Des élèves originaires des 27 États membres, des cinq pays candidats à l’adhésion à l’UE et d’une école européenne basée à Bruxelles ont participé au sommet de la jeunesse consacré à la désinformation, et présenté de vive voix leurs recommandations à Věra Jourová, vice-présidente exécutive de la Commission européenne.
Cette année, la manifestation «Votre Europe, Votre avis!» (YEYS), qui avait pour titre «La vérité sur les mensonges: les jeunes s’attaquent à la désinformation», a réuni 99 jeunes élèves et 44 enseignants originaires de différents pays afin de réfléchir, de prendre part à des ateliers de travail et de débattre de la manière qui permettrait de lutter plus efficacement contre la désinformation, d’améliorer leur propre éducation, celle de leurs coéquipiers et d’autres personnes.
Durant ces deux jours, les élèves ont participé par petits groupes à divers ateliers afin d’évoquer le contexte théorique et les connaissances dont on dispose sur la question de la désinformation. Ils ont également endossé le rôle de «trolls» et de diffuseurs de désinformations. Ils ont élaboré des campagnes de désinformation auxquelles ils se sont ensuite attaqués grâce à des campagnes d’information, à l’instar des journalistes. Au final, ils se sont trouvés mieux armés pour s’opposer aux fausses informations et pour lutter contre la désinformation. À l’issue des ateliers de travail, les élèves ont pu rédiger des recommandations et proposer un ensemble de politiques qui sera adressé à des représentants de haut niveau de l’UE. Huit des 99 élèves ont été choisis pour représenter chacun une équipe et informer Věra Jourová, vice-présidente exécutive de la Commission européenne, de leurs conclusions et de leurs suggestions lors de la séance de clôture présidée par Cillian Lohan, vice-président du CESE.
Les élèves ont formulé les recommandants suivantes:
- Les États membres de l’UE devraient lancer des campagnes publiques à l’échelle nationale et européenne afin d’informer des dangers de la désinformation et de la facilité avec laquelle les fausses informations peuvent polariser les gens et répandre des discours haineux.
- Il convient de mettre sur pied des programmes d’éducation. Les autorités nationales doivent impérativement concevoir et soutenir des formations consacrées à la désinformation et investir dans des activités montrant comment repérer et combattre les fausses informations. Des modules d’éducation aux médias ainsi que des outils d’apprentissage devraient être intégrés dans les programmes scolaires. La désinformation devrait en outre figurer parmi les thèmes du programme européen Erasmus.
- Des plateformes d’information devraient être créées à l’échelon national et/ou européen, afin d’identifier les sources d’information et d’obliger les diffuseurs de fausses informations à rendre compte des contenus qu’ils publient en ligne.
- La possibilité d’accéder à des sources fiables devrait être renforcée et il serait utile d’instaurer un mécanisme de vérification des faits. Il convient de mettre à profit la technologie pour garantir la transparence et l’on pourrait y parvenir d’une manière créative en utilisant des outils en ligne et des applications modernes telles que des vidéos ou bien des jeux.
- Il faut tout mettre en œuvre pour refuser la censure! L’éducation devrait toujours être la solution et la censure devrait être évitée. Les autorités et les gouvernements nationaux ne devraient pas suspendre ou restreindre la liberté d’expression; la vérité et la crédibilité sont autant de piliers qu’il convient de renforcer et de préserver en tant que compétences vitales au sein des sociétés participatives démocratiques.
- Il y a lieu d’accroître la surveillance systématique des contenus et de l’origine des sources. Les groupes cibles vulnérables devraient être protégés en limitant le risque que les diffuseurs de fausses informations les atteignent. Pour ce faire, on pourrait renforcer les contrôles portant sur l’identité de ceux qui publient des informations, tout en exigeant systématiquement des références et certifications.
- De nouvelles réglementations et une législation plus stricte pourraient déterminer les sanctions applicables aux contenus irrespectueux et aux fausses informations. Pour ce faire, un budget supplémentaire devrait être prévu.
- Des campagnes devraient être lancées en coopération avec les plateformes de médias sociaux et les entreprises qui développent des applications de médias sociaux afin de publier des messages d’avertissement et d’information et de concevoir des algorithmes capables de détecter les fausses informations.
Les intervenants suivants ont pris part à la manifestation:
Christa Schweng, présidente du CESE
«Ces propositions expriment vos attentes, vos espoirs et vos perspectives pour l’avenir: ce sont les points de vue de jeunes Européens énoncés à un moment critique pour la crédibilité de l’Europe en tant que zone de paix, de démocratie et de prospérité. Nous sommes là pour vous écouter!»
Cillian Lohan, vice-président du CESE
«Pour notre part, nous pouvons garantir que nous favorisons toujours l’expression de nouvelles voix et que nous ferons tout pour donner plus de résonnance aux vôtres afin qu’elles puissent être entendues!»
Věra Jourová, vice-présidente exécutive de la Commission européenne
«La désinformation n’est pas illégale, mais elle est néfaste. Nous devons prendre les dispositions nécessaires pour la combattre tout en préservant la liberté d’expression. Je veux vous encourager à ne laisser aucune place à des contenus très dangereux»
Rurd Oosterwoud, fondateur de DROG
«En montrant aux gens les stratégies et les techniques utilisées en matière de désinformation, nous pouvons les aider à comprendre son fonctionnement»
Juliane von Reppert-Bismarck, fondatrice de Lie Detectors
«La situation en Ukraine nous montre à quel point il est primordial de disposer d’informations fiables»
Les élèves:
«Même si aucun nouveau règlement n’est élaboré, la mise à jour de la législation en vigueur permettrait de renforcer les contrôles. Il faut poursuivre les personnes qui diffusent de fausses informations et participent à des activités illégales et sanctionner leurs actes.»
«La mise en place de mécanismes fiables de vérification des faits est de plus en plus nécessaire.»
«Les autorités ne devraient pas opter pour une censure générale ni une interdiction des contenus; toutes leurs initiatives doivent refléter la devise “Ne pas réduire au silence, faire mieux entendre!”».