Le CESE presse le commissaire Navracsics d’adopter un plan d’action pour une diplomatie culturelle

Lors des débats de sa session plénière, il a également réclamé que la culture soit reconnue comme pilier du développement durable et instrument de lutte contre le populisme et la radicalisation.

Pour l’organe qui est le chef de file de la société civile en Europe, l’UE a besoin d’un plan concret pour défendre la culture en tant qu’elle représente une des clés de voûte de sociétés ouvertes et tolérantes.

Le Comité économique et social européen a tenu un débat avec le commissaire européenne chargé de la culture, M. Tibor Navracsics, et mercredi dernier, lors de sa session plénière de mai à Bruxelles, ses 350 membres ont pris position sur ce sujet en adoptant son avis sur la récente stratégie de l’UE dans le domaine des relations culturelles internationales.

«La culture recèle un immense potentiel, non exploité, pour devenir un formidable outil de rassemblement et de mobilisation en Europe. Alors que l’extrémisme gagne du terrain et que nos concitoyens remettent plus que jamais en question leur identité commune, le temps est venu de placer résolument la culture et les politiques culturelles au cœur des priorités politiques européennes», a déclaré M. Luca Jahier, président du groupe «Activités diverses» du CESE et rapporteur de cet avis. «L’UE devrait se saisir de l’occasion pour se lancer dans l’élaboration d’une stratégie concrète et d’un plan d’action dans le domaine des relations culturelles internationales, qui intégreront la culture à titre d’instrument de «puissance douce» et la mettront l’avant-plan en tant que pilier du développement durable».

Tout en saluant la récente communication conjointe intitulée «Vers une stratégie de l’UE en matière de relations culturelles internationales», le CESE a, entre autres demandes, pressé la Commission et au Service européen pour l’action extérieure) SEAE:

  • de mettre en place un plan d’action précis (et une structure de gouvernance tout aussi nette) afin de renforcer la culture européenne et les échanges culturels internationaux, en tirant parti de l’élan suscité par 2018 - Année européenne du patrimoine culturel;
  • de reconnaître la culture comme pilier du développement durable, aux côtés de l’économie, du social et de l’environnement;
  • de tirer pleinement parti de la culture afin de mettre en œuvre les stratégies de consolidation de la paix et de résolution des conflits et garantir par ailleurs que l’UE occupe la position de tête qui lui revient à l’échelle du monde pour y promouvoir la paix.

 

Le commissaire Navracsics s’est félicité de l’avis du CESE et a reconnu que toutes les parties prenantes, dont, tout particulièrement la société civile, compteront quand il s’agira de mettre en œuvre la stratégie. «Le rôle de la culture figure au premier rang des priorités de la Commission. Je suis convaincu qu’elle a vocation à tenir une place considérable dans la prévention des conflits et des problèmes sociaux et économiques et l’année 2018 nous offrira une très grande occasion de mener un débat sur l’importance que revêt le patrimoine européen pour créer une identité européenne», a-t-il ajouté.

Les membres ont également souligné qu’il est nécessaire d’étudier plus avant la manière dont la culture, ou plutôt sa perte, peut mener des jeunes à se radicaliser.

«Lorsque le délitement social et les tendances populistes gagnent du terrain, la culture a une mission plus importante que jamais à remplir pour renforcer les liens au sein de la société civile, promouvoir la compréhension mutuelle, encourager la diversité et les échanges et lutter contre les opinions simplistes», a déclaré M. Georges Dassis, président du CESE.

Dans cette optique, le CESE a recommandé d’intégrer le dialogue interreligieux parmi les échanges interculturels que la communication appelle de ses vœux. Les initiatives qu’il paraît intéressant de mettre à l’essai consisteraient notamment en ce que des universités confessionnelles s’échangent étudiants et corps enseignants sur le modèle d’Erasmus, tout comme il serait également possible de le faire entre opérateurs culturels.

Au cours de sa session, l’assemblée plénière a également marqué son accord avec l’évaluation qui a été effectuée du programme Erasmus+, englobant toutes les initiatives en matière d’éducation, de formation, de jeunesse et de sports. Cet examen a abouti à la conclusion que l’accroissement des moyens budgétaires a débouché sur une efficacité accrue, sachant néanmoins qu’il reste toujours une marge d’amélioration, notamment pour ce qui est d’élargir encore l’accès aux groupes défavorisés ou de mettre davantage l’accent sur la dimension de l’apprentissage tout au long de la vie. Les membres du CESE ont fait valoir qu’il était capital que ce programme bénéficie de financements supplémentaires.

«Le programme Erasmus pourrait-il mieux fonctionner? Ce serait possible - et souhaitable», a déclaré Mme Indrė Vareikytė, rapporteure du rapport d’information sur l’évaluation à mi-parcours d’Erasmus+, avant d’ajouter que le moment est idéal pour passer en revue les actions qu’il conviendrait de conduire différemment pour réaliser les objectifs voulus.

«Toutefois, c’est à juste titre que l’on considère Erasmus comme le programme phare de l’Union», a ajouté Mme Vareikytė, en affirmant qu’il avait aidé bien des jeunes à améliorer leurs compétences d’une manière à laquelle n’était pas parvenu le système éducatif formel.» Pour clore son intervention, elle a souligné que ce programme contribuait également à construire cette identité européenne, qui est de plus en plus cruciale, en ces temps de montée du populisme et de la xénophobie, car il promeut d’importantes valeurs européennes.

 

Work organisation