Le rôle du commerce international dans la réindustrialisation de l'Europe

Renforcer le commerce international profite aux entreprises, aux consommateurs et aux travailleurs. Dans 15 ans, 90 % de la demande mondiale proviendra de l'extérieur de l’UE. Pour cette dernière, il devrait être de ce fait prioritaire de mettre en place une politique commerciale simple et prévisible, car celle-ci constitue l'un des principaux facteurs pour stimuler la croissance et créer de nouveaux emplois. Les participants à la conférence sur le rôle du commerce international dans la réindustrialisation de l’Europe ont débattu de l’avenir de la politique commerciale de l’UE, du rôle des accords de libre-échange (ALE) et de la manière de relancer l’industrie européenne grâce au commerce et aux investissements. Cette conférence, organisée par le groupe des employeurs du CESE en collaboration avec Confcommercio et l'AICE (l’Association italienne pour le commerce extérieur), s’est tenue à Milan le 26 octobre.

L’UE est le principal partenaire commercial de 80 États et ses exportations vers le reste du monde assurent plus de 31 millions d’emplois dans toute l’Europe, a indiqué M. Claudio Rotti, président de l’AICE et membre du groupe des employeurs. Selon lui, toute future politique commerciale de l'UE doit s'attacher en priorité à garantir la fluidité, la liberté, la simplicité et le caractère prévisible des échanges commerciaux. Dans ce processus, les accords aussi bien bilatéraux que multilatéraux ont un rôle à jouer.

M. Jacek Krawczyk, président du groupe des employeurs, a rappelé combien les négociations des ALE ont changé au fil des ans. Les négociations en cours sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) illustrent clairement l'intérêt croissant que porte à ces accords la société au sens large, ainsi que les malentendus croissants autour de ces questions. M. Krawczyk a fait valoir le rôle important qui incombe aux entreprises s'agissant d'expliquer les avantages potentiels du PTCI et d’autres ALE. Le groupe des employeurs soutient donc fermement cet accord dont il suit de près le processus de négociation.

M. Maurizio Bernardo, président de la commission des finances du Parlement italien, a souligné que le commerce international et les investissements sont des outils importants pour stimuler la compétitivité de l’Italie dans le sillage de la crise. Il a attiré l’attention des participants sur le fait que des puissances économiques telles que la Chine sont en train de libéraliser les échanges commerciaux. Il s'est félicité à cet égard de la nouvelle communication de l’UE intitulée «Le commerce pour tous», qui façonnera la politique commerciale dans les années à venir. M. Bernardo a fait état des mesures qu'a déjà prises le Parlement italien pour promouvoir activement le commerce international en vue de renforcer la compétitivité du système productif et des services qui l'appuient, de simplifier les échanges pour les PME et d'imprimer un nouvel élan au commerce électronique. Selon lui, en sus des travaux que réalise l’Union européenne, un rôle important revient également aux États membres s'agissant de promouvoir les échanges.

Les accords de libre-échange, outils du développement international des entreprises

La table ronde a abordé les accords de libre-échange en tant qu'outils du développement international des entreprises. M. Jonathan Peel, membre du groupe des employeurs et rapporteur du CESE sur la politique commerciale, s’est félicité de la dernière proposition de la Commission européenne. À son sens, celle-ci a prêté une oreille attentive aux principales préoccupations exprimées par la société civile.

M. David Doninotti, secrétaire général de l’AECI, a mis l’accent sur l’importance des importations stratégiques. 80 % des importations de l’UE se composent de sources d’énergie, de matières premières, de pièces détachées, de composants et de biens d’équipement (tels que les machines). Comme le système productif de l’UE est fortement tributaire de ces importations, l’Europe devrait leur ouvrir son économie et attirer de nouveaux investissements. Selon M. Doninotti, les États membres doivent dépasser leurs approches parfois excessivement protectionnistes dans des domaines tels que les services financiers, la vente et la logistique. Il convient de viser à des ALE qui garantissent les normes les plus élevées. De surcroît, aucun accord ne devrait concerner l'éducation ou les soins de santé, secteurs sur lesquels chacun des États doit conserver sa souveraineté.

Mme Ruta Zarnauskaite, de la DG Commerce, a exposé les principaux objectifs de la nouvelle stratégie commerciale et expliqué les raisons qui ont présidé à la décision de la Commission de mettre à jour cette politique. Cette nouvelle proposition s'appuie sur trois piliers: l'efficacité, la transparence et les valeurs. Mme Zarnauskaite met en exergue la large place accordée aux besoins des PME, non pas seulement dans le chapitre qui leur est précisément consacré, mais dans l'ensemble du document. De plus amples informations sur ladite proposition sont disponibles sur le site internet de la Commission, à l'adresse: (http://ec.europa.eu/trade/policy/in-focus/new-trade-strategy/)

M. Gianluigi Zenti, entrepreneur et expert du secteur des denrées alimentaires, a fait part de ses expériences commerciales avec les États-Unis. Il a mis en avant le coût exorbitant de l'accès au marché états-unien, du fait notamment des coûts de placement des produits dans les supermarchés et des frais de mercatique. Il estime que pour faire entrer un nouveau produit sur le marché de ce pays, il est nécessaire de dépenser 50 millions de dollars par an sur cinq années au moins.

Mme Luisa Santos, directrice chargée des relations internationales au sein de BUSINESSEUROPE, a déclaré que les accords commerciaux constituent les principaux moteurs de la compétitivité des industries et services de l’UE. Elle estime qu'en matière de commerce, l'UE doit privilégier une approche offensive, plutôt que défensive, sachant que plus de 70 % de ses importations sont affranchies de droits de douane: la plupart de ses concurrents peuvent déjà vendre sur le marché européen sans devoir s'en acquitter. En matière d'investissement, Mme Santos a critiqué les propositions de la Commission européenne. Elle a mis en relief la nécessité de protéger les investisseurs, alors que la proposition actuelle met excessivement l’accent sur le droit des États membres de réglementer et pas assez sur celui des investisseurs à être protégés. Mme Santos a également précisé que la charge fiscale totale dans l’UE est de 50 % supérieure à celle qui prévaut aux États-Unis. Cette situation handicape les entreprises européennes par rapport à leurs concurrents.

 

 

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