CESE info

À partir du mois d'avril, nous commençons une série d'articles «Dessine-moi…*» préparés par les membres du CESE.

À l'attention des lecteurs du CESEinfo et avec beaucoup d'émotion, nous publions dans ce numéro les témoignages de nos auteurs qui, sous forme d'une interview, d'une opinion, d'un message, ont accepté de partager leurs réflexions sur ce temps suspendu provoqué par la pandémie de coronavirus.

Nous remercions pour leur témoignage Isabel Caño Aguilar, vice-présidente chargée de la communication, Milena Angelova, vice-présidente chargée du budget, ainsi que les membres suivants: Helena de Felipe Lehtonen du groupe des employeurs, Adam Rogalewski du groupe des travailleurs et Giuseppe Guerini du groupe «Diversité Europe». (ehp)

 ̽Antoine de Saint-Exupery: Le Petit Prince

par Isabel CAÑO AGUILAR

Nous vivons des temps exceptionnels et inhabituels.

D'une part, nous sommes isolés dans nos pays, dans nos maisons, et d'autre part, nous avons la certitude que le monde ne peut pas s’arrêter et que la société civile continue à se lever chaque matin et à se mettre au travail.

La charge émotionnelle que cette situation fait peser sur chacun de nous est énorme.

Il est difficile d’imaginer les effets que chaque jour produit sur nous. Il n'y a pas un aspect de notre vie qui ne soit touché, sur le plan professionnel aussi bien que personnel.

Je voudrais mentionner avant toutes choses les services publics, en particulier les personnes qui prennent soin de notre santé, des travailleurs dévoués à leur profession qu’ils exercent avec responsabilité sans compter leurs heures de travail et en donnant le meilleur d’eux-mêmes pour que les hôpitaux et les services de santé ne s'effondrent pas. Chaque jour à 20 heures, depuis le 15 mars, je me joins aux applaudissements depuis les balcons. Je m'associe ainsi à la reconnaissance de l’immense travail accompli, mais aussi à une revendication claire: il faut plus de moyens pour nos systèmes de santé publique!

Je tiens également à souligner les efforts du personnel de santé du service d'obstétrique et de gynécologie de l'hôpital universitaire San Cecilio de Grenade, et à le remercier en particulier d’avoir partagé avec nous la photo publiée dans ce numéro de CESE Info.

Coïncidant avec le bicentenaire de la naissance de Florence Nightingale, la fondatrice des soins infirmiers modernes, l'OMS célèbre en 2020 l'Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier, des hommes et des femmes qui remplissent et continuent de remplir, en ces temps de coronavirus, un rôle crucial en fournissant des services indispensables.

Ils ne sont pas les seuls. Nous oublions parfois un secteur tout aussi essentiel, l'éducation, dans lequel je suis fière d'avoir travaillé. Des millions d'étudiants à travers l'Europe sont confinés chez eux et ne pourraient pas suivre leur programme scolaire sans le soutien constant et infatigable des travailleurs de l'éducation.

Jamais jusqu’à ce jour, la société n'avait pris autant conscience du travail de ces secteurs. Pour ma part, je crois que cette reconnaissance doit se transformer en un engagement de l'UE à renoncer aux mesures d'austérité qui les ont appauvris et à mettre en place des mesures concrètes et des budgets plus importants.

Nous ne pourrons pas sortir de cette crise sans les organisations de la société civile qui agissent chaque jour sur le terrain, mais nous avons besoin aussi d'un élan décisif de la part de l'UE.

À quelques jours du 70^e anniversaire de la déclaration Schuman, nous avons plus que jamais besoin d’une l'impulsion forte de l'UE et de son engagement. Il doivent aller de pair avec les mesures et les gestes adéquats, notamment sur le plan budgétaire, pour que les citoyens européens puissent se rendre compte que l'Europe est toujours un projet enthousiasmant et pas seulement un acronyme.

En ces temps de COVID-19, qui marqueront notre société à jamais, nous devons avant tout être capables de faire comprendre qu'une autre Europe, plus forte et meilleure, est possible.

Par Milena Angelova

La pandémie de COVID-19 est le plus grand défi auquel nous ayons été confrontés depuis un siècle. Plutôt que de me pencher sur les conséquences négatives de cette situation sur nos vies, nos libertés et droits fondamentaux, notre économie et notre bien-être, j’essaierai de proposer un point de vue positif et pragmatique afin d’examiner comment en tirer le meilleur parti. Nous pouvons faire face à ces difficultés ensemble, en restant concentrés, en travaillant main dans la main et en nous comportant de façon responsable.

Se montrer plus efficaces que d’habitude

Notre foyer est devenu bien plus qu’un simple lieu d’habitation. Il regroupe désormais tous les aspects de notre vie: le travail, l’école, la communication, le divertissement, les sorties... Il s’agit là d’une occasion unique pour les familles de resserrer leurs liens, de profiter du temps passé ensemble et de développer un esprit d’équipe afin de veiller à ce que chacun.e ait à sa disposition tous les outils nécessaires pour ses besoins quotidiens, qu’il s’agisse du travail, des cours, de la communication ou des activités sportives. Dans ma famille, par exemple, nous sommes parvenus à aménager deux pièces consacrées à l’école, une pour chacun de nos deux fils, deux bureaux de travail à distance et un centre multimédia (où mon mari et moi pouvons participer à des réunions en téléconférence et donner des interviews à la presse), ainsi qu’une salle de sport improvisée afin de rester en forme malgré le confinement. Tous les cours de nos enfants se déroulent en ligne, même les entraînements de karaté!

Garder le moral et savourer les bons moments

Même si ce confinement vient grignoter les libertés fondamentales de chacun de nous – la liberté de nous déplacer comme bon nous semble, de voyager, de travailler et de prendre part à des loisirs actifs –, nous pouvons malgré tout garder un état d’esprit positif et trouver de la joie dans les beaux instants que nous vivons chaque jour. Il ne fait aucun doute que structurer nos journées est la clé de la concentration et de la motivation. En ce qui me concerne, j’ai un emploi du temps très chargé, partagé entre mes enfants, mon activité sportive – je ne fais aucun compromis sur ce point: 90 minutes d’exercice par jour minimum –, mon travail pour l’Association du capital industriel de Bulgarie (BICA) – pour l’instant, nous travaillons activement aux négociations avec le gouvernement bulgare en vue des mesures de lutte contre la crise visant à soutenir les entreprises et l’emploi –, sans oublier, bien évidemment, mon rôle au sein du CESE. La communication avec tous mes collègues se limitant à présent aux contacts à distance, la coordination et les préparatifs en vue des discussions demandent plus de temps et d’efforts; cette distance vient compliquer les tâches les plus simples. Cependant, lorsque l’objectif est atteint, le sentiment de satisfaction et de valorisation n’en est que plus fort.

Nous ignorons tous combien de temps cette situation va durer ou à partir de quand nous pourrons reprendre le cours normal de notre vie. Mais nous vaincrons cette pandémie ensemble, coûte que coûte, et nous pourrons alors reprendre sereinement nos activités, libres de craintes et de contraintes. D’ici là, nous unirons nos efforts et poursuivrons notre travail et nos habitudes au jour le jour, tout en profitant des bons moments, puisque ce confinement fait également partie de notre vie et pourrait nous offrir, si nous l’accueillons avec un esprit positif, de vrais instants de bonheur.

Entretien avec Giuseppe Guerini

Monsieur Guerini, comment vivez-vous cette période difficile?

Je ressens une pression et une tension très fortes, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel et émotionnel. Je vis à Bergame, qui est l’épicentre de l’épidémie en Italie. Ici, nous sommes accablés et submergés par la souffrance et le nombre considérable de décès, mais aussi oppressés par un sentiment constant d’inquiétude et d’impuissance. Chacun de nous connaît, parmi ses amis, ses collègues ou ses relations, quelques victimes, qu’il s’agisse de personnes disparues ou luttant pour leur vie aux soins intensifs.

En tant que président d’une association de coopératives, comment déployez-vous les efforts en première ligne?

Compte tenu de ma fonction, je dois faire face aux nombreuses urgences que les entreprises coopératives, que je représente, doivent gérer depuis le 23 février dernier, lorsque nous avons compris que le virus était en train de se propager et que nous avons dû prendre des décisions dans un contexte de grande incertitude quant à l’attitude à adopter vis-à-vis des nombreux services que nous gérons. Nos coopératives de Bergame emploient plus de 9 000 personnes dans les services sociaux et sanitaires; elles gèrent des services de soins et d’aide à domicile, des centres résidentiels et des centres de jour pour les personnes âgées et les personnes handicapées. Dans certains cas, nous avons décidé de fermer, mais nous avons alors été confrontés aux menaces des autorités locales, qui exigeaient la continuité des services. Nous avons vécu des moments de grande tension. Puis, dans les jours et les semaines qui ont suivi, la tension et l’anxiété sont allées croissant: une course terrible et effrénée s’est engagée pour récupérer des dispositifs de protection pour nos travailleurs, conjuguée à la préoccupation de devoir assurer la continuité de certains services d’aide et de soin avec des moyens et des outils insuffisants, et à la peur de voir les travailleurs et les usagers tomber malades. Une peur qui s’est malheureusement avérée dramatiquement réelle et fondée, surtout dans les structures d’hébergement pour personnes âgées. 

Les coopératives ont donc poursuivi leurs activités, ou bien certaines d’entre elles ont-elles été contraintes de suspendre leurs services?

En réalité, en plus de cette première ligne que je viens de décrire, nous avons aussi dû nous occuper des nombreux services qui ont été amenés à cesser progressivement leurs activités: cela a commencé par les écoles et les activités éducatives puis, petit à petit, d’autres secteurs ont dû fermer leurs portes. Nous nous sommes par conséquent retrouvés avec plus de 180 coopératives qui ont dû mettre en place un filet de protection sociale pour quelque 2 500 personnes et qui courent toujours le risque de ne pas pouvoir reprendre leurs activités: dans le secteur du tourisme et de la culture, la crise est dévastatrice. Les coopératives de transformation des produits agricoles et celles du secteur manufacturier subissent le même sort. En tant que président d’une association de coopératives, je dois donc faire face, d’une part, à la crise que vivent les personnes qui travaillent dans le secteur de l’aide et des services essentiels, qui sont débordées par une charge de travail énorme et exposées à un risque de contagion important et, d’autre part, à la peur et aux tensions que subissent les personnes qui se retrouvent au contraire sans travail.

Qu’est-ce qui a fonctionné dans la réponse apportée à la crise liée au coronavirus?

Ce qui a fonctionné, du moins dans notre cas, c’est l’immense élan de solidarité et l’énorme capacité de réaction des collectivités locales, des associations de bénévoles et de l’ensemble du secteur des organisations sociales, qui ont réalisé des choses extraordinaires, qu’il s’agisse de la collecte de dons ou des activités qui ont été mises en place. Le personnel des secteurs social et de la santé a fait preuve d’une abnégation inouïe. Non seulement le personnel médical et infirmier, mais aussi un grand nombre d’éducateurs et de soignants, ont assuré leur service en prenant des risques importants. Et puis, il y a la mobilisation générale. En 10 jours, à Bergame, mais aussi dans d’autres villes, on a installé des hôpitaux de campagne en utilisant des stands de foire, et un grand nombre de bénévoles se sont mobilisés et ont travaillé gratuitement jour et nuit pour les monter. Leur gestion sera en grande partie assurée par des médecins, infirmiers et infirmières d’ONG, tandis que leur financement a été soutenu par des dons. Toujours à Bergame, nous avons, en l’espace de quelques jours, aménagé trois hôtels qui comptent plus de 300 lits destinés à des patients hospitalisés dont l’état s’est stabilisé, et qui quittent l’hôpital de manière à pouvoir libérer des places dans les services hospitaliers. Dans ces hôtels, les soins aux patients sont assurés par nos coopératives sociales. Cette opération a nécessité un déploiement d’efforts considérable, mais il s’agit d’un service primordial.

Qu’est-ce qui, au contraire, n’a pas fonctionné?

Les problèmes se sont surtout posés au niveau des institutions, qui n’ont pas su prendre des mesures rapides et claires et n’ont pas été capables, en situation de crise, de planifier et d’agir de manière uniforme, de sorte que les administrations locales, régionales et nationales ont adopté des décisions contradictoires. L’administration s’est surtout préoccupée d’affirmer son pouvoir et de fuir ses responsabilités, dont elle s’est trop souvent déchargée sur les opérateurs de terrain. Cette situation, nous l’avons observée, à des degrés divers, un peu partout dans les pays occidentaux, pas seulement en Italie et à Bergame. 

Comment expliquer l’attitude des divers niveaux administratifs?

Je crois que tout le monde n’a pas pris la mesure exacte de ce qui se passait en Chine. Un peu comme si nous, Occidentaux, nous sentions supérieurs parce que dotés d’un système de santé développé, de technologies de pointe et d’hôpitaux ultramodernes. C’est comme si de très nombreux décideurs, mais aussi des chefs d’entreprise et des citoyens, étaient convaincus que le mode de vie occidental et la perspective de pouvoir compter sur des hôpitaux et des structures sanitaires de haut niveau allaient nous protéger. Au cours des premiers jours qui ont suivi l’apparition de l’épidémie en Lombardie, on s’est moqué de ceux qui tiraient le signal d’alarme. La phrase la plus emblématique de ce sentiment de «supériorité» est peut-être la célèbre déclaration d’un président de région italien qui a accusé «les Chinois de ne pas se soucier de l’hygiène personnelle et de manger des souris vivantes», exprimant ainsi une croyance trop répandue dans toutes les couches de la population occidentale. On pouvait encore observer cette attitude, avec certaines variantes, il y a quelques jours à peine, y compris chez d’autres responsables politiques en Europe et dans le monde. Les hôpitaux, qui fournissent des services de santé remarquables et innovants comme des transplantations de multiples organes et des thérapies de pointe contre le cancer, se sont dans les faits avérés très fragiles, et ont failli s’effondrer à cause d’une épidémie virale que l’on aurait pu mieux contenir en la maintenant le plus possible en dehors des hôpitaux. En effet, ici à Bergame du moins, les hôpitaux ont, malgré eux, été des vecteurs de propagation de l’épidémie. 

Que pensez-vous des mesures adoptées au niveau européen?

Je fais partie de ceux qui pensent que durant cette période, l’Union européenne et ses institutions ont déployé beaucoup d’efforts, en dépit des retards et des contradictions que nous connaissons bien, qui vont des mécanismes de décision complexes au nombrilisme excessif des États membres. Je crois qu’en l’espace d’un mois, la Commission européenne et le Parlement européen ont été en mesure de prendre des décisions importantes et qu’ils adoptent des mesures économiques inédites. Tout cela nous montre que si l’économie est essentielle et que les mesures économiques mises en place joueront un rôle important, tant pour faire face à la crise que pour essayer de relancer l’économie dès qu’elle s’atténuera, ce qui fait toujours défaut à l’Europe, c’est la possibilité d’intervenir au moyen d’instruments, d’outils et de compétences dans d’autres secteurs que ceux concernés par la régulation du marché et de l’économie. 

Nous avons donc besoin d’une Europe plus unie?

Il est évident que nous avons encore besoin de plus d’Europe. C’est comme si un jour nous étions gravement malades et qu’on ne puisse nous aider qu’en nous donnant de l’argent ou en nous permettant d’aller à l’hôpital, mais en aucun cas en nous soignant ou en nous protégeant directement. Nous savons tous que l’argent est important pour nous soigner, mais si on vous donne de l’argent et que vous vous trouvez dans le désert, l’argent ne pourra absolument pas vous guérir. Je crois que l’énorme crise provoquée par l’épidémie nous enseigne que si nous voulons réellement une Union européenne, nous devrons être capables d’aller bien plus loin que le marché unique et l’union bancaire et monétaire et nous tourner vraiment vers une union d’États qui mènent des politiques coordonnées et uniformes à l’échelle du continent.

Comment chacun de nous peut-il être utile et de quel type d’aide a-t-on besoin?

Nous pouvons poursuivre notre investissement dans la construction de notre idéal d’une Europe unie en continuant de promouvoir la culture de la solidarité et de l’intégration, en essayant de lutter contre l’égoïsme et le repli, parce qu’il est de plus en plus évident que personne ne se sauvera tout seul et qu’à défaut de solidarité et de partage réciproque et mutuel d’une «communauté de destin» de l’humanité et de l’Europe, la seule option possible – et dramatique – sera une descente dégradante et désespérante vers l’enfer que représentent de nouvelles guerres. 

Avez-vous ressenti un esprit de solidarité à l’égard de l’Italie?

Nous avons ressenti beaucoup de solidarité de la part des réseaux de relation sociale; par exemple, nous avons reçu d’importants témoignages de sympathie et de proximité de la part d’amis et d’institutions de nombreux pays par l’intermédiaire des organisations de l’économie sociale. J’ai également reçu de précieux messages de sollicitude de mes collègues du CESE. Il est en revanche affligeant d’entendre les jugements méprisants et négatifs émanant de certains responsables politiques de pays européens, qui n’ont pas perdu de temps pour critiquer l’Italie et mener des politiques égoïstes et obtuses, notamment en ce qui concerne le rôle potentiel de l’Union européenne ... mais ce n’est malheureusement pas très différent de ce que font de nombreux responsables politiques italiens, qui sont juste capables de critiquer ou d’instrumentaliser cette crise à des fins d’opportunisme politique et pour rallier facilement à eux une population apeurée et désorientée. Je dirais donc que, dans ce cas aussi, il y a d’un côté une Europe et une humanité solidaire et résistante, capable de s’entraider et de construire, et de l’autre, les chacals et les opportunistes qui tentent mesquinement d’exploiter les situations de crise et de guerre pour leur seul profit. (mp)

par Adam Rogalewski

La pandémie de coronavirus (COVID-19) aura un profond impact sur nos vies ainsi que sur nos pays, nos économies et nos sociétés. Elle nous a déjà fait prendre conscience de notre propre vulnérabilité, en dépit des améliorations considérables de nos conditions de vie acquises au fil des ans et des progrès technologiques accomplis, notamment dans les domaines de la numérisation et de l’intelligence artificielle. Contraints de rester confinés chez nous, nous comprenons également le rôle essentiel que jouent les autres et la société dans notre quotidien. Cette crise nous prouve très clairement l’invalidité du discours néolibéral qui tend à nier l’existence même de la société. Dans une période de crise comme celle que nous connaissons aujourd’hui, c’est la société, ou en d’autres termes, la solidarité entre les citoyens, qui peut nous protéger des effets du virus.

La pandémie a bouleversé notre vision du travail. Nous avons compris que certains travailleurs et certaines professions précédemment perçus comme étant moins importants se révélaient en fait essentiels pour le fonctionnement de nos économies. Pensons non seulement aux professionnels de la santé, qui mettent leur vie en danger et travaillent sans relâche pour prodiguer aux malades les soins nécessaires, aux auxiliaires de vie sociale qui assurent la garde des personnes âgées, mais aussi au personnel «moins qualifié» des supermarchés, aux chauffeurs, aux agents de nettoyage et aux agriculteurs, qui nous fournissent des biens et des services essentiels. Parmi eux, on compte de nombreux migrants qui avaient pourtant été perçus comme une charge pour les sociétés et désignés comme boucs émissaires dans bien des pays et par de nombreux partis populistes. Mais aujourd’hui, nous réalisons que sans eux, nos sociétés seraient incapables de faire face à la pandémie.

Cette dernière a fait voler en éclats les différences entre travailleurs typiques, atypiques ou indépendants. Nous comprenons à présent que toutes les professions sont essentielles et que tous les travailleurs, y compris les micro-entrepreneurs, contribuent à nos économies et ont besoin du même soutien de la part de l’État.

Ce sont d’ailleurs ces aides d’État qui, en protégeant les travailleurs et les entrepreneurs, jouent un rôle déterminant dans la lutte contre la pandémie. Nous avons besoin, aujourd’hui plus que jamais, d’un État solide où le contrôle démocratique s’exerce, capable d’assurer la fourniture des services publics tout en protégeant l’économie. Il importe d’insister sur la notion de contrôle démocratique afin d’éviter une situation telle que celle que connaît la Hongrie, où les mesures récemment adoptées pour établir l’état d’urgence ne peuvent plus garantir le respect des principes démocratiques fondamentaux. La crise a également mis en lumière le rôle primordial des partenaires sociaux dans l’élaboration des politiques visant à lutter contre l’épidémie de coronavirus. Je constate avec regret que, dans mon propre pays, les députés avaient apparemment oublié cet aspect lorsqu’ils ont adopté une loi établissant des règles qui n’ont rien à voir avec la pandémie, mais qui visent à restreindre la place du dialogue social et l’indépendance des partenaires sociaux.

Cette crise a forcé l’UE à mieux répondre aux besoins de ses citoyens. Par exemple, la Commission a récemment proposé un instrument baptisé SURE, doté d’une enveloppe de 100 milliards d’EUR, qui vise à soutenir les différentes formes de chômage partiel et à atténuer les risques de chômage. Il existe toutefois un risque de voir les intérêts individuels des États membres supplanter la solidarité au sein de l’Union, en particulier dans les pays où l’économie comme les filets de protection sociale sont moins avancés et qui nécessiteront un soutien économique plus appuyé.

Comme indiqué plus haut, la pandémie de coronavirus a donné lieu à une réévaluation de nos sociétés, de nos économies et des institutions européennes, ce qui aurait été impossible en d’autres circonstances. Nous avons reconnu l’importance de chaque travailleur, y compris ceux qui sont considérés comme «moins qualifiés», l’importance de la société, contrairement à ce qu’affirmaient les idéologies individualistes et néolibérales, l’importance d’investir dans le secteur public et, enfin, le rôle crucial de la démocratie et du dialogue social. Je suis fermement convaincu que les enseignements tirés ne seront pas oubliés, et que nous saurons, à l’issue de la crise, bâtir un avenir meilleur, afin de faire de l’Europe un endroit où il fait bon vivre pour tous.

par Helena De Felipe Lehtonen

Face à la pandémie qui nous touche, et qui affecte en particulier nos concitoyens les plus âgés ou à la santé fragile, je crois qu’il y a lieu de se demander si ce virus est un produit de laboratoire qui aurait été libéré dans la nature intentionnellement ou non. Les citoyens ordinaires n’ayant pas la réponse à cette question, et sans exclure qu’un vaccin puisse être produit pour l’automne 2021, qui peut affirmer que nous ne serons pas confrontés l’hiver prochain à un autre virus aux effets similaires à ceux du virus qui nous affecte aujourd’hui? (rappelons-nous la grippe espagnole de 1918).

Face à cette inconnue, la solution pour préserver l’emploi et l’économie productive consiste-t-elle à stopper l’économie et à utiliser massivement les fonds de réserve de presque tous les pays? Peut-être devrions-nous utiliser tous les moyens logistiques et économiques dont nous disposons pour doter nos systèmes de santé des ressources nécessaires afin d’analyser et de traiter les infections dont souffrent nos concitoyens et concitoyennes?

L’économie mondiale sera loin de pouvoir affronter en 2021 une situation semblable, que ce soit en se renflouant ou en s’endettant, puisque l’économie productive, et avec elle l’emploi, vont connaitre un déclin, et qu’il est possible que nous nous retrouvions dans une situation où les États devront reprendre les commandes de la société puisqu’il n’y aura plus d’économie privée capable de le faire.

Face à cette pandémie, l’Union européenne devrait exercer un leadership clair en montrant à ses États membres la voie à suivre sur les plans sanitaire, économique et social, mais elle est aux abonnés absents. Chaque pays a pris des mesures au cas par cas en ne tenant compte que des hypothèse de l’OMS qui, bien entendu, n’est pas au fait des questions économiques. Cette situation est elle aussi un élément fondamental pour évaluer le leadership de l’UE.

En tant que représentante des PME européennes et espagnoles au sein du CESE, et sachant qu’une PME dans le secteur productif compte en moyenne deux ou trois travailleurs, je pense que les dommages émotionnels, économiques et personnels sont irréversibles. Il convient donc de penser à court et à moyen terme, sans copier les politiques sanitaires qu'ont adoptées des pays totalitaires et qui ne conviennent pas à une économie de marché.

Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne

Nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour contenir la propagation du #coronavirus, venir en aide aux patients et nous assurer que l’économie européenne puisse affronter cette tempête.
Je suis convaincue que l’UE peut résister au choc que subissent nos systèmes de santé et nos économies. Toutefois, il est primordial que chaque État membre assume pleinement ses responsabilités et que l’Union européenne dans son ensemble agisse avec détermination, coordination et unité.

Charles Michel, président du Conseil européen

Pour relever le défi du #COVID19, nous avons besoin de davantage d’Europe, mobilisée aux côtés des États membres, afin de contenir la propagation du virus, de garantir la disponibilité des équipements médicaux et de convenir de mesures visant à réduire les impacts négatifs pour nos citoyens sur le plan économique et social.

J’exprime mon soutien sans réserve aux professionnels de la santé qui travaillent jour et nuit pour faire face à la crise du #COVID19. Elle sera longue et difficile, mais nous sommes unis dans cette bataille.

David Sassoli, président du Parlement européen

Nous traversons une période très délicate pour notre Union et notre économie. L’heure n’est pas aux discours vains. Les institutions de l’Union s’attachent à mettre sur pied un nouveau train de mesures en vue de soutenir les pays et les populations dans le besoin. Ce n’est pas le moment de prendre des mesures unilatérales, mais bien d’accroître la coopération à l’échelle internationale.

Luca Jahier, président du Comité économique et social européen

L’Union plus que jamais. Tous les États membres doivent se rassembler et se concerter pour coordonner leurs actions. Une action rapide et conjointe est la seule réponse efficace à une crise qui nous concerne tous. L’intégrité de l’Union européenne en dépend. #Whateverittakes

Apostolos Tzitzikostas, président du Comité européen des régions

L’UE doit faire preuve d’unité et aider les régions et les villes qui sont aux avant-postes dans la lutte contre le #coronavirus. Un mécanisme européen d’urgence sanitaire doit aider les communautés locales à recruter de nouveaux médecins, à acquérir des dispositifs médicaux et à soutenir les services de soins intensifs.

Je rends hommage à tous les dirigeants locaux et régionaux qui combattent le #COVID19 en première ligne avec professionnalisme, dévouement et courage. Mes pensées accompagnent celles et ceux qui sont touchés à titre personnel.

Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne

La Banque centrale européenne s’engage à faire son devoir pour soutenir chaque citoyen de la zone euro en cette période extrêmement difficile.

À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Notre engagement en faveur de l’euro ne souffre aucune limite. Nous sommes déterminés à exploiter tout le potentiel de nos outils, dans le cadre de notre mandat.

Josep Borrell Fontelles, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

La crise du #coronavirus exige une réponse mondiale. Loin de n’être qu’une question de solidarité et d’aide aux plus vulnérables, apporter notre soutien à nos partenaires, en particulier à l’Afrique, est aussi dans notre intérêt. Nous ne pouvons pas vaincre la pandémie uniquement sur notre continent, nous devons la vaincre aux quatre coins du globe. Si nous faillissons, elle ressurgira.

L’appel d’António Guterres, secrétaire général des Nations unies, à un cessez-le-feu immédiat au niveau mondial revêt plus d’importance que jamais. Ce n’est qu’en agissant ensemble et en paix que nous pourrons surmonter la pandémie mondiale de #coronavirus. Tel est le véritable combat que nous devons mener aujourd’hui, dans lequel l’unité et la solidarité sont nos armes. (mr)