Politique industrielle de l'UE: une approche unique fonctionne-t-elle?

Comment stimuler la réindustrialisation de l’Europe? Comment faire en sorte que le secteur manufacturier représente 20 % du PIB d’ici à 2020? Quels sont les défis régionaux en termes de politique industrielle? Telles étaient quelques-unes des questions soulevées lors d'une conférence sur le thème: «Politique industrielle de l'UE: une approche unique fonctionne-t-elle?» organisée à Malte, le 30 novembre 2015. Les participants ont discuté de la manière d’adapter la politique industrielle aux besoins des différents États membres de l’UE.

Selon Anton Borg, président de la Chambre du commerce, des entreprises et de l’industrie maltaise, «les conditions d’investissement dans la politique industrielle sont moins favorables qu'il y a cinq ou dix ans». L'équilibre de l'économie continue de glisser de manière constante du secteur manufacturier vers celui des services. En raison de ce déséquilibre économique, il n'existe pas de garantie satisfaisante quant aux perspectives en matière de création de croissance et d’emplois, situation qui serait différente si l’industrie manufacturière pouvait représenter une part plus importante de l’économie totale.

Jacek Krawczyk, président du groupe des employeurs, a souligné que les «États membres avaient un même intérêt sur le plan de la politique industrielle, à savoir rétablir la compétitivité de l'Europe». Selon lui, l’UE doit maintenant déterminer la manière dont il convient de procéder à la réindustrialisation. Il a également mentionné le lien entre les politiques de réindustrialisation, climatiques et énergétiques dans le contexte de la conférence COP 21 qui se tient actuellement à Paris.

Ian Borg, Maltese Parliamentary Secretary for the 2017 EU Presidency and the EU FundsIan BORG, secrétaire parlementaire maltais chargé de la présidence de l’UE 2017 et des Fonds de l’UE, a annoncé que le gouvernement était disposé à encourager les investissements du secteur privé. Il a souligné que les économies d'îles comme Malte étaient confrontées à des défis régionaux qui devraient être pris en considération dans la politique industrielle de l’Union.

Norman Aquilina, président du groupe économique des industries manufacturières et autres de la Chambre de commerce de Malte, a estimé que l’UE devrait veiller à ce que les régions périphériques bénéficient de conditions équitables pour pourvoir affronter la concurrence et apporter leur contribution à l’économie de l’UE. Selon lui, les régions éloignées pourraient éprouver des difficultés à porter la part du secteur manufacturier dans le PIB à 20 %.

Ulla Sirkeinen, ancien membre du CESE et rapporteure sur la renaissance industrielle, a expliqué que l’UE devait opérer une transition vers une production davantage basée sur la technologie et à plus haute valeur ajoutée. Elle a insisté sur le fait qu’il ne devrait pas y avoir d'incompatibilité entre le secteur des services et l’industrie manufacturière. Au contraire, une industrie manufacturière moderne et le secteur des services devraient être complémentaires.

Domenico Lombardi, représentant la DG GROW de la Commission européenne, a donné un aperçu des principaux obstacles qui entravent la compétitivité européenne. Il a admis qu’il n’existait pas de solution universelle et que les réformes des marchés de produits devraient être mises en œuvre selon une approche par secteur et par pays. C’est la raison pour laquelle la Commission européenne a plaidé pour la mise en place de conseils nationaux de la compétitivité dans tous les États membres de la zone euro. Ces conseils seraient des organismes indépendants qui fourniraient une expertise dans le domaine des performances en matière de compétitivité et de réformes.

Les participants à la seconde table-ronde se sont concentrés sur la manière de relever les défis régionaux dans le secteur manufacturier. Les représentants des entreprises opérant à Malte ont exposé les avantages et les inconvénients d’y investir. Ils ont évoqué la main-d’œuvre hautement qualifiée et anglophone ainsi que la proximité géographique de Malte avec l’Europe continentale comme étant les raisons principales des investissements directs étrangers dans cette île. Cependant, dans une économie mondialisée et en constante évolution, les entreprises maltaises doivent faire de leur mieux pour devenir encore plus flexibles et trouver d’autres moyens d’améliorer leur compétitivité.

Ulla Sirkeinen, former EESC Member and rapporteur on industrial renaissanceLa chambre de commerce de Malte a déjà rédigé un certain nombre de recommandations sur la politique industrielle. Celles-ci incluent une main d'œuvre qualifiée et des salaires compétitifs; un approvisionnement énergétique stable à des tarifs compétitifs; un soutien à l'investissement; des connexions efficaces et compétitives en matière de transports; une aide à l'internationalisation, l'accès au financement; une réglementation intelligente et des taux d'occupation des usines raisonnables.

La discussion a été coorganisée par le groupe des employeurs du Comité économique et social européen et la chambre du commerce, des entreprises et de l’industrie de Malte.