European Economic
and Social Committee
L’Union européenne peut transformer les défis géopolitiques en nouvelles opportunités
L’Europe doit s’efforcer d’investir dans sa défense et sa sécurité, tout en préservant son modèle social. Des compromis financiers seront peut-être nécessaires en raison des défis géopolitiques qui nous obligent à repenser les priorités européennes. Le Comité économique et social européen (CESE) peut faciliter un dialogue social honnête sur les nouveaux besoins de l’UE.
Lors de sa session plénière d’avril, le CESE s’est penché sur la politique étrangère de l’Union dans ce nouveau climat géopolitique et les menaces complexes et croissantes qui pèsent sur l’Europe. Les participants ont répété que l’Europe doit réévaluer ses priorités stratégiques et renforcer sa position géopolitique à la lumière de l’agressivité de la Russie, des nouvelles politiques des États-Unis sous l’administration Trump et de la posture de plus en plus affirmée de la Chine. Dans ce contexte, le CESE s’acquitte du rôle de partenaire ancré dans le dialogue social et démocratique.
Oliver Röpke, président du CESE, a précisé que «le CESE continuera de faire en sorte que les craintes des citoyens façonnent des politiques concrètes qui protègent notre modèle social et renforcent le rôle de l’Europe sur la scène internationale. Elle doit assumer une plus grande responsabilité pour sa propre sécurité et sa propre défense, dans un monde en mutation rapide. L’autonomie stratégique implique de renforcer les capacités et de parler d’une seule voix».
Le débat a intégré la contribution du groupe ad hoc du CESE sur le nouvel ordre géopolitique, représenté par Elena Calistru, Winand Quaedvlieg et Sophia Reisecker. Ces derniers ont souligné que les adversaires de l’Europe utilisent l’ouverture et les interdépendances commerciales de l’Union comme arme. Le document analyse les coûts de l’autonomie stratégique de l’Europe, qui est indispensable pour renforcer la résilience de l’Union.
Le débat a mis en évidence le fait que ces nouveaux défis géopolitiques pourraient déboucher sur de nouvelles opportunités et une coopération bénéfique entre les États membres de l’Union. Marie-Agnes Strack-Zimmermann, présidente de la commission de la sécurité et de la défense du Parlement européen, a mis l’accent sur l’importance, dans le domaine de la défense, de la coopération entre les États membres en matière d’acquisition conjointe ainsi que sur la nécessité d’une préférence européenne pour les dépenses soutenues par des fonds de l’Union. Cette approche permettrait de renforcer la base industrielle de défense de l’UE, ce qui se traduira par de nouveaux emplois.
«Une Europe qui n’est pas en mesure de se défendre ne sera pas en sécurité sur le plan social ou économique. En l’absence de notre propre capacité à agir en matière de sécurité, notre prospérité et notre cohésion sociale sont menacées. Ceux qui désirent vivre en liberté doivent également être en mesure de la protéger», a-t-elle déclaré.
Iratxe García Pérez, présidente du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates au Parlement européen, a averti que les valeurs de l’Union ne doivent pas faire l’objet de négociations, et a encouragé les citoyens européens à défendre la vérité et l’état de droit. Elle a demandé davantage d’investissements dans l’industrie de la défense, mais pas au détriment de la recherche et des politiques traditionnelles de l’Union telles que la politique de cohésion et la politique agricole commune. «Nous devons investir dans la défense, pour protéger la paix. Il est nécessaire de consacrer plus de fonds de l’Union au nouveau cadre financier pluriannuel (CFP), car nous ne pouvons pas faire davantage avec le montant du CFP actuel ni avec moins», a-t-elle précisé.
Dans sa déclaration, Fabien Zuleeg, directeur et économiste en chef au European Policy Centre, a conseillé de ne pas «se laisser aveugler par l’illusion de progrès», expliquant que l’Europe n’a pas agi suffisamment pour empêcher une future guerre, ni les «bottes russes dans les États baltes». À ce sujet, Pierre Haroche, chercheur associé spécialisé en matière de défense à l’Institut Jacques Delors est d’avis que le financement de l’Union dans le domaine de la défense est insuffisant. Il a demandé une nouvelle coordination européenne en matière de défense, puisque «nous n’avons pas d’OTAN pour défendre l’Ukraine».
Grâce à la volonté politique et à l’accord social, l’Europe peut faire face à des menaces géopolitiques, avec une économie de l’UE bien supérieure à celle de la Russie. Comme les membres du CESE l’ont souligné, l’Europe peut largement se permettre d’investir suffisamment dans sa défense, sa sécurité et sa résilience, tout en conservant son mode de vie européen.
Mettant en lumière le ton global du débat, Winand Quaedvlieg, rapporteur du groupe ad hoc du CESE sur le nouvel ordre géopolitique, a cité Donald Tusk, Premier ministre polonais, qui a déclaré lors du sommet crucial sur la défense organisé en mars 2025: «500 millions d’Européens demandent à 300 millions d’Américains de les protéger contre 140 millions de Russes!»
Citations supplémentaires
Stefano Mallia, président du groupe des employeurs du CESE, a déclaré: «La guerre en Ukraine, la puissance croissante de la Chine et l’attitude de plus en plus isolationniste des États-Unis, qui s’éloignent d’une approche basée sur le respect de règles, constituent un signal d’alarme. Il nous faut le reconnaître, dans la douleur, et prendre conscience que l’Union doit envisager une plus grande autonomie stratégique, sans pour autant s’isoler de ses alliés.»
Lucie Studničná, présidente du groupe des travailleurs du CESE, a dit: «Lorsque nous parlons de défense, nous oublions la question sociale. Le modèle social européen fait également partie intégrante d’une sécurité et d’une cohésion sociale cohésives, qui représentent l’épine dorsale d’une démocratie stable.»
Séamus Boland, président du groupe des organisations de la société civile du CESE, a déclaré que, pour surmonter la tempête géopolitique actuelle, l’Union doit continuer à maintenir ses valeurs au cœur de ses décisions et de ses actions. Il a attiré l’attention sur le rôle et les besoins des organisations de la société civile, en précisant que «l’Union doit garder la durabilité climatique et sociale parmi ses objectifs généraux et investir dans la préparation aux crises. Les organisations de la société civile contribuent à préserver notre démocratie. Il faut absolument qu’elles soient véritablement associées et aidées.»
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