L’Europe au travail: la société civile organisée au service d’un avenir durable en commun

Brussels , 22/05/2018
EESC plenary session Day 2
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Credit : Frederic Sierakowski / Isopix

Les réponses aux multiples crises auxquelles l’Union européenne a dû faire face ont suscité une désillusion croissante des citoyens européens à l’égard non seulement de l’Union européenne elle-même, mais aussi des institutions démocratiques en général, tant au niveau européen que national. Le risque est grand que les citoyens européens ne perçoivent plus la valeur ajoutée de l’Union pour leurs conditions de vie et de travail ainsi que pour leurs perspectives d’avenir et celles de leurs enfants, et que s’efface leur sentiment collectif d’appartenance.
C’est pourquoi, à l’heure où l’Europe conduit une réflexion sur son avenir, il est crucial de définir des politiques plus efficaces et de faire émerger un nouveau récit positif, qui soit fondé sur des valeurs communes, la justice sociale ainsi qu’une vision et une stratégie à long terme d’un développement socialement, politiquement et économiquement durable pour une Europe respectée dans le monde et en mesure de réconcilier les citoyens avec le projet européen.

C’est avec un sentiment de fierté devant ses réalisations passées, mais tout en reconnaissant la part de responsabilité qui est la sienne s’agissant de relever les défis qui se profilent, que le Comité économique et social européen, soixante ans après sa fondation, propose d’arrêter cinq priorités qui, selon lui, revêtent une importance cruciale pour une Union européenne plus forte et plus ouverte à tous:

  • Une Union des valeurs: nous devons asseoir plus fermement les valeurs que sont la dignité humaine, la liberté, l’égalité, la démocratie, l’état de droit et les droits fondamentaux, telles que consacrées par l’article 2 du traité sur l’Union européenne. À l’heure où ces valeurs fondatrices de l’Europe sont régulièrement remises en question, nous devons, dans nos discours comme par nos actes, réaffirmer qu’elles sont essentielles et non négociables. Ces valeurs sont les garantes de la paix, de la justice, de la non-discrimination et de la diversité comme gage d’une société ouverte, et elles définissent l’identité qui est la nôtre aujourd’hui comme celle à laquelle nous aspirons pour demain. Nous devons surtout restaurer la dimension humaine de l’Union et l’inscrire au cœur de toutes ses actions. Il est temps d’afficher notre volonté d’œuvrer activement au renforcement de la démocratie.
  • Investir dans une croissance soutenue et partagée: nous devons assurer une transition sans heurt vers une société durable sur les plans économique, social et environnemental. Pour y parvenir, il nous faut en particulier mettre en œuvre une politique industrielle intelligente, durable et innovante, prenant appui sur un marché unique robuste, équitable et indivisible, moyennant des investissements suffisants et des progrès techniques et environnementaux. Nous continuerons à soutenir les entreprises et les travailleurs européens en consolidant les modèles économiques et sociaux actuels qui ont fait leurs preuves, tout en développant de nouveaux modèles, justes et durables. Nous devons aussi relever les défis que le changement climatique et l’épuisement des ressources naturelles de la planète posent à l’entreprise, à l’emploi et à la société au sens large. Dans ce contexte, l’accord de Paris représente une avancée historique. Si l’on a déjà commencé à agir en la matière, il faudra accomplir encore bien davantage et à bien plus brève échéance.
  • Renforcer le modèle social européen: nous avons besoin d’une Europe capable de protéger et d’épauler tous ses citoyens, dont ceux qui sont exclus du marché du travail ou qui ne sont pas en mesure d’y participer. La mise en œuvre effective du socle européen des droits sociaux marque une première étape en ce sens, essentielle pour garantir l’inclusion sociale, l’investissement social et l’innovation sociale. Nous devons, tout en anticipant les effets de la numérisation et du changement climatique, renforcer nos systèmes de protection sociale, la négociation collective et les droits acquis des travailleurs, mais aussi garantir un emploi de qualité, des conditions de travail équitables et un revenu décent pour tous, ainsi que la protection des droits des consommateurs. Dans le même temps, nous devons esquisser une approche raisonnée du développement des compétences adaptées au monde du travail d’aujourd’hui et aux nouveaux emplois qui se créent. À cet égard, il est essentiel de soutenir ces transitions et de favoriser l’apprentissage tout au long de la vie. Il est aussi capital pour l’Europe de renouer avec l’esprit d’entreprise, y compris dans l’économie sociale. Les transformations du marché du travail doivent donner le jour à de nouveaux emplois décents, contribuer à réduire la pauvreté, y compris la pauvreté au travail, mais aussi préserver et renforcer le dialogue social ainsi que l’engagement et la participation des travailleurs.
  • Un nouveau récit européen: nous considérons qu’il est indispensable de favoriser un sentiment d’appartenance commune et une vision partagée parmi les citoyens européens. Nous avons donc besoin non seulement de politiques de l’UE plus efficaces, mais aussi d’un nouveau récit positif autour de l’Europe, à même de réconcilier les citoyens avec le projet européen, tout en restaurant la confiance de la population dans la politique, en renforçant la cohésion et en contrecarrant les tendances isolationnistes, nationalistes et populistes. La culture, l’éducation, l’encouragement de la créativité, l’ouverture, la solidarité et l’échange interculturel sont les chevilles ouvrières de ce projet. Nous devons en particulier créer l’environnement favorable à un regain de confiance de la jeune génération envers la société européenne.
  • Un dialogue plus soutenu et mieux structuré avec les citoyens: il est vital d’affermir le lien entre l’Union européenne et ses citoyens. L’Union doit rétablir la dimension humaine au centre de ses préoccupations et permettre à ses citoyens d’améliorer leur qualité de vie. Par l’intermédiaire de ses membres, qui sont les représentants des organisations de la société civile dans leurs États membres respectifs et qui se voient quotidiennement confrontés aux mêmes difficultés que tous les autres citoyens européens, le CESE y a activement contribué au cours des soixante dernières années. Aujourd’hui, nous renouvelons notre engagement à œuvrer au côté de l’ensemble des institutions de l’Union et des dirigeants européens, afin de tirer le meilleur parti de ce lien essentiel que le CESE entretient avec la société européenne au sens large, ainsi que de l’expérience et du savoir considérables qu’il a accumulés. Nous sommes convaincus qu’ensemble, nous pourrons endiguer la montée de la xénophobie et du populisme destructeurs. Outre de nouvelles formes de consultation des citoyens, nous ne devons pas oublier la nécessité d’instaurer un dialogue civil adéquat et de soutenir la participation citoyenne. Il est plus important que jamais d’œuvrer en ce sens.

À l’heure où il célèbre ses soixante années d’existence, fier de son passé et confiant pour l’avenir, le Comité économique et social européen se tient prêt à tenir son rôle et à assumer ses responsabilités. En tant qu’enceinte de débat et de dialogue, et en sa qualité de représentant de la diversité économique et sociale des sociétés européennes, il est à même de proposer des solutions précieuses en réponse aux défis économiques, sociaux et institutionnels qui se posent à l’Union. Nous persisterons sur cette voie, résolus dans notre engagement et guidés par la même vision commune que celle jadis exprimée avec conviction par nos fondateurs.

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