Dans la perspective de la manifestation organisée par IndustriAll, qui rassemblera, le 9 novembre, à Bruxelles, 10 000 travailleurs de l’industrie sidérurgique de toute l’Europe pour protester contre le déclin continu de leur secteur, les rapporteurs de l’avis du CESE sur la sidérurgie, issus des groupes des employeurs et des travailleurs, ont plaidé en faveur de conditions de concurrence équitables pour l’industrie sidérurgique européenne.
Le secteur européen de l’acier a été frappé de plein fouet par la crise financière et économique et les politiques d’austérité adoptées dans la foulée. Par ailleurs, il a souffert considérablement de l’afflux massif de produits sidérurgiques commercialisés de manière déloyale, essentiellement en provenance de Chine. En conséquence, les usines ont été restructurées et des dizaines de milliers d’emplois perdus. Andrés Barceló, rapporteur (CESE, groupe des employeurs) de l’avis intitulé Sidérurgie: préserver l'emploi et une croissance durables en Europe, qui a été adopté par le CESE en juillet dernier, a déclaré que «l’Europe doit lutter pour maintenir la production européenne et préserver sa base industrielle. Si nous ne sauvegardons pas les éléments fondamentaux de la production en Europe, l’industrie manufacturière européenne sera à la merci des marchés et de la spéculation et ne pourra envisager un avenir durable en matière d’investissements et de croissance.»
Dans son avis adopté en juillet, le CESE s’est également positionné contre l’octroi du statut d’économie de marché à la Chine, tant que cette dernière ne respecte pas les cinq critères établis par l’UE. Il s’est également dit très préoccupé par l’exportation des emplois, l’importation de la pollution et l’affaiblissement de l’industrie sidérurgique européenne.
Enrico Gibellieri (CESE, groupe des travailleurs), corapporteur de l’avis du CESE, a appelé les gouvernements de l’UE et la Commission européenne à manifester leur soutien aux travailleurs de l’industrie sidérurgique européenne. «Les travailleurs du secteur sidérurgique de l’UE ont montré qu’ils peuvent être parmi les plus compétitifs au monde. Nous ne pouvons laisser les mesures de dumping sur les marchés mondiaux compromettre la survie de l’industrie sidérurgique et mettre en péril les dizaines de milliers d’emplois en jeu à travers l’Europe.» M. Gibellieri préconise également le rétablissement du groupe de haut niveau sur l’acier. «L’industrie sidérurgique constitue la base de l’industrie européenne. Elle requiert toute notre attention et son importance ne doit pas être diluée au sein d'un organe où elle est regroupée avec d’autres industries grandes consommatrices d’énergie».
Dans son avis de juillet, le CESE propose les actions suivantes:
Antidumping
Le CESE prie la Commission de s’attaquer aux pratiques commerciales déloyales des pays exportateurs, notamment la Chine, en renforçant l’efficacité et l’efficience des instruments de défense commerciale, y compris
- la suppression de la «règle du droit moindre»;
- l’enregistrement des importations avant l’adoption de mesures provisoires; et
- l’application à titre rétroactif des droits antidumping définitifs et/ou des droits compensateurs trois mois avant l’adoption des mesures provisoires en vertu du règlement de base.
SEQE
Afin de parvenir à un équilibre entre la lutte contre le changement climatique et la nécessité de maintenir la compétitivité de l’industrie européenne, le CESE suggère d’accorder des quotas gratuits aux installations les plus compétitives afin d’inciter les autres installations à améliorer leurs performances, et de compenser les coûts indirects encourus par l’industrie européenne dans le cadre du SEQE.
Investissements et promotion de la recherche et du développement
Pour rester compétitive, l’industrie sidérurgique en Europe doit demeurer à la pointe de la technologie. «Stimuler les investissements dans l’industrie sidérurgique européenne, notamment pour moderniser les installations et les équipements, et encourager les activités de recherche et développement concernant de nouveaux produits et processus plus efficaces; tel devrait être le mot d’ordre», a ajouté le rapporteur.
Économie circulaire et marchés publics
Les systèmes volontaires en faveur de la durabilité mis au point par l’industrie devraient être pris en compte et récompensés comme il se doit, dans le cadre des règlements régissant les marchés publics, car ils constituent la meilleure manière de promouvoir le développement durable dans l’ensemble du marché de l’UE.