Un coup de jeune pour une «rEUnaissance» de l'Europe

Le CESE organise une conférence à Bucarest sur l’importance d’engager un véritable dialogue avec la jeune génération européenne au sujet de l’UE

Le 13 novembre dernier, le Comité économique et social européen (CESE) a organisé une conférence intitulée «L’Union européenne expliquée aux jeunes: parlons de l’Europe!». Cette manifestation se tenait en marge de la réunion extraordinaire du Bureau du CESE à Bucarest, alors que la Roumanie s’apprête à assumer la présidence du Conseil de l’Union européenne.

Centrée sur le thème de la jeunesse, qui fait partie des priorités tant de l’actuelle présidence du CESE que de la future présidence roumaine, la conférence a débattu de la situation des jeunes en Roumanie et analysé les raisons pour lesquelles les jeunes devraient soutenir les valeurs de l’Union, dans le contexte de la montée du populisme et du désenchantement croissant ressenti par la jeune génération européenne.

L’événement s’inscrivait aussi dans le cadre de la préparation d’un avis du CESE sur les voies à suivre pour que les citoyens aient une meilleure connaissance de l’UE. Cet avis, élaboré à la demande de la présidence roumaine, prendra en considération les contributions rassemblées à Bucarest.

En ouverture de la manifestation, Costin-Radu Canțăr, sous-secrétaire d’État au ministère roumain des affaires étrangères, a déclaré que les jeunes générations représentent la ressource la plus importante pour le projet européen.

Le président du CESE, Luca Jahier, s’est quant à lui félicité que la future présidence roumaine ait choisi de faire de la jeunesse l’une de ses priorités, et il a souligné la nécessité d’associer les jeunes, sur un pied d’égalité, à un dialogue sur l’UE et les valeurs qu’elle représente.

«Le projet européen est la meilleure option dont nous disposons. Il a apporté la paix et a renforcé la stabilité, la sécurité, la prospérité et la démocratie sur notre continent. C’est pourquoi nous devons nous engager et communiquer au sujet de l’UE avec les jeunes, en leur montrant que nous prenons ce dialogue au sérieux et qu’il ne s’agit pas seulement d’une déclaration d’intention affichée à l’occasion des manifestations officielles», a déclaré M. Jahier.

Cependant, le climat politique qui prévaut actuellement dans de nombreux pays de l’Union menace l’existence même du projet européen. En Europe, les jeunes générations sont marquées par le désenchantement et le désengagement politique, ce qui les rend vulnérables à la propagande populiste.

«Dans la plupart de nos pays, les millenials (la génération Y) sont désabusés. Les mouvements populistes tirent parti de cette situation. Leur forte présence sur les réseaux sociaux, où ils peuvent diffuser leur propagande et de fausses informations, leur permet d’atteindre facilement la jeune génération», a précisé M. Jahier en manière d’avertissement.

En 2014, plus de 70 % des électeurs de moins de 24 ans ne se sont pas rendus aux urnes pour les élections au Parlement européen, et seuls 64 % des jeunes Britanniques ont voté lors du référendum sur le Brexit.

Ces chiffres ont été mis en avant par d’autres orateurs au cours de la conférence, à laquelle ont participé des représentants du Conseil roumain de la jeunesse, de la branche jeunesse du Bloc national syndical de Roumanie et du monde universitaire, ainsi que d’autres participants de haut niveau.

L’un des orateurs, Cătălin Augustin Stoica, chargé de recherches en sociologie à l’École nationale d’études politiques et administratives de Roumanie, a présenté un projet de recherche de 2014 sur les jeunes de Roumanie, qui révèle qu’à cette date, environ 49 % d’entre eux faisaient très peu confiance aux partis politiques. Leur niveau de confiance dans les jeunes responsables politiques était également très faible.

Seuls 1 % des répondants déclaraient avoir une «très grande confiance» dans le parlement et le gouvernement, et seuls 8 % et 11 % respectivement disaient avoir «grande confiance» dans ces deux institutions.

«Selon l’étude, les perspectives d’avenir ne sont pas prometteuses. Les temps sont difficiles», a déclaré M. Stoica.

M. Jahier a attiré l’attention sur le fait que le désenchantement ressenti par les jeunes est «inacceptable», si nous voulons que le projet européen soit couronné de succès.

«Nous avons besoin d’un esprit de rébellion, d’une force à la fois destructive et créative qui puisse ouvrir de nouvelles perspectives. En effet, nous avons beau faire le maximum, nous, les vieilles générations, sommes toutes condamnées à une certaine «ossification» de l’esprit. Nous avons besoin d’une pensée jeune, créative et constructive pour faire progresser nos sociétés», a conclu le président du CESE.