L’intelligence artificielle et la robotique: un phénomène inévitable et riche de perspectives

L’intelligence artificielle (IA) ne cesse de progresser. L’Europe est cependant en retard par rapport aux États-Unis et à la Chine. L’UE devrait user de toute son influence pour accélérer le développement de l’IA et de la robotique en Europe. Certaines personnes sont préoccupées par cette évolution. Qu’adviendra-t-il des emplois dans le secteur des services et dans l’industrie manufacturière vu l’automatisation croissante due à l’IA et à la robotique? Ces inquiétudes sont compréhensibles, mais elles ne devraient pas être au centre du débat.

L’automatisation n’est pas vraiment un phénomène nouveau. D’une certaine manière, elle remonte à la révolution industrielle. Le développement de l’IA et de la robotique se situe en réalité dans le prolongement d’une longue évolution au cours de laquelle les emplois ont gravi les échelons dans la chaîne de valeur, devenant plus productifs et mieux rémunérés. La question n’est pas de savoir si l’Europe pourra tirer un bénéfice de l’IA, mais de déterminer ce que l’UE doit faire pour profiter pleinement du potentiel de l’IA.

L’IA et la robotique offrent de nouvelles possibilités pour tous les citoyens en Europe. Tel est en particulier le cas pour le secteur manufacturier. Non seulement l’utilisation de la technologie dans la production augmente la productivité, mais les robots peuvent également éliminer des obstacles et améliorer notre environnement de travail. Les robots peuvent contribuer à l’amélioration des conditions de travail dans le secteur manufacturier en supprimant progressivement des tâches pénibles et dangereuses qui ont toujours été effectuées manuellement.

Cette évolution aboutira-t-elle à un chômage massif? La réponse est certainement non. L’utilisation de l’IA et de la robotique permettra la création d’emplois dans l’industrie manufacturière et les activités de production en Europe. La numérisation et l’automatisation auront pour effet de supprimer les incitations à la délocalisation des usines vers d’autres régions où les coûts de production sont moindres. Des emplois de qualité seront créés simultanément à l’appui d’une production numérisée et automatisée. Ce sont des pays tels que le Danemark, la Suède et l’Allemagne qui exploitent le plus grand nombre de robots dans leurs secteurs manufacturiers. Ces filières sont florissantes dans ces pays qui présentent un faible taux de chômage et contribuent de manière significative à la croissance du PIB. Ainsi, aussi bien le Danemark que la Suède et l’Allemagne ont vu revenir sur leur territoire des usines et des emplois manufacturiers qui avaient été délocalisés, dans les années 2000, dans des pays tiers où les coûts de la main-d’œuvre étaient plus faibles. En résumé, plus l’industrie se développe, par exemple grâce à la numérisation, plus le secteur manufacturier sera performant. La création de nouveaux emplois de haute qualité dans le secteur manufacturier, mieux rémunérés que des postes de travail manuel traditionnels, viendra conforter cette évolution.

L’essor de l’automatisation robotique est inévitable. La question à poser devrait plutôt être: que peut faire l’Europe pour tirer pleinement profit des opportunités créées par l’IA et la robotique? L’UE doit se lancer résolument dans l’ère de la numérisation, dans l’intérêt des consommateurs, des fabricants et des travailleurs. Le partage de données est essentiel. La proposition de la Commission européenne sur la libre circulation de données à caractère non personnel est un premier pas dans la bonne direction. Elle garantit le droit de stocker et de déplacer les données à caractère non personnel librement sur le territoire de l’UE, tout en supprimant les restrictions inutiles et en réduisant l’incertitude juridique.

Pour réussir à profiter pleinement du potentiel de l’IA et de la robotique, l’UE devrait veiller à ce que les lacunes de la législation soient comblées et que les entreprises continuent à préparer et à mettre en œuvre le règlement général sur la protection des données qui harmonise les lois relatives à la confidentialité des données dans l’ensemble de l’Europe.

L’industrie attend également l’initiative à venir de la Commission concernant l’IA. Cette initiative devrait contenir des lignes directrices sur l’utilisation future de l’IA et demander davantage de financements de l’UE afin de soutenir le développement et le déploiement des technologies de l’IA et de la robotique. Par ailleurs, il conviendrait d’éviter la perception d’une taxe sur les robots. Si le montant en était déterminé sur la base de leur efficacité par rapport à celle d’un être humain, cela risquerait de décourager les investissements dans les développements technologiques et, ainsi, d’entraver le potentiel de croissance du secteur manufacturier.

L’UE devrait plutôt s’engager à permettre un partage de données le plus large possible tout en promouvant l’IA et la robotique et en encourageant l’aide au développement de ces technologies. Cela permettra à l’innovation de stimuler et d’accroître la compétitivité européenne par rapport à celle des États-Unis et de la Chine, contribuant ainsi à un avenir prospère pour l’Europe.

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