L’écart numérique entre les hommes et les femmes (avis exploratoire demandé par le Parlement européen)

EESC opinion: L’écart numérique entre les hommes et les femmes (avis exploratoire demandé par le Parlement européen)

Cet avis exploratoire a été demandé par le Parlement européen pour contribuer à une mission à Tallinn, en Estonie, sur "La numérisation et le rôle des femmes", organisée par la Commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (FEMM) du Parlement européen les 19 au 21 septembre 2018. L'avis examine l'écart numérique entre les sexes dans le système éducatif et le marché du travail. Il analyse ses raisons de ce phénomène et formule des propositions sur la manière d’accroître la participation des filles dans les études de STEM et TIC et de renforcer la présence des femmes dans le secteur numérique. Il examine également les avantages et les inconvénients de la numérisation et son impact sur la conciliation travail-vie des femmes.


Points clés

  • Les causes de l’écart numérique entre les hommes et les femmes sont multiples. Il est recommandé d’utiliser une approche multidisciplinaire, qui fédère diverses dimensions de l’innovation (technologique, sociale, culturelle, etc.).
  • Il importe de veiller à ce que les filles aient une meilleure maîtrise des outils numériques et d’accroître le nombre de femmes dans la science, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques (STIM) et les études dans le domaine des technologies de l’information et de la communication. Pour vaincre les stéréotypes, il est d’une importance primordiale de promouvoir davantage de modèles féminins en matière numérique.
  • Il est nécessaire d’encourager les femmes à investir des emplois techniques et de haut niveau, en surmontant les obstacles en matière éducative et professionnelle, ainsi qu’en assurant aux femmes un apprentissage numérique tout au long de la vie.
  • Pour bloquer la spirale de la féminisation de la pauvreté, il faut garantir des conditions de travail équitables et l’accès à une protection sociale pour les femmes.
  • Il y a lieu de stimuler l’entrepreneuriat féminin, en éliminant les obstacles auxquels les femmes sont confrontées.
  • Il est essentiel de favoriser la participation des femmes handicapées au marché du travail, par la mise en œuvre de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées (CNUDPH).
  • Les pratiques de travail intelligentes et le télétravail devraient éviter que ne s’estompent les frontières entre la prise en charge de proches, l’activité professionnelle et la vie privée.
  • Le cyberharcèlement constitue l’une des principales barrières qui dissuadent les femmes de prendre part aux activités en ligne et aux réseaux sociaux. Il s’impose de ratifier et de mettre en œuvre la convention d’Istanbul sans plus attendre.
  • Il conviendrait d’élaborer, à tous les niveaux, des politiques dans une perspective d’égalité entre les sexes (intégration de la dimension hommes-femmes). La budgétisation sexospécifique et l’optique attentive à l’égalité des sexes peuvent constituer des instruments utiles en ce sens.
  • La Commission européenne devrait renforcer sa cellule ad hoc sur les femmes dans le numérique, ainsi que l’initiative Digital4Her («le numérique au féminin») et recommander aux États membres de fixer des objectifs nationaux dans ce domaine.
  • Les partenaires sociaux ont un rôle fondamental à jouer pour l’apprentissage tout au long de la vie en s’attaquant à la question des rôles assignés aux hommes et aux femmes sur le marché du travail, en promouvant la place des femmes dans la prise de décisions, en favorisant la conciliation entre le travail et la vie privée et en combattant l’écart de rémunérations entre les sexes.
  • Le Parlement européen devrait apporter son soutien à ces recommandations lors de sa prochaine législature.