Grèce occupée pendant la Seconde Guerre mondiale, Dimitris Dimitriadis, membre du CESE et président de sa section Relations extérieures, a souligné que l’antisémitisme est un phénomène international.

Il a pointé en outre l’importance de garder vivante la mémoire de l’Histoire: L’avenir ne sera pas le même si nous ne luttons pas contre ce phénomène. C’est une responsabilité qui incombe à la société, mais aussi à chacun d’entre nous, si l’on veut lutter contre l’antisémitisme. Nous sommes tous concernés.

L’avis en cours d’élaboration a été présenté par Tamás Büchler, expert du rapporteur du CESE, Ákos Topolánszky. Présentée en octobre 2021, la stratégie de l’UE de lutte contre l’antisémitisme et de soutien à la vie juive sera mise en œuvre au cours de la période 2021-2030. La Commission invite le Parlement européen et le Conseil à apporter leur appui dans cette mise en œuvre. Les stratégies nationales devraient être adoptées d’ici la fin de l’année 2022 et seront évaluées par la Commission d’ici la fin de l’année 2023.