Liaison Group newsletter - July 2018

Coût en vies humaines

«Pour des sociétés ouvertes, il faut des frontières ouvertes», telle est la conviction qui nous a longtemps animés en tant que société civile et défenseurs des droits de l’homme. Le nombre de victimes, uniquement pour le week-end dernier s’élève à près de 175; toutes ces personnes sont mortes en mer Méditerranée en essayant d’atteindre l’Europe après avoir mis leur vie entre les mains de trafiquants d’êtres humains. Nous connaissons ce phénomène depuis une décennie, mais le débat se poursuit sur la question de savoir si l’on peut ouvrir des couloirs humanitaires ou si nous devons faire place à une migration régulière dans un cadre juridique établi. Les considérations humanitaires semblent être de plus en plus négligées, les navires d’ONG qui cherchent à sauver des vies sont ainsi considérés comme étant en infraction, comme cela a été le cas pour le capitaine du «Lifeline» qui a été emprisonné à Malte.

Au lieu de la recherche de solutions, comme les organisations de la société civile et les ONG y œuvrent sur le terrain grâce aux services sociaux, on assiste à un réel virage à droite dans le débat public, comme en témoignent certains néologismes tels que «tourisme de l’asile», «business de l’asile», «touristes à l'aide sociale» et «humanisme pragmatique», qui ont «enrichi» nos dictionnaires et pollué les mentalités.

L’Europe restera toujours une destination importante pour les personnes à la recherche d’une vie meilleure. Néanmoins, le flux migratoire principal demeure une migration Sud-Sud, qui s'accompagne parfois des mêmes effets collatéraux désagréables que sont le racisme, la xénophobie et l’exclusion, l’exploitation, etc. Le rétrécissement de l’espace civique engendre non seulement une diminution de la liberté de réunion et de la liberté d’expression, mais aussi des attaques contre l’état de droit et la liberté de la presse. En fait, le rétrécissement de l’espace civique a également laissé des séquelles dans l’opinion publique: ainsi les progrès de la civilisation sont-ils mis à mal par les discours de haine, la diffamation et le populisme. Le ciment qui soude les sociétés continue de s’effriter et la vitesse à laquelle nous approchons du point de rupture ne cesse d’augmenter.

Il ne reste plus que dix mois avant les prochaines élections européennes: la société civile doit agir au lieu de se contenter d’honnêtes propositions et avis ou de gentils manifestes et slogans. Le plus important est notre capacité à mobiliser les citoyens, compte tenu de la déclaration du dirigeant d’Avaaz selon laquelle la majorité d’entre eux n’est pas favorable à l’extrémisme de droite et à la propagande populiste. Cela étant dit, ils pourraient bien être tentés si nous n’agissons pas à temps!

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