Action pour le climat: le moment est venu de monter en puissance

Durant la présidence finlandaise du Conseil de l’UE, la lutte contre le changement climatique figurera au premier rang des priorités. L’un des défis consistera à fédérer les 28 États membres autour de cette lutte et de mettre l’accent sur les perspectives qu’une Europe plus durable peut ouvrir pour le progrès économique, social et environnemental.

Le 6 juin dernier, à Helsinki, c’est pour souligner l’importance de cette problématique que le CESE a organisé, dans le cadre d’une réunion extraordinaire de son bureau, un séminaire sur le thème «Des mesures concrètes pour lutter contre le changement climatique au cours de la nouvelle législature européenne 2019-2024».

Dans les observations qu’il a formulées en ouverture de la manifestation, le président du CESE, Luca Jahier, a relevé que les élections européennes avaient apporté la démonstration que pour nombre d’électeurs, les inquiétudes en matière de climat représentaient une préoccupation majeure.

Il y a urgence à agir dans le domaine du changement climatique, dont nous ressentons déjà les effets. La transition vers une économie durable représente aussi une chance. Si nous voulons qu’elle soit couronnée de succès, nous devons préserver la compétitivité de nos entreprises et encourager la recherche et le développement.» Et M. Jahier d’ajouter: «Nous nous devons d’associer à la démarche l’ensemble des secteurs d’activité et toute la société civile, et d’entretenir un dialogue permanent avec les citoyens, afin que personne ne soit laissé de côté.

Dans sa contribution, Liisi Klobut, cheffe adjointe de l’unité «Affaires internationales et européennes» du ministère finlandais de l’environnement, a exposé les trois priorités de la présidence de son pays au service d’une Europe durable, à savoir:

  • lutter contre le changement climatique,
  • opérer la transition vers une économie circulaire,
  • enrayer la diminution de la biodiversité. 

La Finlande a conscience que les États membres sont divisés quant à la manière de réaliser les objectifs fixés pour 2050, et qu’il reste beaucoup à faire pour emporter leur conviction. «La présidence finlandaise, a-t-elle affirmé, est prête à mener ce débat et à le relayer dans plusieurs Conseils sectoriels.»

Une autre priorité de la présidence finlandaise sera d’engranger des progrès sur les stratégies à long terme (STL) visant la réduction des émissions, le but étant d’aboutir à un accord au sein du Conseil européen. «Nous devrions alors, a proposé Mme Klobut, entreprendre aussi d’améliorer le système d’échange de quotas d’émissions de l’UE.»

Niklas von Weymarn, l’orateur désigné pour donner le la lors du débat thématique sur le thème Investissement dans le climat: moteurs et catalyseurs, est le président-directeur général de Metsä Spring, filiale du groupe Metsä, entreprise finlandaise active dans la bioéconomie à base forestière qui emploie 9 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 5,7 milliards d’euros.

Entre 2015 et 2018, le groupe a investi 2 milliards d’euros dans de nouvelles usines, et il poursuit les objectifs suivants:

  • augmenter le volume de dioxyde de carbone stocké dans la forêt et ses produits,
  • mettre un terme à l’utilisation des combustibles fossiles;
  • arrêter le recours aux matières premières fossiles.

M. von Weymarn a souligné qu’il est crucial pour les industries de pouvoir compter sur une sécurité juridique. Il est favorable à une économie de marché dans laquelle la réglementation préserve des marges suffisantes pour développer des solutions dans lesquelles toutes les parties seront gagnantes, et qui bénéficieront tant à l’environnement qu’à l’économie.

C’est Oras Tynkkynen, conseiller principal auprès du Fonds finlandais pour l’innovation (Sitra), qui a introduit le débat consacré à L’économie circulaire en tant que levier pour des solutions innovantes en matière de climat.

Faisant remarquer qu’en Europe, la plupart des matériaux ne sont utilisés qu’une seule fois, M. Tynkkynen a attiré l’attention sur l’ampleur du gaspillage en la matière:

  • les voitures sont à l’arrêt de 92 à 98 % du temps,
  • les bureaux sont vides durant 60 % d’une journée,
  • le tiers des denrées alimentaires finit à la poubelle, 
  • l’azote et le phosphore contenus dans les aliments sont gaspillés à raison de 80 % pour le premier et de 25 à 75 % pour le second.

Pour accélérer la transition vers une économie circulaire, nous devons tout à la fois élargir à d’autres domaines les solutions opérantes et en chercher de nouvelles. Songeons à l’effet Greta et à la manière dont il a revigoré le débat sur le climat. Nous aurions besoin que l’opinion publique nous envoie une stimulation analogue concernant l’économie circulaire, a ajouté M. Tynkkynen.

Le politique peut être un moteur d’innovation, par exemple lorsqu’elle met en œuvre un mécanisme de tarification équitable ou instaure la réglementation nécessaire. L’obstacle majeur, a fait valoir M. Tynkkynen, réside toutefois dans le déficit de l’action politique.

S’agissant de la protection des consommateurs dans l’économie circulaire, M. Tynkkynen propose d’instaurer un «passeport de produit», qui indiquera la composition de l’article concerné, afin qu’il puisse être aisément recyclé ou réutilisé. «Nous avons également besoin de la dose voulue de réglementation afin de protéger le consommateur. Une des grandes missions de la Commission qui va entrer en fonction sera d’établir des normes. Il est nécessaire, a-t-il conclu, que nous parvenions à créer le cadre adéquat.»

Pia Björkbacka, conseillère pour les affaires internationales auprès de l’Organisation centrale des syndicats finlandais (SAK), a donné le ton lors de la session thématique consacrée à Une transition juste vers une économie neutre pour le climat.

Il convient que l’UE prenne résolument la tête du mouvement. Elle doit effectuer des investissements et des réformes au sein de son agriculture et de son industrie forestière. Il y a lieu qu’elle muscle sa politique climatique et énergétique et qu’elle mette à jour sa stratégie énergétique à moyen terme. Tout un chacun doit pouvoir disposer d’une énergie à un tarif équitable.

Les citoyens vivent difficilement les incertitudes concernant l’emploi. Il conviendrait que les travailleurs et leurs familles ne soient pas laissés seuls face à ce changement. Il est impératif de préserver l’avenir des salariés qui sont tributaires de l’industrie. En conséquence, a souligné Mme Björkbacka, la transition devrait faire partie intégrante non seulement de la stratégie climatique mais également de toutes les autres actions législatives lancées par la Commission et au titre du pilier social.

En conclusion du séminaire, Tellervo Kylä-Harakka-Ruonala, membre du CESE, a déclaré que l’UE devait être à la pointe de l’action en faveur du climat et montrer la voie, pour entraîner à sa suite les autres acteurs mondiaux. Si personne ne vous suit, vous n’êtes pas un pionnier, juste un marcheur.

Le message à retirer de ce rendez-vous et que nous devons monter en puissance et agir, et qu’il y a lieu que la société civile soit activement associée à l’élaboration des politiques.

En matière climatique, la Finlande n’a pas d’activistes célèbres tels que Greta, mais nous avons des gens qui, à l’image de Niklas, Pia et Oras, œuvrent jour après jour pour améliorer notre environnement. Nous croyons au pouvoir cumulatif des actions posées au quotidien par tous les membres de la société, et nous avons également foi dans le dialogue et la coopération entre tous les acteurs de notre tissu social, a conclu Mme Kylä-Harakka-Ruonala.