Les représentants de la société civile de l’UE et des pays ACP mettent en avant le potentiel de l’économie bleue en tant que facteur clé de développement

Le 22 novembre, les participants au 17séminaire régional des milieux économiques et sociaux ACP-UE ont adopté une déclaration soulignant le potentiel de l’économie bleue en tant que facteur clé de développement dans de nombreux pays d’Afrique orientale et australe. Cette manifestation, organisée par le CESE à Maurice, a également été l’occasion pour les représentants de la société civile d’appeler à un rôle accru de la société civile dans la négociation des accords de partenariat économique et des accords de partenariat bilatéraux dans le domaine de la pêche durable (APPD), et de reconnaître le rôle joué par les milieux économiques et sociaux africains et européens dans le développement des infrastructures.

Selon la définition donnée par la Commission européenne dans son rapport économique annuel 2018 sur l’économie bleue européenne, ce terme fait référence à toutes les activités économiques liées aux océans, aux mers et aux côtes et couvre un large éventail de secteurs établis et émergents étroitement liés les uns aux autres. En 2012, la conférence des Nations unies sur le développement durable a introduit ce nouveau paradigme en tant que corollaire de l’objectif de développement durable n14: «Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable».

Le concept d’économie bleue a été largement soutenu par les participants au séminaire ACP-UE. Leur déclaration commune souligne le fait que cette économie vise à «gérer les écosystèmes marins et côtiers et à les protéger de la pollution, et ce de manière durable, ainsi qu’à lutter contre les effets de l’acidification des océans par la conservation et l’utilisation durable de ressources basées sur les océans».

La déclaration fait également valoir que les activités de la bioéconomie bleue sont fondées sur l’utilisation durable des ressources renouvelables et sur l’expertise qui s’y rapporte, laquelle se caractérise par un vaste acquis de savoir-faire, de connaissances et de traditions humaines.

Toutefois, les participants au séminaire attirent l’attention sur la vulnérabilité des petites îles (y compris les petits États insulaires en développement) face à l’élévation du niveau de la mer à l’échelle mondiale, en particulier pour les communautés vulnérables vivant dans des environnements de récifs coralliens, sur des atolls urbanisés et des îles de faible altitude. La déclaration met également l’accent sur la nécessité d’investir dans la conservation des zones humides dans l’océan Indien.

De plus, le texte adopté rappelle l’importance du secteur de la pêche dans l’océan Indien comme contributeur majeur à la sécurité alimentaire, à l’emploi et aux revenus pour environ 130 000 personnes, ainsi que de la gestion durable des ressources halieutiques et de la lutte contre la pêche illicite. À cet égard, les participants ont reconnu la valeur des accords bilatéraux de partenariat dans le domaine de la pêche durable négociés par l’UE avec les pays du Sud-Ouest de l’océan Indien.

Ce séminaire a rassemblé des délégués des milieux économiques et sociaux de l’Afrique orientale et australe (AOA), région qui comprend les îles de l’océan Indien (Comores, Madagascar, Maurice et Seychelles), des pays de la Corne de l’Afrique (Djibouti, Éthiopie, Érythrée et Soudan) et certains pays d’Afrique australe (Malawi, Zambie et Zimbabwe), ainsi que des membres du comité de suivi ACP-UE du CESE. Des représentants d’autres institutions de l’UE et des pays ACP ainsi que d’organisations internationales et régionales, de même que des diplomates, y ont également participé.

Le rôle de la société civile

L’un des principaux sujets abordés était le rôle de la société civile dans les relations commerciales et l’intégration régionale. Dans ce cadre, les participants ont convenu que les représentants de la société civile devraient jouer un rôle plus important dans les négociations sur l’approfondissement de l’accord de partenariat économique (APE) entre l’UE et les pays d’Afrique orientale et australe (AOA) (Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles et Zimbabwe).

L’idée sous-jacente est que cet accord de partenariat économique UE-AOA modernisé pourrait devenir la référence pour ce qui est de l’inclusion des acteurs non étatiques et tirer parti des expériences de ces acteurs concernant les obstacles à la mise en œuvre.

Selon Jarosław Mulewicz, membre du CESE et président du comité de suivi ACP-UE, le principal problème est le manque d’informations des deux parties. Les parties prenantes africaines ne connaissent pas bien le mode de fonctionnement de l’UE et, du côté européen, nous avons besoin d’un mécanisme pour canaliser notre participation; par ailleurs, un afflux massif de fonds privés est nécessaire, mais les investisseurs ont bien sûr également besoin de garanties.

Infrastructures

Un autre point majeur abordé lors du séminaire était la nécessité d’améliorer les infrastructures afin de garantir le progrès économique, compte tenu du défi que représente la diversité des pays d’Afrique orientale et australe sur le plan de la géographie, de l’économie et de la culture pour les efforts d’intégration régionale. En l’espèce, les participants ont reconnu l’importance des programmes financés par l’UE et axés sur des pays spécifiques, mais ont souligné également la nécessité «d’accroître les synergies entre les instruments de l’UE qui favorisent la coopération et l’investissement et promeuvent la croissance, l’emploi et la compétitivité».

Tout en reconnaissant le potentiel de la révolution numérique pour changer la société, l’économie et le lieu de travail, la déclaration fait état d’une méfiance à l’égard du numérique, et en particulier du commerce électronique, et recommande une coopération afin de relever les défis liés aux menaces informatiques.

Les infrastructures de transport et la professionnalisation des jeunes et des entreprises dans le secteur portuaire ont également été mentionnées comme prioritaires dans la déclaration, qui a également mis en exergue le rôle essentiel des matières premières et des denrées agricoles dans la lutte contre la pauvreté et la malnutrition, la garantie de la sécurité alimentaire, la création d’emplois et la promotion du développement rural ainsi que la diminution de l’exode rural. La déclaration a également mis en avant le rôle joué par les communautés en tant que moteur du développement local et l’intérêt des microprojets.