Quelle compétitivité dans le nouveau modèle européen de croissance ?

Photo of Employers' Group in Paris

Emmanuel Macron a lancé la présidence française du Conseil de l’UE en proposant un nouveau modèle de croissance européen. Ce dernier devrait permettre de créer des emplois, de concilier développement économique et ambition climatique, de répondre aux défis numériques et de s’appuyer sur un cadre financier européen remanié.

Mais comment faire en sorte que l’Europe puisse résoudre le paradoxe qui oppose, d’une part, croissance et prospérité, et d’autre part, un avenir durable pour notre planète? Comment mener à bien cette transition juste tout en garantissant la compétitivité de nos entreprises?

Pour répondre à ces questions, le groupe des employeurs du CESE a rencontré, le 15 mars, des orateurs de haut niveau issus d’entreprises, du monde universitaire et d’autres institutions de l’Union.

Dans ses remarques liminaires, Stefano Mallia a fait observer qu’au moment où elle a été planifiée, cette manifestation s’inscrivait dans un contexte différent. Depuis le début de la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine, les domaines qui figurent au premier rang des priorités sont désormais la sécurité, l’énergie et les migrations. Ce bouleversement a aussi pu être observé au sommet du Conseil européen à Versailles, lors duquel les participants devaient à l’origine examiner le nouveau modèle de croissance européen, mais dont le programme a été modifié afin d’adopter une déclaration sur l’agression russe contre l’Ukraine.

Toutefois, la prospérité européenne est la meilleure démonstration du bien-fondé de nos valeurs et du fait qu’elles contribuent à la santé et la résilience de notre société. Par conséquent, ce débat est d’autant plus opportun dans un tel contexte.

Débat 1 — Dimension intérieure de la compétitivité de l'UE : libérer tout le potentiel du marché unique

La compétitivité de l’Europe commence sur son propre territoire. Pour donner à ses entreprises, et en particulier aux PME, la possibilité de prospérer, elle doit faire en sorte de supprimer tous les obstacles qui entravent les capacités de son marché unique. L’Europe doit fournir à ses entreprises un cadre concurrentiel qui attire les compétences et les investissements, permet l’innovation et protège les PME.

 Il ne fait aucun doute que pour rester compétitive, l’Europe doit s’assurer de mener à bien la double transition, et les investissements seront un facteur clé à cet égard. Sandrine Gaudin, secrétaire générale des affaires européennes et conseillère Europe auprès du Premier minister, qui a prononcé le discours liminaire lors de l'événement, a déclaré: «Nous avons un besoin colossal d’investissement - et nous avons besoin d'un cadre budgétaire qui permette de réduire l’endettement mais aussi d’assurer ces investissements aux États membres d'investir, surtout dans les technologies innovantes, aussi pour combler l'écart avec les Etats Unis. »

Les législateurs devraient toujours avoir à l’esprit la compétitivité du marché unique. Par conséquent, il convient de mettre en place un contrôle de la compétitivité de l’ensemble des initiatives de l’Union en tant que mesure de contrôle destinée à éviter les propositions qui entravent le renforcement de la compétitivité, la création d’emplois et la croissance durable.

Il est ressorti des débats que l’Europe devait davantage veiller à «faciliter les affaires», par exemple, en simplifiant l’entrée sur le marché et en assurant un accès plus aisé aux financements.

Débat 2 — Dimension extérieure de la compétitivité de l'UE: affirmer la place de l'Europe dans le monde

L’autonomie stratégique est devenue une priorité essentielle au cours des dernières années. La crise de la COVID-19 a contraint l’Europe à prendre conscience, avec regret, de sa dépendance à l’égard des autres marchés (une réalité difficile qui s’est révélée encore plus pressante avec l’éclatement de la guerre de la Russie contre l’Ukraine), et a mis en évidence, davantage encore, la nécessité de minimiser et de diversifier les dépendances en ce qui concerne par exemple les matières premières, l’énergie et les produits agroalimentaires.

Toutefois, il n’est aucunement question d’encourager la construction d’une «forteresse européenne». En revanche, plutôt que de rester naïve, l’Europe doit créer une structure commerciale offensive qui limite autant que possible sa dépendance vis-à-vis des acteurs uniques, tout en continuant d’entretenir des relations avec ses partenaires extérieurs.

En fin de compte, l’Europe a beaucoup à offrir. Nous devons être conscients de nos atouts et en tirer parti.

Christa Schweng, présidente du CESE, a déclaré lors de la réunion: «Nos entreprises, et en particulier nos PME, sont le moteur qui tire la société européenne vers un avenir plus prospère sur le plan économique, plus inclusif sur le plan social et plus durable sur le plan environnemental.» La réunion a clairement montré que le nouveau modèle de croissance européen doit rester centré sur la compétitivité des entreprises.