Examen annuel de la croissance 2019: l’autosatisfaction n’est pas de mise

EESC rapporteur Anne Demelenne
Plenary session - Day 1 - SOC/584 - Anne DEMELENNE

Le CESE tire des conclusions mitigées de l’examen annuel de la croissance (EAC) réalisé par la Commission européenne

Étant donné les résultats mitigés produits par les précédentes politiques de réforme, il est essentiel que l’Union européenne et les États membres procèdent à une évaluation approfondie de celles-ci. En dépit d’avancées survenues jusqu’à présent, de nouvelles réformes et des mesures politiques sont nécessaires pour encourager la productivité et la croissance économique, et pour renforcer la cohésion et la dimension sociale des politiques. Telles sont quelques-unes des principales conclusions que le Comité économique et social européen (CESE) a tirées de L’examen annuel de la croissance en 2019.

Dans son avis sur L’examen annuel de la croissance récemment adopté, le Comité critique l’évaluation largement favorable que fait la Commission des progrès économiques et sociaux depuis 2014 et des politiques de réforme précédentes. Il n’est donc pas en mesure de reprendre à son compte toutes les recommandations de la Commission.

Anne Demelenne, rapporteure de l’avis du CESE, estime qu’«une évaluation appropriée de la performance de l’Union européenne doit correspondre aux données dans tous les domaines, et ne saurait verser dans l’autosatisfaction». Les progrès en matière de croissance économique, d’investissements et d’évolutions sur le marché du travail sont positifs selon elle, mais doivent être mis en perspective, en particulier si on les compare aux performances d’autres économies avancées.

La croissance économique dans l’Union dans son ensemble est toujours plus faible qu’avant la crise et il convient de prendre en compte les différences entre les régions, et à l’intérieur de celles-ci. L’EAC ne donne pas matière à relâcher nos efforts, indique la rapporteure du CESE. Nous ne pouvons nous contenter des améliorations du passé. Augmenter la productivité est vital pour notre compétitivité et pour le bien-être des citoyens. Nous devons donc préserver les progrès antérieurs, et continuer les réformes.

Compte tenu des perspectives économiques actuelles et de la persistance des retombées négatives de la dernière récession, les réformes comme les politiques devraient renforcer la résilience de l’économie et des marchés du travail, et ainsi améliorer la croissance de l’économie et de la productivité. Cela favoriserait également la réduction de la dette publique comme de la dette privée.

Le CESE se félicite que la Commission s’engage à soutenir les réformes, et demande de nouvelles propositions de réformes et des politiques qui reposent sur une évaluation approfondie des politiques précédentes. Il s’agit d’une nécessité manifeste à la lumière des résultats mitigés obtenus à ce jour, s’agissant notamment de la lenteur de la reprise économique, des préoccupations persistantes concernant la productivité de l’Union par rapport à ses concurrents et de l’augmentation de l’emploi précaire.

De nouvelles approches doivent également faire la preuve d’un véritable engagement envers les priorités du socle européen des droits sociaux et les objectifs internationaux en matière de climat. Le Comité déplore que l’EAC échoue à formuler des propositions adéquates de mise en œuvre et de financement de ces priorités, et ce malgré les mauvaises performances économiques et sociales constatées dans de nombreux pays depuis 2008 et l’urgence de l’action en faveur du climat.

Eu égard à l’importance que revêt la promotion d’une croissance durable d’un point de vue économique, environnemental et social, le Comité propose de rebaptiser l’examen annuel de la croissance «Examen annuel de la croissance durable».

Cette démarche reconnaîtrait l’importance du changement climatique, la nécessité d’utiliser les ressources de manière durable et la protection de l’environnement dans l’intérêt des générations futures, indique Anne Demelenne.

Dans son avis, le CESE critique également le manque de propositions destinées à lutter contre les risques extérieurs qui menacent la croissance, tels que les changements dans l’économie mondiale et le Brexit. L’UE et les États membres devraient élaborer des politiques de relance pour maintenir la croissance et le niveau de l’emploi, et prévoir un budget à cet effet. La création d’une fonction de stabilisation macroéconomique de la zone euro en serait un bon exemple.

Des investissements de qualité élevée dans l’éducation et la formation, tels que proposés dans l’EAC, seraient les bienvenus dans ce contexte en raison de leurs effets sur la productivité.

40 % des employeurs font état de difficultés à recruter du personnel dûment qualifié et de nombreux travailleurs potentiels éprouvent également des difficultés à trouver un emploi correspondant à leurs qualifications dans leur pays d’origine, indique Anne Demelenne. Les partenaires sociaux et la société civile, ainsi que les investissements publics et privés, avec l’appui des Fonds structurels de l’UE, peuvent contribuer à améliorer l’éducation et la formation.

Les partenaires sociaux et la société civile pourraient également contribuer de manière générale à accélérer les travaux sur les nouvelles propositions de politiques, et à s’assurer que les réformes soient adaptées à chaque pays, appropriées et réalisables.

Enfin, le Comité se félicite de la priorité accordée par la Commission aux réformes visant à augmenter les investissements privés et publics, mais ne partage pas l’analyse selon laquelle le déficit d’investissement serait pratiquement comblé.

La mise en œuvre des politiques dépend dans de nombreux domaines de financements privés et publics. Il convient de renforcer les efforts visant à créer un environnement favorable aux investissements du secteur privé, et de prévoir un soutien approprié dans le cadre du budget de l’Union. L’achèvement de l’union de l’énergie et les accords commerciaux internationaux sont par exemple susceptibles de présenter des débouchés pour les investissements.

Anne Demelenne ajoute que: «Les règles budgétaires de l’Union devraient autoriser les États membres à consacrer une partie de leur budget à des investissements socialement et économiquement productifs, qui ne menacent pas la viabilité budgétaire future». Il est de la plus haute importance de garantir la stabilité macrofinancière et des finances publiques saines, mais à condition que ce soit dans un objectif durable.

Contexte:

Le CESE appelle de ses vœux une croissance inclusive et la convergence des salaires, une protection sociale adéquate et une augmentation des salaires. Le retour à des emplois de qualité et à des contrats de travail durables est essentiel, aussi le socle européen des droits sociaux devrait être pleinement intégré au Semestre européen. Le CESE appelle à redoubler d’efforts pour approfondir l’UEM et achever l’Union bancaire et l’Union des marchés de capitaux, les propositions actuelles étant insuffisantes pour faire face aux chocs asymétriques. Il convient également de faire de la fiscalité équitable une autre priorité.