Discours d'ouverture [Seul le texte prononcé fait foi]
Votre Excellence,
M. le vice-président Yang Chonghui,
Chers Membres du Conseil économique et social de Chine,
Chers Membres du Comité économique et social européen,
Mesdames et Messieurs,
C’est un grand plaisir pour moi que de pouvoir vous souhaiter à tous la bienvenue ici en cette matinée. Permettez-moi d’adresser tout particulièrement un chaleureux salut à chacun des membres de la délégation du Conseil économique et social de Chine, qui a envoyé ici un aréopage si distingué, de tous les horizons de la recherche et de la politique dans le pays.
À la présidence du CESE, j’ai récemment succédé à M. Georges Dassis, que vous aviez rencontré lors de nos deux réunions précédentes, tenues en 2016 et 2017, respectivement à Bruxelles et Pékin. Certes, je n’avais pu être des vôtres en ces occasions, mais il se trouve que je suis membre du CESE depuis plus de quinze ans et que moi-même, j’ai aussi fait partie, autrefois, de sa délégation à la table ronde UE-Chine.
Avec le renouvellement des rangs du Comité, en avril, plusieurs nouveaux membres ont également intégré notre délégation, côté UE. Il en va de même pour celle envoyée par le Conseil économique et social de Chine, que nous accueillons aujourd’hui en ces lieux. Je sais que la députation actuelle du CESE compte quelques figures qui en faisaient déjà partie précédemment: tel est le cas de MM. Peel, Clever ou Gavrilovs. Pour nos réunions, cette conjonction de visages neufs et de participants chevronnés compte: la continuité ainsi assurée nous aide à capitaliser sur les résultats engrangés par le passé, cependant que les nouveaux venus amènent des idées novatrices dans nos rencontres, et y insufflent leur dynamisme.
Que nous soyons novices ou expérimentés, personne d’entre nous n’ignore que nous avons célébré l’an dernier la première décennie d’existence que la table ronde UE-Chine a pu accomplir. Au fil de ces dix années, elle s’est fermement acquis la réputation de compter parmi les rendez-vous bilatéraux les plus marquants organisés entre l’UE et la Chine, et d’être ainsi le miroir de la situation d’ensemble positive et de la stabilité qui caractérisent ces relations. Nous espérons que cette seizième édition de la table ronde servira non seulement à réaffirmer les rapports, si solidement enracinés, qui ont déjà été noués entre nos institutions, mais qu’elle posera aussi un nouveau jalon pour l’avenir.
Sur notre planète qui se mondialise et est confrontée à des changements permanents et imprévisibles, les partenaires économiques, politiques et stratégiques majeurs que sont l’UE et la Chine doivent continuer à travailler ensemble sur un éventail de questions qui ne cesse de s’élargir, embrassant plusieurs nouveaux thèmes sur lesquels nous nous pencherons durant la présente réunion de la table ronde: j’ai cité la sécurité sociale, les mécanismes de solidarité au sein de la société et, si possible, car ce point présente un intérêt tout particulier pour la délégation du CESE, l’exploration des possibilités qui existent pour coordonner nos politiques dans ce domaine, si important pour les travailleurs comme pour les entreprises.
Dans bien des secteurs, l’UE et la Chine partage les mêmes vues. Vu l’interdépendance toujours plus forte qui caractérise ce monde connecté à l’échelle planétaire que je viens d’évoquer, resserrer notre coopération face aux défis communs est une exigence qui s’impose à nous. C’est dans le domaine du commerce et des investissements, en premier lieu, que nous nous devons tout particulièrement de garantir que la croissance soit durable, inclusive et profitable pour chacun. Nous devons prendre des mesures pour nous assurer que les systèmes financiers que nous gérons soient sains et stables, et continuer à mener une défense solidaire et énergique du système commercial multilatéral, ouvert et assis sur des règles que nous avons mis tant de soin à bâtir durant ces cinquante dernières années, voire depuis plus longtemps encore. Dans ce contexte, l’engagement actif et constructif de l’UE et de la Chine revêt la plus haute importance pour donner la garantie que l’OMC restera au cœur de l’architecture des échanges, placée sous le signe de l’ouverture.
L’économie – et nos liens commerciaux – sont au cœur des rapports entre l’UE et la Chine. La réciprocité, l’accès aux marchés et des conditions équitables de concurrence constituent des éléments qui revêtent une portée croissante dans notre relation bilatérale et nous ouvriront la possibilité, une fois mis en place, d’explorer de nouvelles pistes dans le contexte de la mondialisation. Entre nous, les échanges commerciaux doivent être non seulement libres mais équitables
Deuxièmement, nous devons aussi, indépendamment des aspects financiers et économiques, nous atteler à dégager, partout où nous le pouvons, des terrains d’entente dans d’autres domaines de la coopération internationale et œuvrer de concert, sur un mode constructif, afin de consolider ces travaux que nous avons menés en partenaires, en particulier sur des thématiques qui figureront au menu de nos discussions d’aujourd’hui et de demain, à savoir la sécurité sociale et les mécanismes de solidarité au sein de la société. Ces questions, et d’autres encore, comme la durabilité environnementale, les droits de l’homme et ceux de nature économique et sociale, l’accès à l’éducation et à la santé, ou encore la culture, ont une puissante incidence s’agissant d’augmenter le bien-être de notre population, qui est l’assise même fondant toute forme de coopération internationale.
En troisième lieu, s’il est un domaine où la concordance des positions de la Chine et de l’Union européenne sur des démarches internationales revêt la signification la plus haute, c’est bien lorsqu’il s’impose d’assumer une position en pointe pour la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat. La nouvelle route de la soie et la future stratégie eurasienne de connectivité présentent des points d’attache évidents avec les engagements planétaires plus larges qui sont déclinés dans l’accord de Paris. S’ils sont menés de manière adéquate, ces investissements accrus dans les infrastructures publiques qui nous relient libéreront un potentiel de croissance qui sera bénéfique pour tous.
Lorsque j’ai repris la barre du CESE comme nouveau président, j’ai réaffirmé, Mesdames et Messieurs, ma foi profonde dans les valeurs de l’intégration européenne et dans le rôle joué par la société civile organisée tout comme par notre institution elle-même. Ma présidence sera vouée au développement durable et s’attachera à promouvoir la paix, renforcer le rôle de la culture et donner la parole aux jeunes Européens.
Il va sans dire que ces valeurs et ces priorités s’appliquent également à la mission que nous assumons, en tant que sociétés civiles, pour encourager la coopération internationale. J’espère que nous pourrons en faire la démonstration ces deux prochains jours, en donnant l’exemple d’une coopération fructueuse, respectueuse et constructive, jusque dans des domaines où nous pouvons ne pas être toujours d’accord.
Comme Federica Mogherini l’a très justement affirmé lors de la conférence sur l’état de l’Union à Florence: «Il semble qu’aujourd’hui, les hurlements, les hauts cris, l’insulte et le harcèlement soient dans l’air du temps, tout comme de détruire et démanteler toutes les réalisations en place, alors que le secret du changement – et nous avons besoin de changement – consiste à fédérer toutes les énergies non pour annihiler l’ancien, mais bien plutôt pour construire du nouveau. L’instinct destructeur que nous voyons à l’œuvre à présent ne nous mènera à rien qui vaille, ni ne résoudra aucun de nos problèmes.»
Ces paroles, nous le savons, vous et moi, sont d’une vérité criante, à quelque niveau que ce soit.
L’UE et la Chine se doivent de prendre de la hauteur et s’efforcer de concilier leurs différences, afin de construire un avenir plus solide pour les jeunes générations de l’un et l’autre continent.
En vous disant toute ma gratitude de m’avoir écouté, je nous souhaite à tous de mener d’excellentes et fécondes discussions.