Le CESE considère le partenariat de l’Union européenne et des États-Unis comme le point d’ancrage pour la démocratie, la paix et la sécurité

Alors que la Chine et la Russie prennent l’offensive, un partenariat transatlantique renouvelé et fiable est la clé de voûte du maintien de l’ordre international et juridique et de la paix. Le Comité économique et social européen (CESE) soutient l’idée d’une alliance des démocraties, en faisant en sorte que la société civile ait voix au chapitre pour défendre conjointement les valeurs et les droits universels.

Dans l’avis d’initiative qu’il a adopté lors de sa session plénière de décembre, le CESE fait valoir que l’Union européenne et les États-Unis devaient être les garants de l’état de droit et des droits de l’homme pour tous, tout en mettant en relief l’importance des relations transatlantiques pour la place de l’Europe dans le monde. L’initiative du président Biden d’organiser un sommet pour la démocratie à l’heure où les autocraties passent à l’offensive n’est qu’une première étape dans la construction d’une alliance démocratique internationale forte.

Christian Moos, rapporteur de l’avis, souligne que l’idée de droits humains universel continue de fédérer de larges pans de l’Union européenne avec les démocraties libres du monde, au premier rang desquelles figurent les États-Unis d’Amérique.

Peter Clever, corapporteur de l’avis, ajoute que la nature universelle des droits de l’homme s’exprime dans l’engagement total de tous et de chacun pour soi-même à les appliquer. C’est ce qui en fait tout le prix puisqu’il s’agit du fondement du dialogue et de la compréhension, notamment dans des situations de conflit marquées par de profondes divergences d’intérêts.

Cet avis s’inscrit dans le contexte d’une amélioration des relations entre l’Union européenne et les États-Unis après la fin de la présidence de Donald Trump qui entendait placer «L’Amérique d’abord» (America First). L’arrivée de la nouvelle administration aux États-Unis a insufflé un nouvel élan et offre une occasion unique de bâtir un partenariat transatlantique renouvelé.

Sans méconnaître les conflits de leurs intérêts, l’Amérique du Nord et l’Europe ont été au cours de l’Histoire de proches alliés pour défendre la démocratie et ses valeurs partout dans le monde. Sans leur alliance, toute tentative de promouvoir celles-ci est vouée à l’échec. D’une part, compte tenu des tensions qui agitent la société américaine et de la dimension mondiale que revêt ce défi, les États-Unis ne peuvent assurer seuls le maintien d’un ordre mondial libéral, et d’autre part, l’Europe n’a pas suffisamment de poids pour éviter que ne s’installe un ordre international fondé sur les rapports de force entre puissances, au centre duquel se trouverait la Chine.

Le CESE souligne fermement que seule une société civile dynamique peut susciter l’enthousiasme envers ces valeurs communes et les préserver et il presse l’Union européenne de promouvoir et de soutenir la mise en place d’une plateforme transatlantique de la société civile organisée, avec des points de contact en Amérique du Nord et en Europe. En outre, le dialogue transatlantique des sociétés civiles devrait s’articuler autour de toute une série de thèmes, notamment les droits civiques, la désinformation et l’action pour le climat. Christian Moos souligne tout particulièrement que les défis sont immenses de part et d’autre de l’Atlantique. La société civile démocratique est un acteur important pour façonner un avenir transatlantique commun.

Vers une stratégie d’endiguement coopératif

Face à l’instabilité croissante du monde, à la concurrence stratégique et à des menaces complexes, l’Union européenne devrait repenser son concept ambigu d’«autonomie stratégique» au profit de sa capacité d’action stratégique. Le concept d’«autonomie stratégique» développé à l’époque de Trump, et qui recueille de nombreux soutiens en Europe, est à tout le moins ambigu et il ne peut, ni ne saurait, servir à maintenir une équidistance dans les relations avec d’autres puissances. Une autonomie stratégique dans le domaine de la politique étrangère et de sécurité n’irait pas dans le sens d’un partenariat transatlantique fort, alors que l’Europe est bien plus proche des États-Unis, avec lesquels elle partage les mêmes valeurs fondamentales et la même démocratie constitutionnelle fondée sur l’état de droit, que de la Chine ou de la Russie.

Aussi le CESE soutient-il fermement l’idée d’une alliance des démocraties et il demande à l’Union européenne de constituer un front uni avec les États-Unis et les autres démocraties dans le monde pour mener une «stratégie d’endiguement coopératif» à l’égard de la Chine. Un tel endiguement coopératif consiste à respecter et à préserver les intérêts légitimes de la Chine, mais aussi à réagir avec clarté et fermeté sur le plan diplomatique en cas de violation des droits, comme dans le cas des Ouïghours ou des manifestants de Hong Kong.

De la même manière, à l’égard de la Russie, l’Union européenne devrait suspendre le projet Nord Stream 2 tant que le conflit ukrainien ne sera pas résolu et que persisteront d’autres violations fondamentales du droit international. Il s’agit notamment de la répression arbitraire de l’opposition par la persécution et l’emprisonnement d’Alexeï Navalny.

Le CESE souligne que ce principe doit s’inscrire pleinement et sans équivoque dans la stratégie transatlantique commune et dans la politique de l’alliance des démocraties. Le Comité met en relief le rôle de l’OSCE en tant que pilier essentiel de l’architecture de sécurité paneuropéenne, aux côtés de l’OTAN, sachant que celle-ci doit encore renforcer et clarifier en interne ses valeurs.

Toutefois, avant toute chose, l’Union européenne doit parler d’une seule voix en matière de politique étrangère et de sécurité et assumer davantage la responsabilité de sa propre sécurité et de sa capacité d’action stratégique. Il importe que les États membres de l’Union reconnaissent que la multiplicité de leurs voix les prive de toute réelle marge de manœuvre en matière de souveraineté, laquelle ne peut être réalisée que par la mutualisation du pouvoir et le partage des instruments.

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EESC sees EU-US partnership as anchor for democracy, peace and security