Forum européen sur la migration: il est grand temps d’adopter une gestion humaine de la migration qui ne laisse personne de côté

Le Forum européen sur la migration (FEM) s’est tenu pendant deux jours. Organisé à distance par le Comité économique et social européen (CESE) et la Commission européenne, il a souligné le rôle indispensable joué par les migrants pendant la pandémie et le potentiel considérable de leur contribution à la relance économique et sociale de l’UE après la crise de la COVID-19.

Le sixième Forum européen sur la migration (FEM), plateforme de dialogue sur les questions migratoires, s’est ouvert le 27 octobre dernier, après une interruption d’un an causée par la pandémie de COVID-19, avec pour objectif d’examiner de plus près la gestion des migrations pendant la crise sanitaire et à sa suite.

L’édition de cette année, intitulée De la pandémie à la relance: les défis et les meilleures pratiques en matière de gestion des migrations, était organisée dans le cadre de la conférence sur l’avenir de l’Europe. Elle a mis en lumière certaines des questions dont le traitement apparaît comme une condition préalable à la réussite de l’intégration des migrants après la crise de la COVID-19.

Ces questions sont celles de l’accès des enfants migrants à l’éducation, de l’inclusion numérique des migrants et des voies légales de migration, l’accent étant mis en particulier sur le parrainage des communautés et la contribution des migrants à la reprise.

La situation de nombreux migrants s’est détériorée pendant la pandémie. Il a été dit au cours du Forum que, bien que bon nombre d’entre eux jouent un rôle crucial, puisqu’ils représentent 30 % des travailleurs essentiels qui ont veillé à ce que la vie ne s’arrête pas pendant les périodes de confinement, les migrants sont parmi les personnes les plus durement touchées, car ils ont plus de chances de perdre leur emploi, ont deux à quatre fois plus de risques de mourir de la COVID-19 et ont un accès restreint à l’éducation en ligne.

Les principales intervenantes de la manifestation, la présidente du CESE Christa Schweng et la commissaire européenne chargée des affaires intérieures, Ylva Johansson, ont souligné l’importance d’un emploi et d’une éducation inclusifs, ainsi que le rôle des communautés locales et des partenaires sociaux pour une intégration réussie des migrants.

Les deux intervenantes ont plaidé en faveur du renforcement d’un discours plus positif sur la migration, étant donné que le discours actuel est presque entièrement axé sur la gestion des frontières et les entrées irrégulières. Elles ont fermement condamné les récentes violations des droits de l’homme aux frontières extérieures de l’UE.

Mme Schweng a déclaré que le CESE déplore le manque de solidarité et d’ambition montré par certains États membres dans le domaine de la migration.

Nous ne voyons pas une véritable transition, consistant à passer d’une position fondée sur la protection des frontières de l’UE et la lutte contre la migration irrégulière à un véritable équilibre entre solidarité et responsabilité. Il est temps de mettre en place une stratégie de gestion des migrations qui soit réaliste, humaine et durable, ne laisse personne de côté et reconnaisse la contribution des migrants à la reprise, a souligné la présidente du CESE.

Il est inacceptable d’utiliser les migrants et les réfugiés comme outil politique, car cela viole les valeurs européennes fondamentales et le droit international. Le CESE s’oppose à toute tentative de légalisation des “pushbacks”, ces refoulements accompagnés de violence, a ajouté Mme Schweng, évoquant les événements violents qui ont eu lieu récemment à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie.

Mme Johansson a quant à elle déclaré: L’Europe est confrontée à des défis complexes et inattendus, dont le plus épineux aujourd’hui est le trafic de migrants orchestré au niveau de l’État par la Biélorussie.

Pour lutter contre ce phénomène, la Commission européenne a lancé un nouveau plan d’action contre le trafic de migrants, qui va de pair avec la lutte contre l’emploi illégal, l’un des principaux facteurs de la migration irrégulière.

Mme Johansson a souligné le rôle essentiel joué par les ONG, les partenaires sociaux et les autorités locales, ainsi que les migrants et leurs organisations, dans la reprise après la pandémie. Elle a demandé à la société civile d’apporter son soutien pour décourager l’emploi illégal et mettre en œuvre l’accord relatif à la carte bleue européenne, en vertu duquel les ressortissants de pays tiers dotés de compétences élevées seront légalement autorisés à travailler dans l’UE.

Vous êtes les mieux placés pour aider les États membres à appliquer efficacement les règles existantes de l’UE. Des progrès constructifs sur les autres dossiers législatifs relevant du nouveau pacte sont désormais essentiels pour protéger les frontières de l’UE et renforcer encore la capacité de l’Europe à gérer les migrations, à accueillir ceux qui ont le droit d’entrer et à offrir un traitement humain et des conditions de retour dignes à ceux qui ne bénéficient pas de ce droit, conformément aux valeurs et aux principes de l’UE, a déclaré la commissaire.

Le FEM a rassemblé plus de 200 représentants d’organisations de la société civile, de collectivités régionales et locales et d’institutions européennes et internationales qui œuvrent activement pour l’inclusion des migrants dans leurs communautés d’accueil.

Les participants ont procédé à un échange de vues sur les bonnes pratiques et les projets dans les domaines de l’éducation, du parrainage communautaire et de l’information numérique et ont présenté des propositions visant à rendre la société européenne plus inclusive.

En conclusion de la manifestation, Marie Paule Dominique N’Guessan, membre du bureau du FME, a déclaré: Il est important d’associer chaque partie de la société européenne à l’élaboration des politiques et à la modification du discours sur la migration, en commençant avant tout par les villes et les collectivités locales et régionales et surtout en associant les migrants et les réfugiés eux-mêmes, sans laisser les organisations de la société civile être seules à mettre en œuvre des projets et à assurer l’intégration et l’inclusion des migrants.

Les résultats du forum seront partagés sur le site web de la manifestation et sur la plateforme de la conférence sur l’avenir de l’Europe, qui permet aux citoyens de toute l’Europe de partager leurs idées et de contribuer à façonner notre avenir commun.

 

CONTEXTE

Le Forum européen sur la migration a été créé en 2015 en tant que plateforme de dialogue entre la société civile, les institutions et les pouvoirs publics sur des questions relatives à la migration et à l’intégration des ressortissants de pays tiers. Il se réunit une fois par an pour examiner les derniers développements politiques et rassembler et échanger des informations sur la manière dont les politiques européennes sont mises en œuvre aux niveaux régional et local, sur le terrain.

Lors des éditions précédentes, des thèmes relatifs à la sécurité des routes migratoires, à la migration durable de la main-d’œuvre et à l’accès des migrants aux droits et aux services et à l’UE, ou encore à un marché du travail européen plus inclusif pour les migrants, ont été abordés.

Le choix de la thématique de cette année s’est appuyé sur les contributions des organisations de la société civile au cours des processus de consultation menés plus tôt cette année.