Pour une Europe unie, plus proche de ses citoyens

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L'Union européenne a été créée dans le but de «promouvoir la paix, ses valeurs et le bien-être de ses peuples[1]». La réalisation de ces objectifs implique l'Union des États européens. En dépit de tous les moments de succès qu'elle a connus, l'Union européenne ne peut donc pas être considérée comme un «acquis pour toujours» mais doit être défendue et développée avec cohérence et constance.

La crise, grave et profonde, que l'Europe traverse actuellement en apporte la démonstration. Les problèmes économiques et budgétaires ont mis en évidence que l'Union souffre de faiblesses dans sa gouvernance, que son degré d'intégration est insuffisant et qu'elle est exposée à un grave risque de fractures, y compris au sein de sa société civile.

Le danger que l'Union s'éloigne de ses valeurs et de ses visées est devenu plus évident que jamais. L'absence d'une politique sociale efficace durant la crise a non seulement contribué à une explosion du chômage, aboutissant en fait à sacrifier la prochaine génération de jeunes, mais a également été l'une des causes de la montée brutale de la pauvreté, qui touche jusqu'aux personnes qui ont un travail. S'y sont encore ajoutées les lacunes dans la stratégie d'accueil des réfugiés, plusieurs États membres témoignant même d'un manque déplorable de solidarité cependant que le droit des citoyens à circuler librement dans l'espace Schengen se trouve à présent remis en cause.

 

En dépit de tous ces éléments, l'Union européenne ne constitue pas le problème, mais bien la solution.

 

Comment, toutefois, préserver la construction européenne dans cette conjoncture?

 

Il faut que nous renforcions ses bases sociales et que nous rendions l'Europe plus proche de ses citoyens. Le chômage des jeunes est extrêmement inquiétant aujourd'hui. L'emploi devra toujours constituer la priorité absolue. Il faut notamment s'assurer que les fonds dégagés pour lutter contre ce fléau sont régis par des dispositions réglementaires efficaces et qu'ils sont utilisés sur le terrain et d'une manière directement correcte. Il s'impose également de lutter contre le travail clandestin et non déclaré. Investir dans la recherche et l'innovation devra également devenir une de nos priorités, le but étant que l'Europe devienne un milieu pionnier, qui donnera le premier rôle aux jeunes chercheurs, l'Union et les États membres se devant aussi, dans le même temps, d'allouer davantage de moyens à l'éducation et à la formation professionnelle. Il y a lieu d'inciter à prendre les mesures qui favoriseront l'épanouissement personnel, la culture, l'intelligence et la socialisation. La libre circulation des personnes et des biens doit être assurée, de manière à faire comprendre que l'Europe est ouverte sur le monde entier et qu'elle est capable de protéger ses intérêts économiques et ses acquis sociaux.

 

Il existe, par conséquent, des solutions, et l'Europe peut les offrir. Le CESE a déjà soumis à la Commission européenne des propositions détaillées pour combattre la crise économique. Parmi l'ensemble de ses recommandations figurent les avis qu'il a consacrés au revenu minimum européen, à la taxe sur les transactions financières ou à l'émission d'obligations européennes.

 

Il est incontestable que l'Union européenne doit être à l'écoute des propositions de la société civile, les élaborer et en faire la synthèse, comme le suggère précisément le CESE, en exploitant l'esprit d'initiative et la soif d'investir des entreprises, en tirant parti du dynamisme des travailleurs et de leurs apports et en donnant un maximum de résonance au sens de la solidarité qui anime toutes les composantes du Comité économique et social européen.

 

Enfin, comme je l'ai également souligné dans le programme que j'ai eu l'honneur de rédiger à l'occasion de ma prise de fonctions, une construction humaine ne saurait avoir de sens que si elle a l'être humain pour finalité. Ce n'est pas par la régression sociale que nous panserons nos plaies, mais par l'esprit d'entreprise, le travail et la solidarité. Ce n'est pas en leur promettant des lendemains radieux ou des aurores dorées et chatoyantes, augurant de jours meilleurs, que nous empêcherons les nationalistes extrémistes de berner des citoyens vulnérables mais bien en montrant avec courage et ingéniosité que l'Union fait la force. Nous réussirons ainsi à résister aux spéculateurs politiques et économiques de tout poil et à améliorer les conditions de vie de tout un chacun.

 

Nous nous devons assurément de relever l'Europe, de l'améliorer et de la sauvegarder, mais ce n'est pas pour des systèmes, des structures ou des abstractions que nous avons à le faire, mais bien pour les citoyens de l'Europe.



[1]              Article 3, paragraphe 1, du traité sur l'Union européenne.