Réflexions de la CCMI du CESE sur la transition énergétique vers une Europe neutre en carbone

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En matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’UE est en bonne voie d’atteindre les objectifs qui ont été fixés pour 2020. Toutefois, pour maintenir une trajectoire saine vers une économie neutre en carbone, il sera nécessaire, au cours des prochaines décennies, de prévoir une planification claire des investissements dans la R&D et les infrastructures, de déployer massivement des énergies propres et de faire preuve d’une volonté politique sans faille, au niveau tant international que national.

Au cours des 30 dernières années, l’UE a réduit ses émissions de 20 % tout en enregistrant une croissance économique de 58 %. «Nous avons prouvé qu’il était possible de dissocier les émissions de la croissance économique. L’UE parviendra à la neutralité climatique une à deux décennies avant le reste du monde», a déclaré Cécile Hanoune, responsable de l’unité «Stratégie et évaluation économique» à la DG CLIMA, lors de la réunion de la commission consultative des mutations industrielles (CCMI) du CESE.

La part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique de l’UE a considérablement augmenté, atteignant 17,5 % en 2017. Toutefois, les progrès se sont avérés plus importants dans certains secteurs que dans d’autres. Le secteur du chauffage et du refroidissement et celui des transports font partie de ceux qui ont enregistré les plus faibles taux d’utilisation des énergies renouvelables. «La transition énergétique sera coûteuse, mais il serait encore plus coûteux de ne rien faire», a déclaré Hans Van Steen, responsable de la direction «Énergies renouvelables, recherche et innovation et efficacité énergétique» à la DG ENER, en faisant référence aux investissements supplémentaires nécessaires dans les infrastructures et dans la R&D en matière d’énergie propre, qui proviendront principalement du secteur privé.

Ces actions, de même que d’autres mesures à court et à long terme, ont été définies dans le plan directeur pour la transformation industrielle en vue d’une industrie climatiquement neutre à l’horizon 2050. Vincent Basuyau, qui est responsable de la politique «utilisation efficace des ressources et matières premières» à la DG GROW, a expliqué comment ce plan aborde la problématique du développement durable et de la compétitivité future de l’industrie de l’UE dans le contexte mondial.

La transition vers une économie neutre en carbone reposera sur une combinaison de différentes sources d’énergie. Certains membres de la CCMI se sont dit préoccupés par l’énergie nucléaire, qui devrait conserver sa part relative dans le bouquet énergétique de l’UE. L’Europe joue un rôle de premier plan dans les travaux de développement visant à maîtriser la fusion nucléaire, source d’énergie à faible teneur en carbone prometteuse pour l’avenir. Dans l’intervalle, l’hydrogène peut représenter une autre solution fiable. «Les gens critiquent généralement l’hydrogène pour son manque d’efficacité. Je dirais que l’électricité est efficace à 0 % si vous ne pouvez pas en mettre dans votre voiture», a déclaré Jorgo Chatzimarkakis, secrétaire général de Hydrogen Europe. Parmi les aspects positifs de l’énergie à faibles émissions de carbone, on peut citer la collecte des énergies renouvelables, la distribution d’énergie à bon marché et la décarbonation des transports et du chauffage.

«Depuis 1990, l’industrie chimique a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 60 %», a expliqué Charles Henri Robert, directeur exécutif pour le changement climatique et l’énergie au sein du Conseil européen de l’industrie chimique (CEFIC). Il a mis en avant certains des facteurs déterminants qui ont favorisé la réduction des émissions dans l’industrie chimique, parmi lesquels on retiendra le meilleur alignement entre la politique en faveur du climat et celle de l’énergie, les investissements dans l’innovation et les infrastructures et les incitations en faveur des produits circulaires.

Axel Eggert, directeur général de l’Association européenne de la sidérurgie (Eurofer), qui représente une autre grande industrie à forte consommation d’énergie, a fait part de ses préoccupations en lien avec la nécessité de garantir des conditions de concurrence équitables pour les producteurs d’acier européens, qui sont en compétition, à l’échelle mondiale, avec des acteurs bénéficiant de subventions d’État, notamment de la part de la Chine. «Nous avons réduit nos émissions de 28 % depuis 1990. Pour que nous restions compétitifs, il convient de mettre en place les cadres réglementaires qui s’imposent», a-t-il déclaré.

D’après les estimations de la Commission, l’UE devrait parvenir à une réduction de 45 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, ce qui dépasse les objectifs de l’accord de Paris. Toutefois, le travail doit se poursuivre au niveau international. Les réunions du G7 et du G20 ainsi que les accords commerciaux ont été utilisés comme outils pour faire avancer l’action mondiale en faveur du climat.