Le CESE propose de stimuler la croissance économique et de recourir à des indicateurs allant «au-delà du PIB»
Il est crucial de stimuler la croissance économique; seule une économie forte permettra à l’Europe de mieux relever les défis politiques et sociaux auxquels elle est confrontée. Tel est l’un des principaux messages des avis adoptés hier par le CESE à Bruxelles. Le CESE demande que davantage d’investissements — publics comme privés — soient réalisés directement dans les pays qui en ont le plus besoin. L’organe de l’UE représentant la société civile estime également que le plan Juncker ne suffit pas.
«La faible croissance de cette année – de 1,6 à 1,8 % –, les doutes qui se profilent à l’horizon, et les messages négatifs tels que le Brexit remettent en question l’existence même de l’Union européenne dans de nombreux États membres. La solution, c'est de créer des emplois de haute qualité, de susciter un climat plus favorable aux investissements et d'éviter toute possibilité de fraude fiscale en Europe», a déclaré Javier Doz Orrit, rapporteur de l’avis du CESE sur la Politique économique de la zone euro (2017).
Le CESE est favorable à la proposition initiale de la Commission, à savoir la définition d’une orientation budgétaire globale positive de la zone euro, qui selon lui aidera l’Europe à réaliser son potentiel d’amélioration de la productivité et de la croissance économique à court terme. L’avis du Comité réclame la création d’un système européen d’assurance des dépôts et d’un dispositif de soutien commun pour le Fonds de résolution unique, un budget propre et commun pour la zone euro, financé entre autres par des euro-obligations, ainsi qu’un dialogue social et civil à tous les niveaux de gouvernance, essentiel à la mise en œuvre des politiques nécessaires à la relance et à la durabilité économique à long terme.
La «règle d’or», qui permet de ne pas appliquer les limites fixées par le pacte de stabilité et de croissance aux investissements productifs et tournés vers l’avenir consentis par les États membres, devrait être introduite en vue d’adopter une approche à plus long terme, plutôt que de se concentrer sur des objectifs chiffrés très spécifiques. «Il est clair que nous devons procéder à un ajustement symétrique des soldes des opérations courantes; toutefois, il appartient aux États membres de décider comment réaliser ces ajustements en pratique. Le CESE recommande un dosage équilibré des instruments monétaires, budgétaires et structurels, sans privilégier une solution en particulier. Les réformes structurelles doivent être axées sur la croissance de la productivité et garantir une répartition équitable de leurs bénéfices», a déclaré Petr Zahradnik, corapporteur de l’avis du CESE.
À la place d'une gouvernance très rigide de l'UE, le CESE plaide pour la flexibilité et recommande l’adoption de solutions sur mesure dans son avis sur l’Examen annuel de la croissance 2017. «Étant donné que les niveaux de pauvreté et de chômage des jeunes n’ont pas été réduits de manière significative, l’Europe a besoin d’une approche allant «au-delà du PIB». Cela nécessiterait une analyse axée sur les résultats avec des indicateurs sociaux, environnementaux et de durabilité, combinés à la promotion du progrès social», a déclaré Etele Baráth, rapporteur du CESE. «Il faut favoriser l’éducation, l’innovation et la R&D, mais aussi veiller à ce que les mesures prises encouragent l’inclusion et la non-discrimination. La consommation constituera la base de la croissance en 2017, ce dont nous nous réjouissons, mais nous devons veiller à l’équilibre avec l’investissement.»
Le Comité estime qu’un récapitulatif clair et compréhensible des orientations politiques et stratégiques portant sur l’avenir proche et à plus long terme est indispensable. Les dix priorités de la Commission Juncker, ainsi que les objectifs à l’horizon 2030 (couvrant également le développement durable), devraient, ensemble, déterminer les processus de développement. Le Comité considère le semestre européen comme un instrument approprié de gouvernance macroéconomique. Toutefois, il demande que celui-ci soit amélioré par un renforcement du rôle de coordination de la Commission européenne et au moyen d’un engagement clair, de la part des États membres, à mettre en œuvre les politiques dont ils ont convenu au niveau du Conseil, ce qui permettrait d’éliminer les incertitudes et de créer un environnement favorable aux investissements.
En outre, il y a lieu d’analyser la cohérence entre la politique de cohésion traditionnelle, son financement (Fonds ESI) et les nouveaux instruments d’investissement (EFSI). Le CESE attire également l’attention sur la complexité des interactions entre les différentes formes de financement dans le cadre de la politique de cohésion de l'UE.