Des salaires minimums décents dans toute l'Europe - Communiqué de presse

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L'Union européenne est confrontée à la plus grande récession économique de son histoire en raison de la pandémie de COVID-19 et nous devons faire en sorte qu'elle ne se transforme pas en crise sociale et que les travailleurs n'en paient pas le prix. L'avis du CESE sur «Des salaires minimum décents dans toute l’Europe», demandé par le Parlement européen, explore le paysage des salaires et les moyens possibles de garantir que tout travailleur en Europe bénéficie d'un salaire minimum équitable. L'action au niveau européen pourrait produire de la valeur ajoutée en veillant à ce que les États membres ne puissent pas établir leurs salaires minimum légaux en dessous d'un niveau décent qui devrait être situé bien au-delà du seuil de pauvreté, s'assurant de cette manière que ce n'est pas seulement un salaire minimum, mais un salaire qui permet un niveau de vie décent. La sauvegarde d'emplois de qualité, la garantie de salaires décents, y compris de salaires minimum, et un renforcement de la couverture des négociations collectives doivent faire partie intégrante de la stratégie de relance de l'UE.

De nombreux travailleurs des services essentiels, qui ont permis le fonctionnement sans interruption de nos communautés et de nos économies au pic de la pandémie, reçoivent un salaire minimum et sont souvent sous-estimés et sous-payés. Les salaires minimum décents constituent un instrument essentiel pour faire face à des situations comme la pauvreté au travail et l'exclusion sociale. Le groupe des travailleurs a la ferme conviction que l'UE a un rôle à jouer dans ce domaine tout en respectant pleinement l'autonomie et le rôle des partenaires sociaux eu égard à la fixation des salaires et au maintien des systèmes sur la base desquels les salaires sont fixés par des conventions collectives. Il salue par conséquent la promesse de la Commission européenne de présenter une initiative législative sur des salaires minimum décents. Une telle action constituerait un élément central de la mise en œuvre du socle européen des droits sociaux, contribuerait à une convergence des salaires vers le haut au sein de l'UE et freinerait le nivellement par le bas dans la concurrence salariale entre États-Membres.

L'urgence de la pandémie a une nouvelle fois mis en exergue les nombreuses faiblesses des marchés de travail européens, notamment l'insécurité à laquelle font face de nombreux travailleurs. La hausse du chômage, la diminution du taux de syndicalisation et de la couverture des négociations collectives, les énormes divergences salariales au sein des différents pays et entre eux, ainsi que la prolifération de ce qu'on appelle les nouvelles formes de travail, qui ne s'accompagnent pas de protections adéquates, sont des aspects marquants de ce paysage troublant. Beaucoup trop de travailleurs, en particulier les plus vulnérables, n'ont pas accès aux mécanismes traditionnels de protection sociale, ils sont contraints à accepter un statut d'indépendant factice et ne sont pas couverts par des négociations collectives. Cet avis évalue la nécessité d'une action au niveau de l'Union et examine la façon dont cette action visant à soutenir l'établissement de salaires minimum équitables et les négociations collectives permettrait d'améliorer les conditions de vie et de travail des travailleurs en Europe.

Le groupe des travailleurs estime que le socle européen des droits sociaux et les articles 153 et 155 du traité UE (TFUE) constituent un fonds et une base légale pour l'action à l'échelle européenne. Des enquêtes menées par le Comité en vue de la préparation de l'avis ont démontré un grand soutien des syndicats et des organisations de la société civile en faveur d'une telle initiative. Outre les salaires minimum, l'avis souligne également l'importance de l'établissement d'un cadre européen en matière de revenu minimum et de normes minimales communes en matière d’assurance chômage – des recommandations existantes du CESE – en vue de s'attaquer à la pauvreté au sein de l'Union européenne sous tous les angles possibles.

Saluant l'adoption de l'avis, le président du groupe des travailleurs, Oliver Röpke, a déclaré: « Si l'Europe aspire toujours à garantir un avenir équitable pour tous et toutes, la proposition en faveur d'une initiative sur les salaires minimum doit devenir réalité de toute urgence. Ce serait également un signal important à propos de la direction future de l'Europe. Nous nous attendons donc à ce que la proposition de la Commission européenne, qui sera présentée en octobre, constitue une avancée certaine afin de garantir que tous les travailleurs dans l'UE soient protégés par des salaires minimum équitables grâce auxquels ils puissent bénéficier d'un niveau de vie décent quel que soit le lieu de travail». Comme la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a affirmé dans son discours sur l’état de l’Union européenne, "La dignité du travail doit être sacrée". Des emplois de qualité, dotés de salaires équitables, notamment grâce à des rémunérations minimum décentes dans toute l'Europe, de même qu'un dialogue social et une négociation collective vigoureuse et effective sont des conditions primordiales pour pouvoir relever les défis sociaux, économiques et du marché de l'emploi et rendre ainsi possibles la relance et un avenir durable pour l'UE ».

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