European Economic
and Social Committee
La diplomatie climatique peut également servir à façonner nos relations extérieures
Le Comité économique et social européen (CESE) a organisé une audition publique afin de formuler des suggestions sur la manière de rendre la diplomatie climatique de l’UE plus efficace. Les participants ont débattu de la question de savoir si l’Union devrait revoir son approche en matière de diplomatie climatique et ont recensé des moyens de faciliter l’action pour le climat et d’améliorer la coordination entre les politiques connexes à tous les niveaux (européen, national, régional et local).
Le 3 mai 2023, la section «Relations extérieures» du CESE a organisé une audition publique qui a réuni des experts afin de débattre de la manière dont la diplomatie climatique peut s’inscrire dans la politique d’action extérieure. Les participants ont également insisté sur la nécessité d’intégrer les objectifs climatiques et de lutter contre les risques climatiques au plus haut niveau diplomatique, dans tous les domaines d’action.
Ces contributions alimenteront un avis d’initiative sur la diplomatie climatique de l’UE, qui sera élaboré dans les mois à venir et qui s’appuie sur les travaux antérieurs du CESE concernant les aspects pratiques de cette thématique.
Les participants se sont attelés à définir la diplomatie climatique sous différents angles. Agnes Fälldin, point de contact pour la diplomatie climatique et les questions de climat et de sécurité au sein de la représentation permanente de la Suède auprès de l’UE, a expliqué que la diplomatie climatique comprend toutes les actions que nous menons à l’égard de tiers en dehors de l’Union européenne, de sorte que le paquet “Ajustement à l’objectif 55” ne fait pas partie de notre diplomatie climatique
.
Mme Fälldin a cependant reconnu que la transition écologique s’accompagne de nombreuses possibilités de croissance et de création d’emplois, qui ne peuvent se concrétiser que si nous nous associons avec les acteurs du secteur privé et de la société civile, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Union
.
Ce point de vue a été partagé par Laura Martínez Bocos, conseillère de la représentation permanente de l’Espagne auprès de l’UE. Elle a indiqué que le Conseil de l’Union européenne avait défini la diplomatie de l’UE en matière de climat et d’énergie comme un élément central de la politique étrangère de l’Union, soulignant la détermination de celle-ci à dialoguer et à travailler avec des partenaires du monde entier pour mettre en œuvre l’accord de Paris.
Mario Morettini, membre de l’unité «Transition verte» du Service européen pour l’action extérieure (SEAE), a souligné que la diplomatie climatique avait évolué en tant que concept: elle ne porte pas uniquement sur le climat, mais aussi sur les questions liées au pacte vert, la société civile jouant un rôle important à cet égard. Je pense qu’il est primordial de veiller, dans la poursuite de nos ambitions climatiques mondiales de manière générale, à coopérer et à nouer des partenariats avec les pays tiers
.
Stefano Mallia, président du groupe des employeurs du CESE et rapporteur de l’avis, a fait valoir que la diplomatie climatique ne devrait pas reposer sur une simple approche d’État à État, mais qu’elle devrait plutôt insuffler une dynamique au sein d’un pays, entre les parties prenantes et les partenaires commerciaux ainsi qu’au sein de la société civile, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’UE.
Emmanuella Doussis, professeure à l’université Kapodistrian d’Athènes, en Grèce, a souligné qu’il n’existe pas de définition commune de ce qu’est la diplomatie climatique. Il s’agit d’une forme de politique ciblée qui renvoie à l’utilisation d’instruments diplomatiques pour soutenir la réalisation des objectifs climatiques internationaux en réduisant les incidences négatives du changement climatique sur la paix, la stabilité et la prospérité. En d’autres termes, la diplomatie climatique vise à définir les priorités en vue d’intégrer la lutte contre le changement climatique dans toutes les politiques
.
Par conséquent, les principales questions sont de savoir comment constituer de meilleurs réseaux de diplomatie climatique en associant les acteurs non étatiques, et comment jeter des ponts entre les différents secteurs et au sein de ceux-ci.
Mats Engström, chargé de recherche principal au Conseil européen pour les relations internationales, a mis l’accent sur l’importance de coopérer avec différents pays partenaires. Il a estimé qu’une telle coopération devrait intervenir plus rapidement et de manière plus efficace, afin de réduire le fossé qui s’est creusé en matière de confiance entre l’Union européenne et les pays en développement.
Daria Ivleva, conseillère principale et coresponsable de la politique climatique au sein du groupe de réflexion Adelphi, a décrit la diplomatie climatique comme un outil ou un domaine d’action et déclaré qu’il s’agissait d’un moyen d’interpréter la diplomatie dans un monde en mutation et vulnérable face au changement climatique.
Par conséquent, l’UE devrait établir des interactions et une communication au niveau international afin d’accélérer le changement et de réduire les risques liés à la transition, de manière à préserver sa sécurité.
Jamie Shea, ancien secrétaire général adjoint de l’OTAN pour les défis de sécurité émergents et actuel secrétaire général du Conseil consultatif militaire mondial sur le changement climatique, a souligné que le défi majeur consistera à convaincre la communauté de l’OTAN qu’il est possible de travailler à la fois sur la défense et sur la réduction des émissions de carbone, et à faire savoir clairement qu’il est possible de disposer d’une politique de défense efficace qui soit également plus écologique
.
Dans le cadre de sa déclaration, M. Shea a démontré que l’UE était en mesure de mettre en place une stratégie de diplomatie climatique qui garantisse également sa sécurité. Prenant l’exemple de la guerre en Ukraine, il a mis en avant son incidence sur l’environnement, ainsi qu’une série d’implications pour la sécurité énergétique.
Le climat lui-même n’étant généralement pas une cause directe de conflit mais un facteur de tension important, il importe de travailler avec différents partenaires afin de prévenir les conflits.
Il est en outre fondamental de conclure des partenariats et de constituer des réseaux, car ils peuvent favoriser la confiance et le développement grâce au renforcement des capacités au sein de la société civile.
Agata Meysner, présidente de Generation Climate Europe, a nourri le débat en exprimant le point de vue de la jeunesse et en soulignant que la crise climatique ne peut être résolue dans les salles de réunion. Nous avons besoin d’une collaboration entre les différentes parties, y compris la société civile
.
Pour tirer le meilleur parti de la diplomatie climatique et du rôle moteur de l’UE, Mme Meysner a proposé de placer la science au cœur de la diplomatie climatique, aux cotés de la justice intergénérationnelle et de la participation inclusive de la société civile.
En conclusion de l’audition, Stefano Mallia, président du groupe des employeurs et rapporteur de l’avis, s’est demandé si l’Union était concrètement à la tête de la lutte mondiale contre le changement climatique. Peut-être sur le plan des réglementations ou des normes, mais sans doute pas pour ce qui est de la technologie ou des capacités de production. Disposons-nous de tous les outils dont nous avons besoin, y compris les technologies et les financements, pour assurer le succès de notre politique climatique? Une diplomatie climatique bien ciblée, enrichie par une approche stratégique, pourrait changer la donne. Pour négocier en faveur du climat, nous devons préparer le climat aux négociations.
Work organisation
Downloads
-
Climate diplomacy can also be used to shape our external relations