Réunion extraordinaire du groupe des travailleurs - La libre circulation et Schengen: défendre les droits des travailleurs

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Défis à venir et priorités

Le 1er février 2016, le groupe des travailleurs a organisé une réunion extraordinaire pour discuter de ses priorités politiques et faire le point sur les travaux législatifs et politiques en cours au sein des institutions européennes.

Dans son discours d’ouverture, Gabriele Bischoff, présidente du groupe des travailleurs, a donné un aperçu des défis à venir : les attaques contre les négociations collectives et la libre circulation, l’austérité qui continue et ses conséquences sociales, une éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’incapacité des dirigeants européens à faire face à la crise des réfugiés…. Elle a signalé que le paquet de réformes de M. Cameron, qui est à la table des négociations, constitue une menace aux droits des travailleurs et a lancé un appel à l’organisation d’actions communes des syndicats et de la société civile pour la préservation des droits acquis, la défense de la libre circulation dans un espace Schengen sans frontières et le renforcement de l’UME.

La première partie de la séance matinale a été consacrée au rôle de l’UE dans la promotion des objectifs de développement durable (ODD) contenus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l'ONU, qui a été adopté en septembre 2015. Caroline Petit, directrice adjointe du Centre régional d’information des Nations unies, a résumé les derniers développements en la matière et énuméré les événements qui sont prévus en 2016 pour la promotion de ces objectifs. Elle a souligné qu’il était impératif que la société civile joue un rôle actif pour ce qui est de communiquer les ODD. Isabel Caño, membre du groupe des travailleurs et vice-présidente de l'Observatoire du développement durable du CESE, a insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre la CES (Confédération européenne des syndicats) et le groupe des travailleurs afin de garantir des avancées par rapport aux priorités syndicales dans le cadre de ces objectifs. Parmi ces priorités figurent notamment la sauvegarde des droits démocratiques comme le droit de grève, l’offre d’une bonne formation et éducation, qui permet l’occupation d’emplois de qualité, et la garantie d’une transition juste vers une économie zéro carbone par la création d’un filet de sécurité pour les travailleurs. Dans la perspective de la COP22 qui aura lieu au Maroc, Georges Dassis, président du CESE, a signalé que le Comité doit essayer d’orienter les travaux dans la bonne direction et s’assurer que le coût de la création d’un avenir viable pour les prochaines générations sera distribué de manière équitable.

La deuxième partie de la réunion du matin a été consacrée aux priorités communes du groupe des travailleurs et du mouvement syndical en présence de Luca Visentini, secrétaire général de la CES. Ce dernier a souligné que Schengen constituait une question prioritaire étant donné que l’acquis Schengen est actuellement menacé à cause de la crise des réfugiés et des négociations avec le Royaume-Uni. Il a fait valoir que l’Europe est capable d’absorber le nombre actuel des réfugiés ; néanmoins, les responsabilités doivent être partagées et la solidarité doit prévaloir à travers une distribution proportionnelle des réfugiés dans les États membres et leur insertion rapide dans le marché de travail.

Une autre priorité doit être la lutte contre une détérioration des droits sociaux et les tentatives de détruire le modèle social européen dans le cadre des négociations sur le «Brexit». La CES a lancé une série d’initiatives en la matière (par exemple, la promotion de ses positions auprès de gouvernements potentiellement favorables à ces dernières, comme la France). Elle saluerait toute action du groupe des travailleurs en ce sens. Enfin, le mouvement des travailleurs devrait s’opposer à toute autre tentative de suppression des droits établis, tels que le droit de grève ; ce dernier est en train de subir des attaques dans plusieurs pays comme l’Espagne, l’Italie, la Pologne, la Finlande, la Hongrie et le Royaume-Uni.

L’après-midi a été consacré à une séance d'information sur les travaux en cours dans les différentes sections et autres organes du CESE. Les participants se sont penchés en particulier sur l’impact du programme «REFIT» de la Commission européenne dont l'objectif est la réduction des charges administratives. Denis Meynent, membre du groupe des travailleurs et rapporteur de l'avis du CESE qui traite de la question, a expliqué que les efforts de simplification et d’amélioration de la législation européenne ne devraient pas entraîner une dérégulation qui pourrait avoir un impact négatif sur les travailleurs. Il a appelé à une action commune des syndicats et des ONG en faveur d’un rééquilibrage de l’approche «Refit» pour la préservation de la protection des citoyens. Katarzyna Hanula-Bobbit (Finance Watch) a décrit la méthode de travail de la plateforme «REFIT» et a expliqué que, bien que les organisations syndicales et la société civile ne disposent pas d’une majorité au sein de cette plateforme, elles peuvent y faire valoir leurs intérêts.

En ce qui concerne les relations d’emploi, Kathleen Walker Shaw, membre du groupe des travailleurs, a présenté l’avis «L'évolution de la nature des relations de travail et l'impact sur le maintien d'un salaire », dont elle est rapporteure. Elle a fait part des défis liés aux nouvelles formes d’emploi comme le travail précaire, les contrats sans horaires, les relations contractuelles floues et le partage des responsabilités entre les employeurs et les travailleurs (elle a cité l’exemple de la compagnie de taxis UBER). De nombreuses questions soulevées lors du débat qui a suivi intéressaient directement les travailleurs et Gabriele Bischoff a conclu que le groupe des travailleurs suivrait de près les développements dans ce secteur.

Pierre Jean Coulon, membre du groupe des travailleurs et président de la section TEN (Transports, énergie, infrastructures, société de l'information), a donné un aperçu des défis actuels auxquels est confronté le secteur de l’énergie. Selon lui, la recherche d’un juste équilibre entre les exigences sociales, économiques et environnementales et un partage équitable des responsabilités sont des aspects clés de la transition vers une économie à faible intensité de carbone. Il a exhorté à davantage de solidarité en ce qui concerne les négociations avec des pays tiers pour l’achat de paquets énergétiques, le développement de réseaux et l’utilisation de l’énergie. Il a attiré l’attention sur le fait que toutes ces questions pourraient être débattues avec le Commissaire Šefčovič au cours de la session plénière d’avril.