Malgré la complexité excessive de l’ICE, un million de signatures récoltées en faveur de la diversité en Europe
Lors de sa session plénière tenue le 20 septembre, le Comité économique et social européen (CESE) a invité les personnes à l’origine de l’initiative citoyenne européenne «Minority SafePack», représentées par Loránt Vincze, président de l’Union fédéraliste des communautés ethniques européennes, à présenter leur demande, qui vise à améliorer la protection des minorités nationales et linguistiques en Europe.
M. Vincze et les promoteurs de la cinquième ICE ayant abouti estiment que les droits des minorités nationales et linguistiques ne sont pas toujours respectés. S’agissant de la diversité linguistique en Europe, seules 24 langues sont officielles, bien que l’on en parle environ 60 sur notre continent. C’est pourquoi les minorités éprouvent des difficultés à préserver leur langue d’origine. Dans de nombreux cas, les langues et les cultures des minorités sont même menacées
, a déclaré M. Vincze, qui a également préconisé la création d’un centre de la diversité linguistique dans l’Union européenne.
Ce dernier a remercié le CESE d’avoir été la première institution européenne à fournir une plateforme à cette initiative aboutie. Dans la perspective des élections européennes à venir, il a appelé les membres du CESE à aborder les demandes de l’initiative «Minority SafePack» lors du débat sur l’avenir de l’Europe. Il convient aussi d’encourager la discussion dans les 28 capitales ainsi que dans toutes les grandes villes afin, notamment, d’initier une dynamique et de pousser la Commission européenne à agir. Les organisateurs n’ont pas encore déterminé la date à laquelle ils présenteront officiellement leur ICE à la Commission. Dans la mesure où ils ne sont soumis à aucun délai, ils examineront d’abord quel pourrait être le meilleur résultat possible de leur initiative, en rencontrant des décideurs européens de haut niveau, a révélé M. Vincze.
Dans sa déclaration, M. Vincze s’est également plaint du fait que l’ICE soit un instrument excessivement compliqué et coûteux pour le citoyen ordinaire, et il a décrit les nombreux obstacles que son organisation a dû surmonter. Il s’agit là d’une plainte majeure que le CESE réitère déjà depuis de nombreuses années et qui a finalement convaincu la Commission de procéder à la révision de cet instrument essentiel pour garantir la participation des citoyens au niveau européen. Le processus de révision a été lancé puisque la Commission, le Parlement et le Conseil ont entamé les consultations officielles.
Sans formuler d’observation sur le contenu de l’ICE, les membres du CESE ont souligné l’importance de soutenir les minorités et les initiatives citoyennes de manière générale, ainsi que l’engagement du Comité en ce sens.
Cette ICE relative à la sauvegarde des minorités revêt une grande importance. Elle concerne la vie des citoyens
, a souligné le président Luca Jahier, qui a inscrit le patrimoine culturel européen au rang des priorités de sa présidence. Il a reconnu le grand succès de cette initiative, déclarant que cette réussite était la preuve que les citoyens européens peuvent bâtir l’avenir de l’Europe, à condition de travailler ensemble et de faire entendre leur voix à l’unisson.
Contexte
Nous demandons à l’Union européenne d’améliorer la protection des personnes appartenant à des minorités nationales et linguistiques et de renforcer la diversité culturelle et linguistique au sein de l’Union.
C’est avec cette demande que des Européens engagés ont lancé l’initiative citoyenne européenne (ICE) «Minority SafePack» et obtenu le million de signatures nécessaire dans 11 pays avant la date limite en avril 2018 (un minimum de sept pays est requis). Le 8 mai, le comité des citoyens, l’Union fédéraliste des communautés ethniques européennes (FUEN) et les organisateurs locaux ont présenté 1 320 053 signatures, dont 1 128 385 ont été validées, récoltées dans 28 États membres.
Les promoteurs demandent que soit établi un cadre juridique qui garantisse la protection des minorités autochtones. Les revendications de l’ICE sont les suivantes:
- créer des conditions favorables pour permettre à la diversité culturelle et linguistique de prospérer, en mettant fin à l’assimilation des groupes linguistiques et communautés minoritaires autochtones;
- permettre aux minorités d’avoir voix au chapitre quant aux décisions qui ont une incidence sur leur vie;
- leur donner la possibilité d’exercer leurs droits culturels, éducatifs et linguistiques de manière autonome; et
- faire en sorte qu’ils se sentent pleinement chez eux sur le territoire où ils ont toujours vécu.
L’ICE «Minority SafePack» comprend neuf propositions destinées à favoriser la réalisation des objectifs de l’ICE et qui devraient être intégrées dans les politiques existantes de l’Union.