Pour le CESE, il faut investir dans le transport par voies navigables intérieures

Dans son avis adopté lors de la session plénière de janvier, le Comité économique et social européen (CESE) soutient le transport multimodal et la navigation intelligente, en soulignant que le transport par voies navigables intérieures, essentiel pour l’avenir, doit être préservé et développé.

L’Union doit constamment adapter les transports européens aux besoins d’aujourd’hui comme de demain, d’autant que la demande évolue et que le chiffre d’affaires des ports maritimes augmente. Cette démarche doit reposer avant tout sur le principe de la multimodalité et de la navigation intelligente, c’est-à-dire qu’il convient d’exploiter de manière optimale les atouts de chacun des modes de transport pour obtenir les meilleurs résultats possibles, tout en en augmentant la sécurité et en atténuant la charge qu’ils font peser sur l’environnement.

Tel est le principal message de l’avis élaboré par Mateusz Szymański, adopté lors de la session plénière de janvier du CESE et consacré à la communication de la Commission intitulée «NAIADES III: Moderniser le transport par voies navigables intérieures en Europe en assurant sa pérennité».

M. Szymański a fait la déclaration suivante en marge de la réunion: Le programme NAIADES III constitue un plan d’action essentiel. Le CESE soutient les efforts visant à accroître la proportion de transport par voies navigables intérieures, pour le transport de passagers comme de marchandises. Ce domaine recèle un énorme potentiel encore inexploité. Nous avons besoin d’une volonté et d’un engagement politiques à de multiples niveaux pour mettre en place des mesures destinées à soutenir le développement et l’entretien des infrastructures, ainsi qu’à promouvoir le transport par voies navigables comme secteur professionnel d’avenir. Il faut aussi moderniser le réseau transeuropéen de transport pour répondre aux nouvelles tendances en matière de transport.

Développement et maintenance: des infrastructures essentielles

La Commission tient compte des problèmes importants auxquels le transport par voies navigables est confronté dans son développement; le CESE soutient donc, dans le principe, les orientations et objectifs présentés dans la communication. Le Comité recommande néanmoins de hiérarchiser ces objectifs pour parvenir à un véritable changement: ce dont nous avons surtout besoin, c’est, à long terme, de développer et d’entretenir l’infrastructure de voies navigables et, à court terme, de déployer ce mode de transport à l’intérieur des villes.

Selon le CESE, les changements envisagés par la Commission s’avéreront inopérants s’ils ne peuvent s’appuyer sur les infrastructures voulues, jetant les fondations sur lesquelles ce type de transport pourra asseoir son épanouissement et sa pérennité. S’ils n’ont pas espoir que les conditions de navigation sur les voies navigables intérieures iront s’améliorant, les armateurs ne prendront pas le risque d’investir dans une flotte modernisée, tandis que les pouvoirs locaux des différents pays ne manifesteront aucun intérêt pour la création de terminaux intermodaux.

Les nouvelles technologies exigent de nouvelles compétences et qualifications de la part des équipages

Il convient aussi d’insister tout particulièrement sur les questions en rapport avec la situation des équipages. Les nouvelles technologies exigeant de nouvelles compétences et qualifications, des investissements s’imposent dans ce domaine. L’inaction en la matière fait courir des risques pour la sécurité des travailleurs, des membres d’équipage et des passagers.

À cet égard, le CESE souligne que les États membres devront procéder à la mise en œuvre adéquate de la directive (UE) 2017/2397 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la navigation intérieure. En outre, les conditions d’emploi, y compris les règles relatives au temps de travail, la législation adéquate en matière de protection sociale pour le détachement de travailleurs et la santé et la sécurité au travail dans le secteur devraient être améliorées.

Les pouvoirs publics européens, nationaux et locaux doivent conjuguer leurs efforts

Le CESE tient également à relever que nombre d’annonces et d’activités envisagées n’ont pas été mises à exécution. Il est dès lors capital que les pouvoirs publics européens, nationaux et locaux soient pleinement associés et déterminés à atteindre ces objectifs, compte tenu de leurs compétences respectives.

Cette exigence vaut aussi pour les sources de financement, qui doivent comporter des ressources tant européennes que nationales. À cet égard, le CESE a le regret de constater que, malheureusement, les investissements dans le transport par voies navigables intérieures ne figurent que dans une mesure limitée dans les plans nationaux pour la reprise présentés par les États membres.

Éléments de contexte

Le pacte vert pour l’Europe et la stratégie de mobilité durable et intelligente définissent les objectifs visant à accroître le rôle du transport par voies navigables intérieures et à rendre tous les modes de transport plus durables, conformément à l’objectif de neutralité climatique et à l’ambition «zéro pollution» de l’Union.

Le transport par voies navigables intérieures est déterminant dans les efforts déployés par l’Union pour décarboner le système de transport, puisqu’il représente, avec le transport ferroviaire, l’un des modes de transport qui produit le moins d’émissions de CO2.

En juin 2021, la Commission a présenté le plan d’action NAIADES III (programme d’action européen intégré pour le transport par voies navigables) pour la période 2021-2027, dans le but d’accroître substantiellement la part du transport de marchandises par voies navigables intérieures.

Cette communication ouvre la voie vers cette transformation, en répondant aux ambitions de la transition écologique et numérique du secteur, tout en offrant des emplois attrayants et durables.