Les jeunes sont moins bien lotis que les générations précédentes sur l'actuel marché du travail

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LMO 10.10.2017
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LMO conference on 10.10.2017

Pour une Europe à l’épreuve du temps, il faut favoriser le vieillissement actif, l’investissement dans l’éducation et l’acquisition des compétences appropriées

Malgré un nombre record de personnes occupant un emploi et le maintien de la croissance économique dans l’Union européenne, les jeunes Européens sont confrontés aujourd’hui à des perspectives de carrière moins stables, à un moindre degré de protection sociale et à un niveau de vie moins élevé que les générations précédentes. Cela fait de l’équité entre les générations l’une des grandes priorités politiques, ressort-il d’une conférence tenue au Comité économique et social européen (CESE).

La conférence de haut niveau «Rapport sur l'évolution de l'emploi et de la situation sociale en Europe: l'équité entre générations et la solidarité», tenue à Bruxelles le 10 octobre dernier, était coorganisée par l’Observatoire du marché du travail (OMT) du CESE et la DG Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne.

Elle avait pour objectif d’entendre les points de vue des membres du CESE, des partenaires sociaux, d’autres organisations de la société civile et de représentants des gouvernements sur les conclusions du rapport 2017 sur l'évolution de l'emploi et de la situation sociale en Europe (ESDE), publié par la Commission en juillet 2017.

Le rapport annuel ESDE, qui présente chaque année les principales questions qui se posent en matière sociale et d’emploi pour l’UE et ses États membres, confirme des tendances positives tant sur le marché du travail que sur le plan social, mettant en lumière le nombre sans précédent de 234,2 millions de personnes occupant un emploi, et un taux de chômage de 7,8 % à l’échelle de l’UE, soit le niveau le plus bas depuis 2008.

Cependant, il montre également que les jeunes sont désavantagés par rapport aux travailleurs d’âge médian et aux travailleurs âgés. Même s’ils disposent d’une meilleure éducation que leurs parents ou grands-parents, les jeunes Européens sont confrontés à des difficultés pour entrer sur le marché du travail et sont davantage exposés à des formes de travail précaire telles que le travail à temps partiel ou les contrats à durée déterminée.

Cette situation les rend plus vulnérables sur le marché du travail, car ils ont une moindre stabilité d’emploi et sont moins bien protégés par les systèmes de protection sociale ou les conventions collectives. En conséquence, ils ont tendance à reporter les décisions importantes telles que la formation d’une famille.

Le rapport montre une fracture générationnelle sur le marché du travail. Les États membres, les institutions européennes, les partenaires sociaux et les organisations de la société civile partagent la responsabilité d’œuvrer en faveur d’une Europe à l’épreuve du temps, a déclaré M. Pavel Trantina, président de la section «Emploi, affaires sociales, citoyenneté» du CESE.

La commissaire chargée de l’emploi, des affaires sociales, des compétences et de la mobilité des travailleurs, Mme Marianne Thyssen, a déclaré que «l’équité et la solidarité entre les générations sont l’un des grands défis auxquels les décideurs politiques sont confrontés aujourd’hui». «Nous devons garantir l’équité entre les générations et la viabilité de notre modèle social», a-t-elle ajouté.

En raison de l’évolution démographique défavorable et du vieillissement de la population, les jeunes d’aujourd’hui et, plus encore, les générations futures verseront des cotisations bien plus élevées et, en contrepartie, ne percevront que des pensions de vieillesse beaucoup plus faibles, par rapport aux salaires, après leur départ à la retraite.

M. Michel Servoz, directeur général de la DG Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne, a estimé que le problème de l’évolution démographique et de la fracture entre les générations était aussi inquiétant que le changement climatique. Quel que soit votre angle d'approche, vous constaterez que les jeunes se trouvent dans une situation plus difficile que par le passé, a-t-il déclaré.

Les participants ont toutefois estimé que le tableau n’était pas uniformément sombre, et ils se sont penchés sur les solutions possibles, telles que l’investissement dans les compétences et l’aptitude à l’emploi, la reconversion des travailleurs et l’aide aux personnes inactives, qui représentent aujourd’hui 30 % de la population européenne en âge de travailler.

Mme Christa Schweng, membre du CESE, a mis l’accent sur la nécessité d’une formation pratique en tant que partie intégrante de tout système éducatif. Il est nécessaire d’établir un lien plus étroit entre le système éducatif et le monde du travail de manière à améliorer l’employabilité des jeunes, a-t-elle déclaré.

Une autre solution réside dans la promotion du vieillissement actif.«Le vieillissement actif est essentiel afin que les personnes âgées puissent contribuer à la société, plutôt que d'apparaître comme un fardeau, a déclaré M. Carlos Trindade, le président de l’OMT. Il a ajouté que cette approche devrait être encouragée dans le cadre de l’éducation et des soins de santé pour les personnes âgées, de leur accès aux technologies de l’information, de la promotion de la citoyenneté active et de la création intellectuelle ainsi que d’autres mesures similaires.

Les solutions négociées entre les partenaires sociaux, la société civile et les pouvoirs publics, et l’adaptation du dialogue social aux nouvelles réalités du travail figurent également parmi les priorités à l’ordre du jour.

La solidarité entre les générations est l’une des composantes clés du modèle social européen, a conclu M. Trindade.