Nous ne pouvons pas accepter le déclin des zones rurales

20 ans jour pour jour après la première déclaration de Cork, le Comité économique et social européen (CESE) et le Comité des régions (CdR) ont organisé conjointement une conférence sur le développement territorial équilibré, intitulée «Cork+20: abandonner les zones rurales n’est plus envisageable». Son enjeu était la nouvelle stratégie de la Commission européenne en matière de développement rural, qui devra puiser son inspiration dans la déclaration de Cork 2.0 (en anglais).

L’absence de perspectives dans les zones rurales

M. Brendan Burns, président de la section NAT du CESE, et M. Tony Buchanan, vice-président de la commission NAT du CdR, ont ouvert cette conférence. «Lorsque nous privons les jeunes de perspectives en n’investissant pas dans les infrastructures et en ne stimulant pas la croissance économique et la création d’emplois, nous perdons notre capital le plus précieux, c’est-à-dire notre jeunesse, et c’est le début de la fin des zones rurales», a déclaré M. Burns. «Je me félicite de l’adoption de la déclaration de Cork 2.0. À présent, il faut s’attacher à en appliquer les résultats de manière à disposer de zones rurales dynamiques, où les citoyens peuvent vivre et travailler dans un environnement prospère, novateur et riche de possibilités qui demeurent peut-être latentes aujourd’hui. Il est évident que les pouvoirs publics locaux doivent participer à un réel développement durable de nos communautés rurales. À cet égard, il est nécessaire de prendre en compte les principaux messages et avis du CdR», a ajouté M. Buchanan.

Une approche territoriale forte est nécessaire

Dans leurs allocutions de clôture, M. Karl-Heinz Lambertz, premier vice-président du CdR, et M. Georges Dassis, président du CESE, ont fait valoir leur détermination à dynamiser plus avant les territoires ruraux. M. Lambertz a appuyé ses propos sur une étude du CdR et relevé que «le budget européen consacré au développement rural a prouvé son insuffisance au regard de l’importance des zones rurales en Europe, mais l’on constate, ce qui est plus inquiétant, qu'il se réduit de manière significative par rapport à la période de programmation précédente. Il passe ainsi de 32,6 % à 21,3 % des crédits des Fonds structurels au cours de la période de programmation en cours (CFP 2014-2020)». M. Dassis a renchéri: «Les zones rurales jouent un rôle crucial pour réaliser les objectifs du programme de développement durable à l’horizon 2030. Le CESE place de grands espoirs dans la proposition qu’adoptera la Commission le 21 novembre en vue de rationaliser et d'intégrer ses politiques pour réaliser plus efficacement cette stratégie de long terme».

Les deux Comités réclament des actions immédiates

Tant M. Lambertz que M. Dassis invitent la Commissionà donner corps à la notion neuve de «test rural» que recèle la nouvelle déclaration de Cork 2.0. Il convient de s’assurer, sans laisser planer le moindre doute à cet égard, que cette idée se traduira par une amélioration réelle de la manière dont les atouts et les faiblesses des zones rurales sont pris en compte dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de l’UE. M. Dassis, président du CESE, a déclaré qu’«il était grand temps de forger une alliance stratégique entre toutes les parties intéressées qui œuvrent à tirer le meilleur parti des possibilités qu’offrent les zones rurales et qu’une telle alliance doit comprendre non seulement le CdR et le CESE mais aussi le Parlement européen, représenté lors de la conférences par deux députés, Mme Mercedes Bresso et M. Czesław Siekierski».

Contexte: les disparités économiques entre les zones rurales et urbaines s’accentuentLes zones rurales et les régions intermédiaires représentent 91 % du territoire de l’UE et 60 % de sa population et elles comptent pour 56 % des emplois et créent 43 % de sa valeur ajoutée brute; toutefois, leur situation ne cesse de se détériorer. Dès 2014, le 6e rapport sur la cohésion économique, sociale et territoriale avait confirmé que le fossé entre les zones rurales et urbaines ne cessait de se creuser. L’étude sur «L’évolution du budget de l’UE en faveur du développement rural» confirme la tendance qui prévaut de nos jours à moins tenir compte du bien-être et des intérêts des zones rurales, en dépit de l’exigence posée il y a vingt ans par la déclaration de Cork d’un «équilibre plus juste» entre zones rurales et zones urbaines en matière de dépenses publiques et d’investissements (ce qu’elle dénommait la «préférence rurale»). La part des financements destinés aux zones rurales s’est réduite alors que les inégalités se sont accrues. Par conséquent, la réalisation des objectifs de la déclaration n’a pas été couronnée de succès.

 

 

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CP 66 Cork+20
Nous ne pouvons tolérer le déclin des zones rurales