Une refonte urgente est nécessaire pour que la politique européenne de voisinage (PEV) de l’UE redevienne un outil efficace de coopération transfrontalière
La politique européenne de voisinage, qui a été lancée en 2004 afin de mettre à profit les valeurs et intérêts communs de l’UE avec ses voisins orientaux et méridionaux et de promouvoir une coopération politique et économique, a été rattrapée par l'actualité. L’approche uniforme adoptée par l’UE, appliquant un modèle unique à tous les pays, n’a pas permis de tenir compte ni de gérer le processus d’émiettement persistant dans ces deux régions, Daech (EI) déstabilisant les pays voisins méridionaux en y menant une politique de terreur, tandis que la guerre et les efforts diplomatiques et militaires russes visaient directement le partenariat oriental.
Pour le CESE, il est indispensable de disposer d’une PEV qui s’attaque à la réalité sur le terrain, en mettant l’accent sur la stabilisation régionale, la compréhension des priorités et des intérêts des différents pays, et la promotion du dialogue social et civil. Ces recommandations majeures figurent dans un nouvel avis du CESE sur la récente refonte de la politique européenne de voisinage opérée par la Commission.
«S'il est indéniable que l'UE a été confrontée à des développements perturbants, qui ont parfois été dramatiques, chez ses voisins du Sud comme de l'Est, le manque de vision ne l'aidera pas à se sortir de cette mauvaise passe. Le CESE recommande de doter la PEV d'un nouveau programme audacieux et dynamique, y compris en offrant une perspective d'adhésion à l'UE pour certains pays partenaires, en particulier orientaux, qui nourrissent de telles aspirations et ont la capacité et la volonté de remplir les conditions fixées à cet égard, a affirmé M. Andrzej Adamczyk, rapporteur de l’avis.
Une approche plus volontariste et dynamique
Si le CESE se félicite que la Commission reconnaisse que la stabilisation constitue le défi le plus urgent et devrait constituer la priorité absolue de la nouvelle PEV, le Comité souhaite que des mesures plus volontaristes et dynamiques soient prises pour prévenir et résoudre les conflits. Le développement économique, principale condition d’un voisinage stable, doit également devenir prioritaire et devrait aller de pair avec des mesures sociales et environnementales, afin de garantir le maintien durable de la stabilité dans les deux régions.
De même, le CESE accueille favorablement le fait que la communication de la Commission mette l’accent sur la différenciation, qui reflète l’acceptation de l’idée selon laquelle les pays partenaires dans les régions concernées sont différents les uns des autres et ont des ambitions et des aspirations variées. Néanmoins, l’Union ne doit pas transiger sur le respect du caractère universel des droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit, et le CESE déplore que la nécessité de respecter les normes établies par l’Organisation internationale du travail (OIT) ne figure pas dans la communication.
Tout aussi préoccupant est le fait que la communication reste silencieuse sur la nécessité de renforcer le dialogue social et civil, ainsi que sur les violations du «droit d'association et de libre organisation» dans la zone couverte par la PEV. Le texte ne fait qu'une vague allusion à la nécessité d'approfondir les contacts noués avec la société civile. Le CESE souligne que les objectifs de la PEV ne pourront jamais être atteints sans une mobilisation importante des organisations œuvrant sur le terrain. Par ailleurs, doter la PEV d’un nouveau programme audacieux et dynamique, mais aussi développer une coopération effective et efficace avec les partenaires de la PEV, est crucial pour aider l’UE à trouver une solution à l’actuelle crise des réfugiés.
Pour en savoir plus
Politique européenne de voisinage
Communication de la Commission: Réexamen de la politique européenne de voisinage