Les nouvelles formes d'emploi nécessitent des mesures de politique sociale

Quelles sont les incidences des nouvelles formes d'emploi sur les travailleurs? La flexibilité absolue des travailleurs et du marché de l'emploi est-elle souhaitable? L’économie du partage mettra-t-elle fin aux systèmes de protection sociale en Europe?

L'audition publique qui s'est tenue aujourd'hui au CESE sur le thème «Évolution de la nature des relations de travail, économie du partage, contrats zéro heure et salaire décent» a été l'occasion de débattre de l'essor des formes d'emploi non traditionnelles sous l'angle de la protection des travailleurs.

L'évolution des modes de travail, introduite notamment par les plateformes en ligne populaires dans les domaines des transports ou du logement, a de profondes implications pour le marché du travail, les systèmes d'imposition et de sécurité sociale et le revenu de subsistance. Si l'innovation et la créativité sont essentielles pour alimenter une économie sociale de marché durable et concurrentielle, ces nouvelles formes d'emploi doivent déboucher sur des résultats positifs pour toutes les parties prenantes de la société, a-t-on pu entendre lors de l'audition.

Les pratiques en matière d’emploi qui remettent en question le modèle traditionnel de postes de travail permanents à temps plein, assortis d’horaires clairement définis et de droits et avantages fixés de commun accord, n’ont cessé de se développer depuis la crise économique de 2007-2008. Un nombre croissant de travailleurs ne connaissent à l’avance ni le moment, ni le lieu où ils iront travailler. Il en résulte qu'il est absolument nécessaire de réexaminer les systèmes nationaux de protection sociale, qui reposent sur le principe que des distinctions claires peuvent être établies entre les statuts d'employé et de «non-employé».

C'est pourquoi le CESE souhaite que la Commission prête la main à l'élaboration de nouveaux modèles de protection sociale qui soient capables de prendre en considération la flexibilité accrue des marchés de l'emploi. La Commission devrait notamment garantir:

  • que l'ensemble des travailleurs puissent bénéficier de formations adéquates et que les Européens de tous âges soient formés à la maîtrise des technologies de l'information et de la communication;
  • que des statistiques soient collectées afin de pouvoir suivre avec précision l'incidence des nouvelles formes d'emploi sur le marché du travail et sur l'économie;
  • que la relation de travail soit définie avec précision et que la question de la responsabilité en cas d'accident, de dommages occasionnés et de défauts de service soit résolue en ce qui concerne les plateformes en ligne, l'externalisation ouverte et les autres nouvelles formes d'activités non salariées.

Le CESE appelle la Commission européenne et l'Organisation internationale du travail (OIT) à coopérer pour élaborer un cadre propre à assurer des conditions de travail décentes pour les travailleurs en ligne, qui serait ensuite mis en œuvre en tant que politique de l'Union.

«Il convient d'instaurer des droits effectifs et de prendre les mesures de protection, de suivi et de mise en œuvre nécessaires à cet égard, afin de garantir que les nouvelles formes de relations de travail ne débouchent pas sur un nivellement par le bas des rémunérations et des conditions de travail, qui aurait pour effet d'alimenter le creusement des inégalités de revenus, de réduire les revenus disponibles et d'affaiblir la demande et le potentiel de croissance économique au sein de l'Union», a déclaré Kathleen Walker Shaw, rapporteure de l'avis exploratoire du CESE sur «L'évolution de la nature des relations de travail et l'impact sur le maintien d'un salaire décent».

«Il y a lieu d'encourager la mise en place de plateformes européennes de telle manière que la valeur créée reste dans les économies locales, en s’appuyant sur la riche tradition européenne de réciprocité et de coopération en matière de coordination du marché du travail, qui est souvent menée à bien au niveau de la communauté et avec la participation active des syndicats et des employeurs locaux. La capacité de ces travailleurs à déterminer leurs niveaux de rémunération et leurs conditions de travail par des conventions collectives est indispensable pour préserver des revenus qui permettent de subsister.»

Contexte

Pour de plus amples informations, veuillez contacter:

Caroline Alibert-Deprez – service de presse du CESE

Courrier électronique: press@eesc.europa.eu

Tél: +32 2 546 94 06 / Portable: + 32 475 75 32 02

@EESC_PRESS

Downloads

CP 21 new EMPLOYMENT