Le 23 janvier, le Conseil national de l’économie et du travail (CNEL) italien a tenu, sous les auspices du Comité économique et social européen, une conférence intitulée L’EFSI: un outil au service de la croissance
. Cette conférence avait deux objectifs: promouvoir l’utilisation de l’EFSI et examiner de quelle manière cet instrument financier pourrait être utile au cours de la période 2021-2027 dans le cadre des priorités de la Commission européenne: recherche, Erasmus, politique de cohésion, agriculture, réseaux transeuropéen de transport (RTE-T), défense et immigration.
Les participants était répartis en deux groupes. Le premier était un panel européen composé de José Manuel Fernandes, rapporteur du Parlement européen au sujet de l’EFSI, Dario Scannapieco, vice-président de la BEI, Chiarion Casoni de la direction générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne, James Watson de Business Europe et Renaud de Matharel, directeur général de Cube et bénéficiaire de l’EFSI pour le projet intitulé CUBE Infrastructure Fund. Le second groupe était italien, au sein duquel des représentants d’entreprises (notamment Linkem, bénéficiaire de l’EFSI), d’associations, de banques et d’organisations syndicales ont exprimé leur point de vue au sujet de cet instrument financier.
Après une brève introduction prononcée par Tiziano Treu, président du CNEL, j’ai présenté l’avis du CESE sur l’EFSI 2.0, en insistant sur quelques un des points principaux: la recommandation selon laquelle l’EFSI 2.0 devrait viser un engagement toujours plus grand de capitaux privés; l’importance de maintenir une orientation axée sur le marché, en renforçant l’additionnalité de l’EFSI; le fait que l’EFSI 2.0 devrait concentrer ses propres interventions sur des secteurs d’avenir tels que l’industrie 4.0, l’énergie intelligente, les réseaux d’infrastructures numériques et de transport, la protection de l’environnement et les projets transfrontaliers, notamment les grands projets européens.
José Manuel Fernandes a expliqué le rôle clé joué par le Parlement européen pour élargir l’EFSI 2.0, et a passé en revue toutes les réussites du plan Juncker, tout en affirmant qu’il avait besoin d’améliorer sa visibilité (en particulier du point de vue des PME) et son équilibre géographique. Il a ajouté que l’EFSI 3.0 continuerait à utiliser des fonds structurels, sans les remplacer.
Dario Scannapieco, vice-président de la BEI, a donné un aperçu général de l’EFSI du point de vue de sa banque, en soulignant que 550 000 PME allaient être associées à cet instrument financier. Il a également souligné l’importance de renforcer le centre consultatif (dont il est question dans l’avis du CESE) pour aider les pays à réaliser des projets structurels dans le cadre de la politique de cohésion.
M. Scannapieco a conclu en examinant le rôle de l’EFSI dans le domaine social, en donnant quelques exemples de projets concernant des logements sociaux et des infrastructures, tels que le nouvel hôpital ultramoderne de Trévise et le projet KOS consacré aux instruments médicaux nécessaires à la recherche contre le cancer. Chiarion Casoni, de la direction générale des affaires économiques et financières de la Commission européenne, a souligné la manière dont le plan Juncker avait relancé les investissements en matière d’infrastructures dans toute l’Union européenne. Il a également expliqué l’«utilisation intelligente» du budget de l’Union pour le prochain programme économique, qui ne sera pas seulement guidé par la demande, mais aussi par les politiques, tout en mettant l’accent sur les priorités futures de l’Union européenne, telles que le développement durable et l’immigration.
James Watson a déclaré que Business Europe avait approuvé le programme EFSI et a souligné trois points essentiels: le fait que combler le déficit d’investissement allait prendre dix ans, la nécessité d’analyser l’impact de l’EFSI sur l’économie réelle et son espoir, pour l’avenir, que le prochain CFP serait axé sur la compétitivité.
Le panel italien a été à l’origine de nombreuses idées intéressantes, notamment celles de Davide Rota, directeur général de Linkem, une société fondée en 2002 pour donner facilement accès aux ménages italiens à une connexion à large bande, qui emploie aujourd’hui plus de 800 personnes. M. Rota a expliqué que les procédures de l’EFSI étaient plus simples (25 % sur papier) et plus rapides que les prêts bancaires ordinaires, tout en restant rigoureuses. Il continue à utiliser l’EFSI pour son projet d’accès à large bande sans fil, qui suppose que l’entreprise investisse en Italie pour faire migrer son réseau d’accès à large bande sans fil du WiMAX vers la technologie LTE Time Division Duplex (TDD), compatible avec les évolutions futures, et pour étendre sa couverture des foyers italiens en la faisant passer de 45 % (à la fin de l’année 2015) à au moins 70 % d’ici la fin de l’année 2018.
Quelques réflexions conclusives au sujet de cette conférence. Nous nous trouvons aujourd’hui à la croisée des chemins, entre l’EFSI 1.0 et l’EFSI 2.0 qui ont produit des résultats très positifs, en particulier pour les PME. Toutefois, avec environ 250 milliards d’EUR engagés, contre 500 milliards d’EUR prévus en fin de parcours, il reste encore beaucoup à faire et de nombreuses opportunités à saisir. L’élargissement du champ d’application et des objectifs de l’EFSI 2.0 devrait permettre en principe de démontrer encore davantage la valeur de cet outil. L’EFSI 3.0, encore affiné, serait un instrument utile pour compléter, sans les remplacer, la quasi-totalité des programmes financiers du prochain cadre financier pluriannuel de l’Union européenne (2021-2023).