La traite des êtres humains est une honte pour l’Europe

Les responsables politiques et la société civile doivent agir, clame le CESE

Les Nations unies et le Comité économique et social européen (CESE) ont présenté Sold, un film sur la traite des êtres humains réalisé par Jeffrey D. Brown, au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles (Bozar), le 10 janvier 2017.

Avant la projection du film, qu’elle présentait de concert avec Deborah Seward (directrice du Centre régional d’information des Nations unies (UNRIC)), Madi Sharma, membre du CESE, a déclaré: J’aimerais qu’en regardant le film, vous gardiez à l’esprit que cela ne se passe pas qu’en Asie mais aussi à notre porte. La seule façon pour nous de faire changer les choses, c’est de ne pas détourner les yeux. C’est notre devoir. En collaboration avec les organisations de la société civile, nous pouvons contribuer à la protection des personnes, à la prévention et aux politiques qui doivent être mises en place pour faire évoluer la situation. Nous avons tous la responsabilité de ne pas ignorer le problème.

Sold illustre la brutalité et l’inhumanité du trafic d’enfants, qui touche des millions d’enfants à travers le monde chaque année. Adapté du livre mondialement salué de Patricia McCormick, le film raconte l’histoire bouleversante d’une jeune fille népalaise appelée Lakshimi, victime de la traite des êtres humains et de l’exploitation sexuelle. Le film montre que la traite des êtres humains est souvent liée à la pauvreté, l’inégalité, la corruption, la délinquance et autres problèmes. Étant donné qu’il s’agit d’un crime grave et d’une violation des droits de l’homme et des droits individuels, qui touche tout sexe et tout âge, rend les personnes vulnérables et les laisse traumatisées, le film invite instamment la société et les gouvernements à agir. Il montre également comment chacun peut faire changer les choses.

Selon l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), chaque année des millions de personnes sont victimes de la traite des êtres humains dans le monde. L’exploitation sexuelle (53 %) est la forme la plus répandue de la traite des êtres humains, suivie par le travail forcé (40 %), qui est en hausse. Le document de travail d’Eurostat de 2015 sur la traite des êtres humains montre que 69 % des victimes de cette traite déclarées dans l’UE ont été exploitées à des fins sexuelles et 19 % à des fins de travail forcé. À l’échelle mondiale, 49 % des victimes recensées de la traite sont des femmes et 33 % des enfants.

Dans des avis antérieurs sur la traite des êtres humains, le CESE a déjà demandé que l’on accorde une protection et un soutien accrus aux victimes, qui sont souvent identifiées en premier lieu par les organisations de la société civile locale. Le Comité demande instamment que les victimes bénéficient d’une protection suffisante afin de leur permettre de réintégrer la sphère légale de la société dont elles ont été exclues. Leur intégration sur le marché du travail doit être soutenue par un financement public.

La projection a été suivie d’un débat animé, avec des intervenants de haut niveau; il était modéré par Goedele Liekens (ambassadrice de bonne volonté pour le Fonds des Nations unies pour la population et personnalité des médias). Ozark Henry (ambassadeur de bonne volonté pour l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime et musicien), Irene Wintermayr (chargée de politiques à l’OIT), Cornelius Williams (responsable mondial de la protection de l’enfance à l’Unicef) et Madi Sharma (membre du CESE et entrepreneur social) ont débattu des raisons de la traite des êtres humain et des actions possibles pour lutter contre ce fléau, notamment à travers les politiques commerciale et de développement de l’Union et les conventions et les réglementations internationales. Ils ont également demandé que des mesures soient prises et ont souligné le rôle crucial que peuvent jouer les organisations de la société civile et tout un chacun.

Madi Sharma a lancé un appel pour mener une action politique plus ferme et repenser les politiques européennes: Il ne suffit pas d’approuver des politiques et de signer des documents. Nous avons consacré davantage de temps à négocier des échanges et des accords commerciaux qu’à nous soucier des trafics et de la traite des êtres humains. Nous ne pouvons pas accepter ce libre-échange, qui engendre de plus en plus d’inégalités dans le monde, sans soulever les questions des droits de l’homme. Nous devrions aussi mieux surveiller et évaluer l’argent que nous donnons pour le développement afin de nous assurer qu’il soit dépensé de manière appropriée. Tant que nous ne ferons pas des progrès dans ce sens, l’aide au développement sera synonyme de gaspillage.

Contexte

Initiatives visant à lutter contre la traite des êtres humains:

#humantrafficking

Photo fournie par le Centre régional d’information des Nations unies (UNRIC).