Comment les syndicats britanniques espèrent tirer le meilleur parti de la mauvaise situation après le Brexit

Tim Roache, secrétaire général du syndicat GMB

À l'occasion de sa réunion du 19 octobre 2016, le groupe des travailleurs du CESE a accueilli Tim Roache, secrétaire général du syndicat GMB, le troisième plus grand syndicat du Royaume-Uni. M. Roache et les membres du groupe des travailleurs ont discuté des questions liées au vote lors d'un référendum en faveur d'une sortie du Royaume-Uni de l'UE et de la stratégie que les syndicats doivent adopter pour assurer le meilleur résultat possible pour les travailleurs lors des négociations sur cette sortie.

M. Roache a commencé son intervention en exposant quelques-unes des raisons complexes ayant mené au vote en faveur de la sortie. Il a souligné que les droits et les conditions de travail des travailleurs britanniques avaient été érodés systématiquement depuis des décennies: d'abord dans le secteur privé avec l'augmentation des heures de travail, la diminution des salaires et l'introduction des contrats «zéro heure» et par la suite dans le secteur public, où la politique d'austérité a provoqué un gel des salaires et une dégradation des termes et des conditions de travail due surtout au remplacement des contrats réguliers par des contrats occasionnels. Ce processus continu a provoqué chez de nombreux citoyens l'envie de rechercher un coupable. Le référendum leur a offert l'opportunité d'exprimer leur colère envers l'establishment, pro-européen dans sa large majorité, et, malheureusement, les travailleurs migrants ont été utilisés comme des boucs émissaires. Même si les premières répercussions économiques négatives se font déjà ressentir au Royaume-Uni, la livre sterling ayant atteint son niveau le plus bas depuis 1848 par exemple, parmi les 52% qui ont voté pour une sortie du Royaume-Uni de l'UE, nombreux sont encore ceux qui pensent toujours avoir pris la bonne décision. Dans ce contexte, Tim Roache a estimé que la tenue d'un deuxième référendum n'était pas une option réaliste.

Par la suite, M. Roache a décrit la position actuelle du gouvernement britannique soulignant que même si le résultat du référendum donnait au Royaume-Uni le mandat de quitter l'Union, il n'y avait pas de mandat clair quant aux modalités spécifiques de cette sortie. Les syndicats doivent ainsi élaborer une stratégie forte vis-à-vis du Brexit afin de trouver la meilleure issue possible à cette situation regrettable. Dans ce contexte, il a fait savoir que son syndicat mettrait en évidence la responsabilité du gouvernement britannique eu égard aux conditions de sortie du Royaume-Uni et qu'il continuerait à mettre en exergue les fausses promesses faites par les meneurs de la campagne en faveur de la sortie. Il a souligné la nécessité de travailler avec des forces politiques progressistes soutenant les priorités syndicales qui consistent à garantir que les travailleurs ne paient pas le prix du Brexit et que les négociations avec l'UE ne mènent pas à un nivellement par le bas. Le GMB se concentrera sur 4 questions clés: la préservation de l'emploi, l'augmentation et une distribution appropriée des dépenses publiques, la protection de l'économie britannique (à ce propos, il a fait remarquer que les conséquences potentiellement désastreuses d'une sortie du marché unique représentent une perte estimée à plus de 66 milliards de livres sterling par an pour les 15 prochaines années) et la garantie d'une juste circulation des travailleurs. Il a souligné que la juste circulation des travailleurs implique la garantie de conditions de travail décentes pour tous les travailleurs au Royaume-Uni en empêchant des employeurs peu scrupuleux de les exploiter par la promotion d'une main d'œuvre bon marché et précaire, que ce soit en utilisant les travailleurs en provenance de l'extérieur du Royaume-Uni ou ceux des régions défavorisées dans le pays. Les syndicats, avec le soutien du parti travailliste, doivent porter toute leur attention sur ces questions et soumettre une proposition solide eu égard aux termes du Brexit.

En conclusion, Tim Roache a déclaré que l'objectif ultime doit être que les négociations entre le Royaume-Uni et l'UE sur les conditions de la sortie de ce dernier soient soumises au vote parlementaire afin de déterminer si c'est réellement ce que le peuple veut.

Au cours du débat qui a suivi, les membres du CESE ont discuté du fait que beaucoup de ces problèmes ayant mené au vote en faveur du Brexit préoccupaient également leurs pays. Ils ont également souligné le besoin de défendre la libre circulation des travailleurs et de mettre fin au dumping social, en assurant le respect des conventions collectives et en comblant les lacunes de la directive sur le détachement des travailleurs.

La présidente du groupe des travailleurs, Gabriele Bischoff, a remercié M. Roache d'être venu discuter cette question complexe avec le groupe. Elle l'a rassuré que le groupe des travailleurs continuera à l'avenir d'apporter son soutien et de témoigner sa solidarité au GMB et au mouvement syndical britannique, ainsi qu'à tout le peuple britannique.

Work organisation

Downloads

Brexit : Gewerkschaften versuchen, das Beste aus einer verfahrenen Situation zu machen