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Stefano Mallia  : “Aider l’Ukraine revient à aider l’Europe à reformuler ses priorités stratégiques”

Stefano Mallia, président du groupe des employeurs du Comité économique et social européen (CESE), souligne l’action de l’Union européenne en soutien à l’Ukraine, mais également celle des employeurs dont les organisations ont accueilli des réfugiés partout en Europe.

Pour Stefano Mallia, « l’UE doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’affranchir des combustibles fossiles russes, même si le prix à payer sera élevé" - Crédits : Danny Gys / Comité économique et social européen
Pour Stefano Mallia, “l’UE doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’affranchir des combustibles fossiles russes, même si le prix à payer sera élevé” - Crédits : Danny Gys / Comité économique et social européen

L’agression non provoquée et injustifiée lancée par Vladimir Poutine contre l’Ukraine, qui viole le droit international et menace la sécurité et la stabilité mondiales, a contraint des millions d’Ukrainiens à quitter leur foyer avec pour tout bagage un simple sac à dos. Des millions de personnes fuyant les grandes villes d’Ukraine sont arrivées dans les pays d’accueil voisins, leur vie brisée après la destruction de tout ce qu’elles possédaient.

Selon la Banque mondiale, l’économie ukrainienne devrait se contracter de près de moitié cette année en raison de la guerre. L’invasion de l’armée russe causera plus de dommages économiques en Europe orientale et dans certaines régions d’Asie que la pandémie de coronavirus. Le conflit en Ukraine a contraint à la fermeture de la moitié des entreprises du pays et réduit considérablement ses exportations.

Beaucoup peut être fait au niveau tant humanitaire que militaire. L’Union européenne a pesé de toutes ses forces pour aider le pays agressé tout en continuant à plaider en faveur d’une solution diplomatique. À la vitesse de l’éclair, elle a adopté une succession de trains de sanctions d’une ampleur sans précédent dans son histoire, frappant le système financier de la Russie, ses industries de haute technologie et ses élites corrompues.

Il importe néanmoins de commencer à réfléchir à la manière dont l’UE et la communauté internationale peuvent redonner l’espoir aux Ukrainiens et leur offrir l’assurance qu’ils pourront reconstruire leur pays et retrouver une “vie normale”. La première voie consiste évidemment à accorder à l’Ukraine le statut de candidat à l’entrée dans l’Union. Le Comité économique et social européen s’est exprimé en faveur de cette perspective en adoptant une résolution lors de la session plénière la semaine dernière.

Outre une augmentation de 9 milliards d’euros de l’aide budgétaire à court terme au gouvernement ukrainien, la Commission européenne a proposé la mise en place d’une plateforme de reconstruction pour répondre aux besoins massifs de financement liés à la reconstruction du pays. La Commission et le Parlement proposent également une levée temporaire des droits de douane et des contingents pour toutes les importations ukrainiennes afin d’aider à contrer “l’incidence économique négative” de l’invasion russe. La suspension des droits à l’importation vient s’ajouter aux réductions tarifaires convenues précédemment dans le cadre de l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine.

Ces démarches sont les bienvenues. Nous devons faciliter autant que possible les conditions permettant au pays de maintenir sa position commerciale avec le reste du monde et d’approfondir encore ses relations commerciales avec l’UE. Des mesures visant à faciliter la logistique terrestre afin de stimuler les exportations et d’accroître le degré de libéralisation du marché apporteraient davantage de flexibilité et de sécurité aux producteurs ukrainiens.

Dans le même temps, l’économie de l’UE a la capacité d’absorber l’afflux de personnes en provenance d’Ukraine, à condition que la réinstallation soit gérée correctement. Les ministres européens du Travail doivent collaborer étroitement avec les employeurs, la société civile, les recruteurs et les services de placement pour faire en sorte que les travailleurs qualifiés trouvent rapidement un emploi.

Les employeurs de toute l’Europe font de leur mieux pour soutenir les Ukrainiens. Je suis fier que nos membres et leurs organisations aient accueilli des réfugiés, expédié vers l’Ukraine des produits médicaux et d’usage quotidien de première nécessité et collecté des dons.

Nous avons rencontré des représentants des employeurs ukrainiens en mars et en mai et entretenons des contacts étroits avec eux. Leur message reste limpide : arrêtez tout échange commercial avec la Russie, car “chaque euro versé à la Russie finance les crimes de guerre de Poutine et coûte la vie à des civils innocents. Plus vite nous romprons ces liens, plus nous sauverons de vies”, nous ont-ils dit.

L’UE doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour s’affranchir des combustibles fossiles russes. Le prix à payer sera élevé, mais comme l’histoire l’a montré, la paix a certes un prix, mais celui-ci mérite toujours d’être payé.

Permettez-moi d’être clair : la guerre en Ukraine et la pandémie ne sauraient reléguer le pacte vert au second plan, mais une plus grande flexibilité s’impose et l’Union doit, aujourd’hui plus que jamais, se concentrer sur son autonomie stratégique. Les entreprises ne peuvent prospérer en Europe que si elles ont la certitude de pouvoir accéder à une énergie, des terres rares et des matières premières critiques à un coût abordable. Des solutions existent, mais nous devons les mettre en œuvre dès maintenant, en préservant l’unité que nous avons pu observer dès le départ entre les différents États membres.

Par Stefano Mallia, président du groupe des employeurs du Comité économique et social européen

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